L’administration Bush et la torture : nouvelles révélations

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
vendredi 24 avril 2009 - 05h:03

Tom Eley

Les mémos de l’administration Bush rendus publics jeudi dernier par le département américain de la Justice démontrent que Washington a pratiqué, de manière délibérée et systématique, la torture durant des années.
Les documents, rédigés par des avocats de l’Office of Legal Counsel (OLC) pour la Central Intelligence Agency (CIA), montrent clairement que la CIA pratiquait la torture avant et au moment où les mémos ont été écrits en 2002 et 2005.

Ils dévoilent aussi que les officiels de l’administration Bush étaient tout à fait conscients que les méthodes discutées pouvaient être interprétées comme de la torture. Ils ont ainsi tenté de développer après coup une justification pseudo-légale pour des actes de torture particuliers, en provocation des lois américaines et internationales.

« Les étapes du processus d’interrogation »

Un mémo daté du 10 mai 2005 décrit « l’interrogatoire spécial ». Il vient largement corroborer les conclusions d’un rapport récemment divulgué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui présente les diverses violations du droit international commises par l’administration Bush dans la « guerre au terrorisme ».

Le mémo, qui cite des sections d’un document intitulé « Background Paper », décrit l’enlèvement des prisonniers et leur transfert vers des prisons secrètes :

« Avant d’être envoyé sur le lieu de l’interrogation, le détenu subit un examen médical. Il est ensuite “menotté et on l’empêche de voir et d’entendre à l’aide de bandeaux, de cache-oreilles et de cagoules” durant le vol... Arrivé sur les lieux, le détenu “se retrouve sous le contrôle total d’Américains” et est l’objet de procédures “précises, silencieuses et presque austères”... Sa tête et son visage sont rasés ; on documente à l’aide de photos son état physique alors qu’il est nu... »

A ce moment, « trois techniques d’interrogation sont généralement employées » afin d’initier le détenu à la torture en « “démontrant [au détenu] qu’il n’a aucun contrôle sur ses besoins humains fondamentaux” et en l’incitant à “apprécier son bien-être, son confort et ses besoins immédiats davantage que l’information qu’il détient”. La nudité, la privation de sommeil (en menottant le détenu et, du moins à certaines occasions, en lui faisant porter une couche) et le contrôle de l’alimentation sont les trois techniques utilisées pour créer cette situation. »

Le mémo décrit ensuite en quoi consiste « un interrogatoire par excellence ». Celui-ci débute par des menaces de violence, un acte illégal d’après le droit américain et international.

« Les interrogateurs retirent la cagoule et expliquent au détenu qu’il peut améliorer son sort s’il coopère et... que les interrogateurs “vont faire ce qui est nécessaire pour obtenir l’information importante”. » Le mémo poursuit ensuite : « Aussitôt que le détenu transgresse les instructions des interrogateurs, ceux-ci le giflent à la figure ou le frappent à l’abdomen. Ils le projettent contre un mur [à l’aide d’une corde et d’un collier attaché à son cou] s’il est clair que le détenu ne coopère pas... Cette séquence “peut être répétée à plusieurs reprises pour évaluer le degré de résistance [du détenu]... Les interrogateurs... placent ensuite le détenu en position debout pour l’empêcher de dormir, commencent à manipuler son alimentation... et le laissent nu (excepté une couche). Cela conclurait la première séance d’interrogation, qui peut avoir duré de 30 minutes à plusieurs heures.” »

Le mémo explique ensuite que la deuxième séance pourrait débuter une heure plus tard. Les interrogateurs ont alors recours plus rapidement aux corrections physiques (les gifles et les coups à l’abdomen) et continuent à projeter le détenu contre le mur.

« Les interrogateurs mettent ensuite davantage de pression sur le détenu en l’arrosant à l’aide d’un boyau durant plusieurs minutes. Ils cessent et reprennent cet acte au long de l’interrogatoire. Ils mettent ensuite un terme à la séance en plaçant le détenu dans les mêmes conditions qu’à la fin de la première séance ; il est privé de sommeil est étant maintenu debout [ses mains sont menottées au plafond], il est nu (excepté une couche) et sa nourriture est modifiée. Cette séance pourrait elle aussi avoir duré de 30 minutes à plusieurs heures. »




http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6504
 
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