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[QUOTE="lynes38, post: 5855721, member: 163674"] L’Histoire se répéterait-elle ? Washington a renoncé à attaquer militairement l’Iran et a dissuadé Israël de prendre une telle initiative. Pour parvenir à « changer le régime », l’administration Obama préfère jouer la carte —moins dangereuse, mais plus aléatoire— de l’action secrète. À l’issue de l’élection présidentielle iranienne, de vastes manifestations opposent dans les rues de Téhéran les partisans du président Mahmoud Ahmadinejad et du guide Ali Khamenei d’un côté, aux partisans du candidat malheureux Mir-Hossein Mousavi et de l’ex-président Akbar Hashemi Rafsanjani de l’autre. Elle traduisent un profond clivage dans la société iranienne entre un prolétariat nationaliste et une bourgeoisie qui déplore d’être tenue à l’écart de la globalisation économique [4]. Agissant en sous-main, Washington tente de peser sur les événements pour renverser le président réélu. Une nouvelle fois, l’Iran est un champ d’expérimentation de méthodes innovantes de subversion. La CIA s’appuie en 2009 sur une arme nouvelle : la maîtrise des téléphones portables. Depuis la généralisation des téléphones portables, les services secrets anglo-saxons ont multiplié leurs capacités d’interception. Alors que l’écoute des téléphones filaires nécessite la pose de bretelles de dérivation, donc des agents sur place, l’écoute des portables peut se faire à distance grâce au réseau Échelon. Toutefois, ce système ne permet pas d’interception des communications téléphoniques via Skype, d’où le succès des téléphones Skype dans les zones de conflit [5]. La National Security Agency (NSA) vient donc de démarcher les fournisseurs d’accès internet du monde entier pour obtenir leur concours. Ceux qui ont accepté ont été grassement rétribués [6]. Dans les pays qu’ils occupent —Irak, Afghanistan et Pakistan—, les Anglo-Saxons interceptent la totalité des conversations téléphoniques qu’elles soient émises par des portables ou qu’elles soient filaires. Le but n’est pas de disposer de retranscription de telle ou telle conversation, mais d’identifier les « réseaux sociaux ». En d’autres termes, les téléphones sont des mouchards qui permettent de savoir avec qui une personne donnée est en relation. Partant de là, on peut espérer identifier les réseaux de résistance. Dans un second temps, les téléphones permettent de localiser les cibles identifiées, et de les « neutraliser ». C’est pourquoi, en février 2008, les insurgés afghans ont ordonné aux divers opérateurs de stopper leur activité chaque jour de 17h à 03h, de manière à empêcher les Anglo-Saxons de suivre leurs déplacements. Les antennes-relais de ceux qui ont contrevenu à cet ordre ont été détruites [7]. À l’inverse, —hormis un central téléphonique touché par erreur—, les forces israéliennes se sont bien gardées de bombarder les relais téléphoniques à Gaza, lors de l’opération Plomb durci, en décembre 2008-janvier 2009. Il s’agit là d’un changement complet de stratégie chez les Occidentaux. Depuis la guerre du Golfe prévalait la « théorie des cinq cercles » du colonel John A. Warden : le bombardement des infrastructures de téléphonie était considéré comme un objectif stratégique à la fois pour plonger la population dans la confusion et pour couper les communications entre les centres de commandement et les combattants. Désormais, c’est le contraire, il faut protéger les infrastructures de télécommunications. Durant les bombardements de Gaza, l’opérateur Jawwal [8] a offert du crédit à ses abonnés, officiellement pour leur venir en aide, de facto dans l’intérêt des Israéliens. Franchissant un pas, les services secrets anglo-saxons et israéliens ont développé des méthodes de guerre psychologique basées sur l’usage extensif des portables. En juillet 2008, après l’échange de prisonniers et dépouilles entre Israël et le Hezbollah, des robots ont lancé des dizaines de milliers d’appel vers des portables libanais. Une voix en arabe mettait en garde contre toute participation à la Résistance et dénigrait le Hezbollah. Le ministre libanais des télécom, Jibran Bassil [9], avait déposé une plainte à l’ONU contre cette flagrante violation de la souveraineté du pays [10]. Sur le même modèle des dizaines de milliers de Libanais et de Syriens ont reçu un appel automatique en octobre 2008 leur proposant 10 millions de dollars contre toute information qui permettrait de localiser et de délivrer des soldats israéliens prisonniers. Les personnes intéressées pour collaborer étaient invitées à joindre un numéro au Royaume-Uni [11]. Cette méthode vient d’être employée en Iran pour intoxiquer la population en répandant des nouvelles choquantes, et pour canaliser le mécontentement qu’elles suscitent. [/QUOTE]
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