Laïcité : 130 cas de «désaccords» pour des raisons religieuses à l’université

Laïcité : 130 cas de «désaccords» pour des raisons religieuses à l’université
L’Observatoire de la laïcité n’estime «ni utile, ni opportun de légiférer sur le port de signes religieux par les étudiants à l’intérieur» des universités. Il ne fait état que de 130 cas de «désaccords ou conflits ponctuels»

Dans un avis rendu public mardi, sur la «laïcité et la gestion du fait religieux dans l’enseignement supérieur public», l’Observatoire de la laïcité auprès du premier ministre estime sans surprise qu’il n’est «ni utile ni opportun» de légiférer sur le port des signes religieux, dont le foulard islamique, par les étudiants. Cette commission d’experts, hauts fonctionnaires et personnalités politiques installée par François Hollande dresse un état des lieux qui «révèle une situation globale respectueuse de la laïcité», avec seulement 130 cas de «désaccords ou conflits ponctuels» ces dernières années. Selon les différents acteurs auditionnés et au regard des retours d’un questionnaire transmis aux universités ces incidents sont principalement constitués:

• de demandes d’adaptation du calendrier des examens pour qu’ils ne coïncident pas avec des fêtes religieuses ou avec des jours de repos religieux (cela concerne principalement les examens le samedi matin, le calendrier universitaire prenant en compte, dans la mesure du possible les grandes fêtes religieuses). Les questionnaires font état d’une trentaine de cas qui concernent généralement plusieurs étudiants.

• de contestations d’enseignements pour des raisons religieuses: l’enquête compte moins de trente cas concernant différentes religions.

• du port de signes ou de tenues non-adaptés à un enseignement spécifique et présentant ainsi un risque de sécurité: les retours des questionnaires font état d’un peu plus d’une vingtaine de cas essentiellement dans des laboratoires.

• de l’occupation d’un espace universitaire ayant entraîné des litiges: une vingtaine de cas sont mentionnés. La question de l’utilisation des locaux de l’université a été évoquée par trois syndicats auditionnés qui s’inquiètent de la destination de certaines salles attribuées à des associations se présentant comme culturelles ou sociales.

• de difficultés lors des contrôles anti-fraude des examens: les questionnaires font état d’une quinzaine de cas.

• de discriminations du fait de la religion (une dizaine de cas).

• de prosélytisme: les retours des questionnaires font état d’une dizaine de cas de prosélytisme religieux dont quelques-uns sont le fait d’agents publics eux-mêmes, entre-eux.

• d’ouvrages religieux exposés sur une table d’examen: le retour des questionnaires ne fait état d’aucun cas mais cette difficulté a été mentionnée lors d’une audition avec quelques cas de bibles.

La plupart des personnes auditionnées ont rappelé le caractère «isolé», «marginal» et «sporadique» des incidents. Dans chacun des cas, une issue a pu être trouvée par le dialogue ou en faisant référence au règlement intérieur, affirment-ils. Un membre de l’Observatoire de la laïcité s’est néanmoins interrogé sur la différence possible entre le nombre de faits qui se produiraient «sur le terrain» et celui dont l’administration a connaissance. Certains enseignants ont ainsi pu ces dernières annéesfaire part de leurs interrogationsdans la presse. L’université est confrontée à des problèmes liés à ses locaux, avec l’émergence d’associations étudiantes communautaristes, la tenue de manifestations, meetings ou débats politico-religieux, ou encoredes Crous décrits comme des «zones grises»écrivait ainsiLe Figaro.

Les médias en prennent pour leur grade
Interrogé sur cette éventuelle divergence, Jean-Loup Salzmann, Président de la Conférence des présidents d’université (CPU) déclaré: «Bien sûr, il y a des choses qui ne remontent peut-être pas. Mais, sur un total de 2,5 millions d’étudiants et 200.000 enseignants et personnels, comment pourrait-il ne pas y avoir de tensions? C’est inévitable». On se souvient qu’à droiteet à l’extrême droite mais aussi dans une partie de la gauche laïque etjusqu’au sein du gouvernement, un débat avait été relancé, après les attentats de janvier, sur la nécessité d’étendre à l’université la loi de 2004 interdisant à l’école les signes religieux ostensibles. En avril 2013, un rapport rendu par la Mission laïcité du Haut Conseil à l’intégration (HCI)proposait d’ailleurs l’inversede ce que préconise aujourd’hui l’Observatoire de la laïcité: l’interdiction du port du voile à l’université.

La mission de Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, organisme qui s’est substitué à l’ancienne «mission laïcité» semble désormais chargé d’apaiser les esprits et de favoriser le «vivre ensemble». Ce sont les médias qui en prennent pour leur grade, accusés dans le rapport d’avoir fortement exagéré certains faits isolés. «Cette question a surgi dans la sphère publique à l’occasion d’incidents sporadiques mais fortement médiatisés dans un registre du fait divers à sensation et avec une iconographie qui présente les événements de façon stéréotypée.»

Instauration d’un référent laïcité dans chaque université
Parmi ses recommandations, «rejoignant l’analyse de laCommission Stasien 2004, l’Observatoire de la laïcité n’estime ni, utile ni opportun de légiférer sur le port de signes religieux par les étudiants à l’intérieur des établissements d’enseignement supérieur publics. Il estime que le droit positif, bien que mal connu, permet déjà de répondre aux difficultés existantes.» L’Observatoire rappelle que «le principe de laïcité ne fait pas obstacle à ce que des étudiants portent des signes et tenues manifestant leur appartenance religieuse dès lors que leur comportement n’est pas prosélyte et ne perturbe pas le bon fonctionnement de l’établissement.»

Les facs sont dotées d’un statut d’autonomie par rapport aux autres services publics, en vertu de la «franchise universitaire» héritée du Moyen-Âge, et le Code de l’éducation consacre la liberté d’expression des usagers de l’enseignement supérieur, sous réserve du respect de l’ordre public. L’Observatoire de la laïcité conseille toutefois aux établissements publics d’enseignement supérieur de se doter d’un «règlement intérieur rappelant avec fermeté et clarté les règles applicables en matière de laïcité et de gestion du fait religieux». Il souhaite aussi que ces structures rédigent une «charte d’établissement» à remettre à «chaque étudiant» et «chaque nouvel enseignant» titulaire ou vacataire, pour «informer sur les droits et obligations de chacun». En outre, l’observatoire préconise l’instauration d’un «référent laïcité dans chaque université» qui aura pour mission de «dresser un état des lieux objectifs de la situation au sein de son établissement» et «participera à la résolution des éventuels conflits». La conférence des présidents des universités avait devancé ces recommandations puisqu’elle a rédigé en septembre un«guide sur la laïcité dans l’enseignement supérieur».
http://etudiant.lefigaro.fr/les-new...es-raisons-religieuses-a-l-universite-18293/#
 
Je suis d'accord avec cela notamment :
"L’Observatoire rappelle que «le principe de laïcité ne fait pas obstacle à ce que des étudiants portent des signes et tenues manifestant leur appartenance religieuse dès lors que leur comportement n’est pas prosélyte et ne perturbe pas le bon fonctionnement de l’établissement.»"

Edit : je rajouterai qu'en plus, à la Fac normalement ils ont plus de 18 ans. Donc grands, adultes et responsables ;)
 
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