L’art au service de la cause des chibanis, « non reconnus à leur juste valeur »

Une fresque représentant les chibanis orne un mur de la ville de Malakoff, en région parisienne. Un hommage à ces vieux travailleurs rendu par l'artiste Vince, qui explique le sens donné à son geste à Saphirnews.

La fresque est désormais terminée. L’artiste de street-art Vince a rendu, fin mai, un bel hommage aux chibanis, ces vieux travailleurs immigrés, retraités pour la plupart, qui ont été un pilier de la reconstruction de la France d’après-guerre. Le portrait de l'un d’eux trône sur la façade d’un immeuble situé à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine.

Visible du périphérique intérieur, entre la porte de Châtillon et la porte de Vanves, la façade donne à voir un homme d’origine maghrébine, les yeux fermés, ajustant sa cravate. A côté de lui, en plus petit et sur fond bleu, un homme d’origine subsaharienne, un casque de chantier vissé sur la tête. Au-dessus d’eux, le mot « chibani » est inscrit en grandes lettres blanches.

Ce tableau de rue est tiré d’un magnifique portrait reproduit à partir d’une photographie de Mohand Dendoune, père de l'écrivain et journaliste Nadir Dendoune, arrivé d’Algérie en 1950 et désormais à la retraite. Quant à l’homme représenté à ses côtés, il s’agit de Messaoud, 61 ans, « celui qui conduisait la nacelle » sans qui la fresque n’aurait pu être réalisée, souligne Vince, précisant que le travail fut « très intensif, avec 12 heures de peinture par jour, qui a permis le bouclage en quatre jours ».

« C’est ma façon de rendre hommage aux principales immigrations en France » du XXe siècle au travers « de deux personnes complémentaires, l’un en costume du dimanche, l’autre en bleu de travail », nous indique-t-il plusieurs jours après la fin de son œuvre.
 
« Mettre l’art au service d’une cause »

L’artiste de 36 ans, qui avait carte blanche pour la réalisation d'une fresque grâce à la municipalité (PC) de Malakoff, raconte avoir commencé à peindre sans idée très précise quand il s’est rappelé de la photo de Mohand Dendoune. « Les chibanis ne sont pas reconnus à leur juste valeur. Mon tableau est un bon moyen de rendre hommage à ces hommes et de soulever des débats autour de leurs conditions de vie, des inégalités dans leurs pensions de retraite, du droit de vote qu’on ne leur a toujours pas accordé », lance-t-il.

De la fresque, « je ne veux pas juste qu’on se contente de dire que "c’est joli" mais qu’on pense à ces vieux qui crèvent de solitude, qui ne peuvent pas faire venir leurs familles, qui ont de plus en plus des problèmes de santé ». « C’est aussi un hommage au monde ouvrier en général », indique Vince, précisant avoir nourri la fresque de « petites références à l’histoire des luttes de l’immigration » comme les grèves de l’industrie automobile dans les années 1980.


Il était donc important pour Vince que le mot « chibani » ait « un impact visuel fort », car il est « vu depuis pas n’importe quel périph : celui qui va vers Versailles. Si cela peut contribuer à faire connaitre la cause à ces populations de quartiers cossus, tant mieux ».
Ce n’est pas son premier tableau de rue engagé : ce soutien de la cause palestinienne, qui a 15 ans d’expérience derrière lui dans l’art urbain, fait partie du Dip Social Klub, un collectif d’artistes et de militants politiques au service de l’éducation populaire.

Nadir Dendoune, l’auteur de l’ouvrage Un tocard sur le toit du monde, qui raconte son ascension de l'Everest et qui fera l’objet d’un film en 2017, a partagé son émotion sur les réseaux sociaux. « Pensées à tous nos papas qui ont tant œuvré pour la France et à qui on a rarement rendu hommage », avait-il fait savoir le 27 mai.

« Pour moi, ce n’est pas que mon papa, c’est celui de tous les enfants d’immigrés maghrébins, africains ou même européens », confie-t-il à Saphirnews. « Il est une représentation de tous ces pères qui viennent d’ailleurs pour trimer en France. » Une démarche tant artistique que militante qui plait à un grand public.

http://www.saphirnews.com/L-art-au-...-non-reconnus-a-leur-juste-valeur_a22535.html
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
L'homme aux cheveux blancs....

Qu'Allah Ar Ra7man élargisse et illumine la tombe de nos morts.... Amine

Le Chibani au sens affectueux est le vieux , le père.

Il y a bien longtemps que j'ai perdu mon Chibani...Que ceux qui me lisent prient pour lui et pour tous les vieux des forumeurs .
 
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