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PLD (Peace, Love and Diversity)
https://assr.revues.org/23456
Gérald Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris, Denoël, 2009, 348 p.
La publication par Gérald Bronner de L’empire des croyances (Paris, PUF, 2003), puis de Vie et mort des croyances collectives (Paris, Hermann, 2006) a fait de son auteur une figure marquante de la « sociologie cognitive » qui s’est développée dans le sillage de la théorie générale de la rationalité de Raymond Boudon. La pensée extrême relève le défi d’appliquer cette approche à des croyances de fanatiques, que l’on qualifie si aisément de « fous » tant leurs idées et leurs comportements nous paraissent « irrationnels ». Ce livre passionnant, où l’auteur cisèle les notions comme un orfèvre, est une magistrale démonstration des mécanismes qui conduisent, de manière logique bien qu’effrayante, à adhérer à des idées extrémistes.
2L’auteur rappelle qu’une croyance se définit à la fois par un contenu (une idée) et par un rapport à ce contenu (une adhésion plus ou moins forte). La spécificité de la pensée extrême est qu’elle « adhère radicalement à une idée radicale » (p. 130). La conséquence en est que les idées extrêmes sont soit faiblement « transsubjectives », c’est-à-dire qu’elles se propagent peu dans une population parce qu’elles sont perçues comme peu convaincantes, soit « sociopathiques », c’est-à-dire qu’elles n’admettent pas des visions du monde différentes, soit encore dans les formes les plus dangereuses, elles cumulent les deux caractéristiques. D’où trois types d’extrémistes selon une progression croissante : les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et faiblement sociopathiques (par exemple les collectionneurs compulsifs, les passionnés d’ovni, les fondamentalistes religieux non expansionnistes qui par conviction peuvent mettre en jeu leur vie mais pas celle des autres), les extrémistes aux croyances transsubjectives et sociopathiques (les mouvements violents, mais « compréhensibles » par beaucoup, comme les rebelles extrémistes, les égalitaristes, les antispécistes, etc.), enfin les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et fortement sociopathiques (les membres de sectes se suicidant collectivement, les terroristes kamikazes, violents et « incompréhensibles »).
Gérald Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris, Denoël, 2009, 348 p.
La publication par Gérald Bronner de L’empire des croyances (Paris, PUF, 2003), puis de Vie et mort des croyances collectives (Paris, Hermann, 2006) a fait de son auteur une figure marquante de la « sociologie cognitive » qui s’est développée dans le sillage de la théorie générale de la rationalité de Raymond Boudon. La pensée extrême relève le défi d’appliquer cette approche à des croyances de fanatiques, que l’on qualifie si aisément de « fous » tant leurs idées et leurs comportements nous paraissent « irrationnels ». Ce livre passionnant, où l’auteur cisèle les notions comme un orfèvre, est une magistrale démonstration des mécanismes qui conduisent, de manière logique bien qu’effrayante, à adhérer à des idées extrémistes.
2L’auteur rappelle qu’une croyance se définit à la fois par un contenu (une idée) et par un rapport à ce contenu (une adhésion plus ou moins forte). La spécificité de la pensée extrême est qu’elle « adhère radicalement à une idée radicale » (p. 130). La conséquence en est que les idées extrêmes sont soit faiblement « transsubjectives », c’est-à-dire qu’elles se propagent peu dans une population parce qu’elles sont perçues comme peu convaincantes, soit « sociopathiques », c’est-à-dire qu’elles n’admettent pas des visions du monde différentes, soit encore dans les formes les plus dangereuses, elles cumulent les deux caractéristiques. D’où trois types d’extrémistes selon une progression croissante : les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et faiblement sociopathiques (par exemple les collectionneurs compulsifs, les passionnés d’ovni, les fondamentalistes religieux non expansionnistes qui par conviction peuvent mettre en jeu leur vie mais pas celle des autres), les extrémistes aux croyances transsubjectives et sociopathiques (les mouvements violents, mais « compréhensibles » par beaucoup, comme les rebelles extrémistes, les égalitaristes, les antispécistes, etc.), enfin les extrémistes aux croyances faiblement transsubjectives et fortement sociopathiques (les membres de sectes se suicidant collectivement, les terroristes kamikazes, violents et « incompréhensibles »).