Le financement des colonies de Cisjordanie déclenche une polémique

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Le gouvernement israélien a débloqué plus de 100 millions de dollars supplémentaires en faveur des colonies de Cisjordanie, suscitant des levées de boucliers intérieures et de vives critiques en Europe.
Mis sous le boisseau depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, le dossier explosif des colonies israéliennes en Cisjordanie a brusquement refait surface. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou a débloqué 105 millions de dollars en faveur des implantations dans lesquelles vivent un demi-million d'Israéliens, suscitant l'ire de certains ministres, mais aussi de Josep Borrell, le « ministre » des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Aux commandes du ministère des Finances, Bezalel Smotrich, chef d'un parti d'extrême droite partisan d'une colonisation à tout va en Cisjordanie, a obtenu cette rallonge lors des discussions sur le budget de guerre amendé, adopté lundi par le gouvernement.

Selon le ministre, cette manne va servir non pas à construire de nouveaux logements, mais à financer des « impératifs de sécurité et des infrastructures » pour faire face « à deux millions de nazis en Judée-Samarie [Cisjordanie, NDLR] qui nous haïssent comme les nazis du Hamas-Daesh ». Il a ainsi fait allusion à un récent sondage selon lequel les trois quarts des Palestiniens soutiennent l'incursion sanglante du Hamas dans le sud d'Israël, qui a fait 1.200 morts

Colonies sauvages​

Des Israéliens installés en Cisjordanie réclament à cor et à cri ce genre de renforts au vu des massacres commis dans les localités autour de la bande de Gaza par des commandos du Hamas, dont l'exemple pourrait être suivi en Cisjordanie. Le budget initial approuvé au printemps avait porté la marque de Bezalel Smotrich et prévoyait déjà 941 millions de dollars pour le réseau routier dans cette région.

Mieux encore : le ministre, qui a également la haute main sur l'administration de l'armée israélienne chargée des affaires civiles, a aussi débloqué des fonds en faveur de colonies « sauvages », qui ont été créées par des petits groupes extrémistes sans autorisation, et parfois sur des terrains privés appartenant à des Palestiniens. Autrement dit, le gouvernement finance des opérations qui sont illégales, même du point de vue israélien. La communauté internationale ne fait pas de distinction et estime que toutes les colonies enfreignent le droit international.

Au sein du gouvernement, cinq ministres centristes qui ont rejoint le cabinet depuis le début de la guerre ont voté contre les largesses de Bezalel Smotrich. La polémique a aussi porté sur le refus du ministre des Finances d'annuler des rallonges accordées notamment au système scolaire des ultraorthodoxes, ou de rogner le train de vie d'un certain nombre de ministères créés uniquement pour satisfaire des membres de la majorité.


« Violation des droits internationaux »​

Mais c'est sur le front international que les dégâts sont les plus importants. Josep Borrell, au nom de l'Union européenne, s'est déclaré « consterné d'apprendre qu'en pleine guerre, Israël a accordé de nouveaux fonds à la construction de nouvelles colonies illégales ».
Et d'ajouter : « La colonisation constitue une grave violation de droits internationaux de l'homme. »

Les Américains soutiennent eux aussi une solution à deux Etats qui devient de moins en moins crédible au fur et à mesure que la colonisation progresse. Autre sujet qui fâche : Joe Biden a dénoncé depuis le début de la guerre les violences commises par des colons extrémistes à l'encontre de la population palestinienne. Josep Borrell a été encore plus loin en accusant « la police et les militaires israéliens de protéger souvent » ces colons, auteurs d'exactions.

Bref, la colonisation est un sujet hautement clivant qui risque d'isoler Israël, alors que ce pays sollicite un soutien sans faille de l'étranger pour la poursuite de la guerre dans la bande de Gaza. Apparemment, Benyamin Netanyahou n'en a cure et préfère satisfaire ses alliés, dont le soutien lui est vital pour conserver une majorité.

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