(Khalid Jamaï):Ce qui s’est produit est un complot contre le Roi
Pour Khalid Jamaï, journaliste et analyste politique, les rois alaouites n’ont pas pour habitude de s’excuser ; il ajoute que le communiqué du palais royal est intervenu tard, car il aurait dû être publié dans les 24 heures qui ont suivi l’erreur de la grâce accordée au monstre de Kenitra. Jamaï pose aussi nombre de questions complexes : le Roi sera-t-il aussi molesté par la police, étant donné qu’il a eu la même position que les manifestants tabassés à l’égard de la faute commise ? Qui décide de quoi au Maroc ?… avant de conclure à un complot ourdi contre le Roi.
Q – Des gens avaient prévu des excuses, sachant que le Roi a quand même admis l’erreur commise de gracier un homme qui a commis tant de méfaits…
R – (interrompant son interlocutrice Maria Moukrim) Laissez-moi d’abord vous dire une bonne chose : il n’est pas dans les habitudes des rois alaouites de présenter des excuses, cela n’entrant pas dans la tradition makhzénienne.
Ensuite, je crois totalement ce qu’a dit le Roi dans son communiqué, et j’en ai déjà fait part auparavant sur votre site. Il est en effet impossible et hors de question que le Roi puisse avoir été au courant des crimes de Daniel Galvan. Je dis cela en toute connaissance de cause, car je connais bien Mohammed VI, personnellement, et je sais qu’il n’a cessé de défendre les enfants depuis qu’il est monté sur le trône, suivant en cela l’action de sa sœur aînée Lalla Meryem au sein de l’Observatoire National des Droits de l’Enfant.
Le problème, troisième point, est que le communiqué est arrivé en retard, au lieu d’être publié dans les 24 heures suivant la grâce.
Quatrièmement, la question se pose maintenant de savoir qui présidera cette commission d’enquête décidée par le roi… quels seront ses membres ? Pourquoi n’a-t-on pas défini une limite de temps à sa mission ? Et puis, j’aimerais ajouter que le communiqué n’a rien dit sur le caractère que prendront les décisions de cette commission ; seront-elles rendues publiques, officiellement, ou non ?
Si cette commission ne retient pas des membres indépendants et non makhzéniens, crédibles, la vérité ne sera pas établie sur ce qui s’est produit, les dizaines de questions qui se posent n’auront pas de réponses et, au final, cette commission n’aura servi à rien.
Le plus étrange dans cette affaire est que le PJD s’est très mal comporté dans cette histoire, et le ministre de la Justice Mustapha Ramid s’est lavé les mains de la question, affirmant qu’il s’agit d’une question de souveraineté et que l’intérêt national est certainement derrière la décision de grâce. Je le dis donc en toute clarté, Ramid s’est libéré de toute responsabilité, la rejetant sur le Roi, et la même chose s’est produite pour les partis : ils ont laissé le Roi se débrouiller tout seul. C’est pour cela que je dis à Mohammed VI que s’il a quelque chose à faire, il ne devra compter que sur lui-même.
Q – La répression de la manifestation a compliqué encore plus les choses… Comment peut-on ainsi molester et tabasser des manifestants qui expriment les mêmes idées que le Roi ?
R - Il faut poursuivre en justice ceux qui ont donné l’ordre de réprimer les manifestants et surtout vous autres les journalistes.
Et vous remarquez bien que le Roi n’a pas dit autre chose que les manifestants. Sera-t-il tabassé à son tour ? La question semble surréaliste, mais reflète bien la contradiction entre les évènements. Le Roi n’a-t-il pas dit en effet que ce qui s’est produit est un scandale et qu’il n’était pas informé des crimes de Galvan ? Et les manifestants, ont-ils dit autre chose ?
Cela me conduit à une question d’importance : qui gère la sécurité dans ce pays ? Existe-t-il un Etat dans l’Etat ? La répression à Rabat et à Tanger ne doit pas passer aussi facilement. Il n’est ni sain ni normal qu’une telle débauche de coups et que tout ce sang qui a coulé puissent avoir eu lieu sans que le chef du gouvernement et son ministre de l’Intérieur n’organisent une conférence de presse pour expliquer ce qui s’est passé !!
Aussi, je m’interroge : Qui décide quoi chez nous, et qui a donné l’ordre de charger ? Le chef du gouvernement ? Le ministre de l’Intérieur ? Le chef des services ? Le directeur général de la police ?…
Et comment peut-on induire autant et de cette façon le Roi en erreur lors d’une prise de décision aussi grave ?
Mais le plus important est là : la société civile et les médias – bien qu’ils aient payé le prix et reçu des coups – étaient là, sont là et ont dénoncé ce qui s’est produit, tirant la sonnette d’alarme au moment opportun.
Je pense, en toute objectivité, que ce qui s’est passé ressemble beaucoup à un complot contre le Roi et contre la monarchie, un complot menéen trois temps : inscrire le nom de Galvan parmi les graciés, réprimer ceux qui ont manifesté contre cela et, enfin, parler d’une décision souveraine du Roi.
Lire l’entretien, en arabe, sur febrayer.com
Pour Khalid Jamaï, journaliste et analyste politique, les rois alaouites n’ont pas pour habitude de s’excuser ; il ajoute que le communiqué du palais royal est intervenu tard, car il aurait dû être publié dans les 24 heures qui ont suivi l’erreur de la grâce accordée au monstre de Kenitra. Jamaï pose aussi nombre de questions complexes : le Roi sera-t-il aussi molesté par la police, étant donné qu’il a eu la même position que les manifestants tabassés à l’égard de la faute commise ? Qui décide de quoi au Maroc ?… avant de conclure à un complot ourdi contre le Roi.
Q – Des gens avaient prévu des excuses, sachant que le Roi a quand même admis l’erreur commise de gracier un homme qui a commis tant de méfaits…
R – (interrompant son interlocutrice Maria Moukrim) Laissez-moi d’abord vous dire une bonne chose : il n’est pas dans les habitudes des rois alaouites de présenter des excuses, cela n’entrant pas dans la tradition makhzénienne.
Ensuite, je crois totalement ce qu’a dit le Roi dans son communiqué, et j’en ai déjà fait part auparavant sur votre site. Il est en effet impossible et hors de question que le Roi puisse avoir été au courant des crimes de Daniel Galvan. Je dis cela en toute connaissance de cause, car je connais bien Mohammed VI, personnellement, et je sais qu’il n’a cessé de défendre les enfants depuis qu’il est monté sur le trône, suivant en cela l’action de sa sœur aînée Lalla Meryem au sein de l’Observatoire National des Droits de l’Enfant.
Le problème, troisième point, est que le communiqué est arrivé en retard, au lieu d’être publié dans les 24 heures suivant la grâce.
Quatrièmement, la question se pose maintenant de savoir qui présidera cette commission d’enquête décidée par le roi… quels seront ses membres ? Pourquoi n’a-t-on pas défini une limite de temps à sa mission ? Et puis, j’aimerais ajouter que le communiqué n’a rien dit sur le caractère que prendront les décisions de cette commission ; seront-elles rendues publiques, officiellement, ou non ?
Si cette commission ne retient pas des membres indépendants et non makhzéniens, crédibles, la vérité ne sera pas établie sur ce qui s’est produit, les dizaines de questions qui se posent n’auront pas de réponses et, au final, cette commission n’aura servi à rien.
Le plus étrange dans cette affaire est que le PJD s’est très mal comporté dans cette histoire, et le ministre de la Justice Mustapha Ramid s’est lavé les mains de la question, affirmant qu’il s’agit d’une question de souveraineté et que l’intérêt national est certainement derrière la décision de grâce. Je le dis donc en toute clarté, Ramid s’est libéré de toute responsabilité, la rejetant sur le Roi, et la même chose s’est produite pour les partis : ils ont laissé le Roi se débrouiller tout seul. C’est pour cela que je dis à Mohammed VI que s’il a quelque chose à faire, il ne devra compter que sur lui-même.
Q – La répression de la manifestation a compliqué encore plus les choses… Comment peut-on ainsi molester et tabasser des manifestants qui expriment les mêmes idées que le Roi ?
R - Il faut poursuivre en justice ceux qui ont donné l’ordre de réprimer les manifestants et surtout vous autres les journalistes.
Et vous remarquez bien que le Roi n’a pas dit autre chose que les manifestants. Sera-t-il tabassé à son tour ? La question semble surréaliste, mais reflète bien la contradiction entre les évènements. Le Roi n’a-t-il pas dit en effet que ce qui s’est produit est un scandale et qu’il n’était pas informé des crimes de Galvan ? Et les manifestants, ont-ils dit autre chose ?
Cela me conduit à une question d’importance : qui gère la sécurité dans ce pays ? Existe-t-il un Etat dans l’Etat ? La répression à Rabat et à Tanger ne doit pas passer aussi facilement. Il n’est ni sain ni normal qu’une telle débauche de coups et que tout ce sang qui a coulé puissent avoir eu lieu sans que le chef du gouvernement et son ministre de l’Intérieur n’organisent une conférence de presse pour expliquer ce qui s’est passé !!
Aussi, je m’interroge : Qui décide quoi chez nous, et qui a donné l’ordre de charger ? Le chef du gouvernement ? Le ministre de l’Intérieur ? Le chef des services ? Le directeur général de la police ?…
Et comment peut-on induire autant et de cette façon le Roi en erreur lors d’une prise de décision aussi grave ?
Mais le plus important est là : la société civile et les médias – bien qu’ils aient payé le prix et reçu des coups – étaient là, sont là et ont dénoncé ce qui s’est produit, tirant la sonnette d’alarme au moment opportun.
Je pense, en toute objectivité, que ce qui s’est passé ressemble beaucoup à un complot contre le Roi et contre la monarchie, un complot menéen trois temps : inscrire le nom de Galvan parmi les graciés, réprimer ceux qui ont manifesté contre cela et, enfin, parler d’une décision souveraine du Roi.
Lire l’entretien, en arabe, sur febrayer.com