Justice: Les tentatives de réforme avortées

Justice: Les tentatives de réforme avortées

· Azziman stoppé par l’amicale Hassania des magistrats

· Longtemps de souveraineté, le ministère est devenu politique

Quels bilans pour les différents ministres de la Justice qui se sont succédé au cours de ces dernières années? Tous ont promis des changements, en ont fait les «chantiers de l’année» qu’il s’agisse de lutter contre la corruption, de garantir les droits des justiciables, de renforcer la proximité, la mise à niveau des magistrats en matière de droit des affaires, ou de travailler sur les rapports de confiance entre les citoyens et la justice d’une manière générale. Dans la pratique, on n’a rien vu venir à l’exception d’une tentative de Omar Azziman. Tour d’horizon de ceux qui ont eu la tâche, au cours de ces dernières années, d’amorcer des changements.
Abderrahmane Amalou: Hormis le passage éclair de Mohamed Idrissi Alami Machichi à la tête de ce département, c’est Abderrahmane Amalou, avocat, qui occupera ce poste sensible au milieu des années 90. Malheureusement, son nom restera collé à la campagne d’assainissement de 1996 ainsi qu’à une série de procès au bilan controversé. On lui reprochera de n’avoir pas tenté de tenir tête au puissant ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri. Le monde des affaires notamment avait hâte de clore son chapitre.

Omar Azziman: Dès son arrivée à la tête de ce département, il a attaqué la réforme par touches, selon le vieil adage «lentement mais sûrement». Son mandat allait être entamé en trombe puisqu’il allait coïncider avec le terrible incendie d’Oukacha qui reposait encore une fois la question de la surpopulation carcérale. Dès 1997, il avait ouvert le chantier de la modernisation de la justice, avec les tribunaux de commerce comme locomotive de l’ensemble du système. Mais son élan de changement a été stoppé par la montée au créneau de l’Amicale Hassania des magistrats. Le corps s’était senti visé par les sorties du ministre sur la corruption dans le secteur. Cette réaction corporatiste avait donné le coup d’envoi à la résistance au changement.

Mohamed Bouzoubaâ: L’arrivée de ce ministre marque la fin d’une époque. Ministère de souveraineté de tout temps, la justice a fini par tomber dans l’escarcelle du politique. En effet, le Souverain avait décidé de le confier, sous le gouvernement de Jettou, à Mohamed Bouzoubaâ, membre influent de l’USFP, un parti qu’on croyait très implanté dans ce secteur. Au lieu de poursuivre la réforme, il a fini par fermer tous les chantiers lancés.

Abdelouahed Radi: L’actuel ministre de la Justice a attendu le printemps dernier pour ressortir des tiroirs le dossier de la réforme. Radi, premier secrétaire de l’USFP, a opté pour une démarche participative qui cherche à impliquer les organisations professionnelles. Le discours du Souverain relance le dossier. Radi doit maintenant prouver par l’acte qu’il est l’homme de la situation et qu’un ministre de la Justice politique peut obtenir cette réforme tant attendue. Il est donc normal que la pression soit plus lourde sur ses épaules. Un échec serait désastreux à la fois pour son bilan et pour le parti dont il se revendique.
http://www.leconomiste.com/article.html?a=95109
 
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