L’appel à la prière, un son qui fait débat en Turquie

L’appel à la prière, un son qui fait débat en Turquie

Nazan Aydin est professeur de psychiatrie à l’université d’Erzurum, une ville conservatrice de l’est de la Turquie. En février dernier, gênée par les 5 appels quotidiens à la prière de la mosquée voisine, elle décide d’en mesurer le niveau sonore. Les 104 décibels constatés dépassent de loin les 65 décibels autorisés au-delà desquels le Code de l’environnement évoque des effets néfastes pour la santé. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, ce niveau est même jugé « dangereux ».

Nazan Aydin s’adresse donc aux autorités de la mosquée pour leur demander de régler les haut-parleurs, mais celles-ci lui conseillent de déménager et la menacent même. Elle porte alors l’affaire devant le procureur de la République.

Or celui-ci vient de rendre une décision surprenante très commentée dans le pays. S’il reconnaît que l’appel à la prière de la mosquée dépasse bien les 65 décibels, en revanche il estime que « seuls les bruits émis par des véhicules, sur des chantiers, usines, ateliers, lieux de travail, lieux de divertissement et autres bâtiments de service public » sont concernés par la loi. « L’appel à la prière étant un symbole important de la religion musulmane, il est impossible de la qualifier de « bruit » » estime, en conclusion, ce procureur.

Depuis Nazan est prise à partie sur ses positions religieuses. Et elle se défend : « Ceux qui instrumentalisent la religion assurent que l’appel à la prière ne gêne personne car c’est un bruit spirituel. Mais notre cerveau, lui, ne préfère pas l’appel à la prière au son des discothèques. »

Delphine NERBOLLIER
à ISTAMBUL
LE SOIR
23/05/2012
 
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