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Actualités marocaines
Le juif en nous
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[QUOTE="windsorite, post: 5063785, member: 189421"] Les contrastes d’une communauté Cette cassure et la dispersion des familles n’ont pas empêché que des juifs choisissent de demeurer dans leur patrie. On pouvait craindre que les attentats terroristes de 2003, qui ont visé entre autres des lieux appartenant à la communauté juive, portent un coup fatal à l’existence de celle-ci au Maroc. Il n’en a rien été. L’attachement au pays et le pragmatisme ont prévalu : “Nul n’est à l’abri du terrorisme aujourd’hui”, répètent tous ceux que nous avons interrogés. L’un d’entre eux, pourtant violemment agressé à Casablanca en 2002, au motif qu’il était juif, vit toujours au Maroc : “Je suis marocain pour le meilleur et pour le pire”, nous affirme-t-il avec une sagesse biblique. Un autre juif de Casablanca nous dit : “Notre communauté, quasiment la seule dans le monde arabe, s’est réduite comme peau de chagrin. Et pourtant elle tourne !”. Sa survie et son dynamisme, elle le doit en partie à des structures communautaires actives et fortes, relevant du Conseil des communautés israélites du Maroc (CCIM) dont le Secrétaire général est Serge Berdugo depuis 1987. A la question : pourquoi un CCIM aujourd’hui alors que les Marocains juifs sont des citoyens à part entière ? Berdugo répond : “Laisser sans structures un si petit nombre de juifs sur 30 millions de Marocains, ce serait criminel. Nous n’empiétons pas sur leurs droits de citoyens, ce que nous leur permettons, c’est de vivre leur foi et leur spécificité culturelle”. Créée par le protectorat qui en a défini les statuts par un dahir en 1945, cette instance s’est substituée à l’organisation traditionnelle où le Naguid ou Shaykh El Yahud, choisi par ses coreligionnaires, était chargé des relations entre la communauté et les autorités locales, régionales ou nationales. Aujourd’hui, le rôle du Conseil, placé sous tutelle du ministère de l’Intérieur, est de coordonner les communautés des différentes villes, de représenter la communauté juive auprès des instances du pouvoir et de veiller au bon fonctionnement des institutions juives. Celles-ci sont très organisées. À Casablanca, elles regroupent les douze synagogues encore en activité, le service de l’abattage rituel destiné à la dizaine de boucheries “casher” ; la gestion des cimetières, les chambres rabbiniques qui disent la loi de Moïse dans les tribunaux réguliers, des clubs et ces fleurons que sont les écoles, les œuvres médico-sociales, et la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, avec son musée du judaïsme, le seul du genre en pays arabo-islmamique. Le réseau scolaire juif qui compte environ 900 élèves se distingue par son originalité dans le paysage éducatif marocain : hormis les écoles religieuses, deux de celles qui relèvent de l’Ittihad-Maroc (anciennement Alliance israélite) scolarisent non seulement des élèves juifs mais aussi des musulmans. Il en est ainsi à l’école primaire Narcisse Leven, fréquentée par 26% d’enfants musulmans, et au lycée Maïmonide où élèves juifs et musulmans sont presque à parité numérique. Bien que ces établissements suivent les programmes du ministère français de l’Education nationale dont ils ont l’homologation, tous les élèves reçoivent néanmoins un enseignement d’hébreu et d’arabe. Et lors des cours d’éducation religieuse juive destinés exclusivement aux élèves juifs, leurs camarades musulmans bénéficient de cours d’arabe supplémentaires. A l’école primaire, sur les 15 institutrices, neuf sont juives et six musulmanes, tandis qu’à Maïmonide tous les enseignants sont musulmans, à l’exception de ceux d’hébreu. Les groupes d’élèves qui étudient et s’amusent ensemble dans les cours de récréation joliment arborées, les relations au sein des équipes pédagogiques, tout témoigne d’une coexistence paisible qui n’a rien d’artificiel. Le directeur du lycée Maïmonide, Simon Cohen, qui a travaillé à Strasbourg auprès du philosophe Emmanuel Lévinas, nous explique avec une force tranquille : “Ce que viennent chercher ici les familles musulmanes, ce sont les valeurs de respect, de paix, de justice que nous partageons. Avec les élèves, je parle au nom de la Bible et au nom du Coran”. Et il ajoute en souriant : “Quand je corrige leurs fautes d’arabe, moi M. Cohen, ça leur fait un effet extraordinaire”. Non loin de ces écoles, le centre médical pour les économiquement faibles et le foyer pour personnes âgées nécessiteuses et sans famille offrent au visiteur un exemple tout aussi éloquent de cette coexistence. C’est le même esprit de partage qui règne entre médecins, infirmières, aide-soignants juifs et musulmans. Aujourd’hui, on a tendance à croire que toute la communauté juive vit dans l’aisance. “Détrompez-vous, rectifie Serge Berdugo. Nous avons aussi des pauvres ! Pas moins de 400 personnes bénéficient d’une prise en charge complète par nos œuvres sociales (logement, habillement, scolarité...), d’autres sont aidées aussi mais à un degré moindre”. Ce dispositif communautaire est incontestablement bien géré et très efficace. Toutefois, deux questions se posent. La première touche à son mode de gouvernance qui a été chahuté ces dernières années, faute d’élections pourtant prévues par les textes. Aux yeux de certains, la représentation actuelle a fait son temps et doit se renouveler : “Même au niveau politique national, il y a eu l’alternance (ndlr, gouvernement Youssoufi en 1998) et il faudrait que notre communauté en reste à une époque révolue !”, nous déclare un partisan de cet aggiornamento. Ceux qui tiennent les rênes du Conseil répondent, en s’appuyant sur les textes, que c’est au ministère de tutelle et non à eux d’organiser ces élections. La balle est ainsi renvoyée à la puissance publique, si bien que l’équipe actuelle, comme les tenants du changement, devront vraisemblablement attendre que l’arbitrage soit rendu en haut lieu. La deuxième question concerne les femmes, totalement absentes des instances de décision du Conseil et des représentations officielles. Où sont-elles donc ? A la manœuvre, en coulisse. Elles font tourner la machine au jour le jour (voir encadrés). Yaël, femme au foyer, constate : “Le Maroc a réformé la Moudawana pour les femmes musulmanes, des femmes sont au gouvernement et au Parlement. Mais nous, femmes juives, sommes toujours dans l’ombre”. Selon les actuels responsables du Conseil, ce serait là encore en raison des textes qui n’ont pas évolué depuis 1945. Ce à quoi Yaël répond : “Ces textes ne sont pas sacrés, on peut les modifier…”. Arlette Berdugo, dans son livre Juives et juifs dans le Maroc contemporain (Ed. Geuthner, 2002), confirme de son côté que malgré l’émancipation due à l’école et à l’activité professionnelle, les femmes juives restées au Maroc demeurent cantonnées dans le rôle de gardiennes de la tradition et de la famille. Enfin, comme l’écrit Edmond Amran El Maleh, le juif marocain n’est pas “un migrant qui aurait passé quelques siècles sur la terre marocaine”. Comme son compatriote musulman, il y plonge ses racines. Qu’il vive ou non dehors, il est encore dedans. Amen. * Franco-marocaine originaire d’Essaouira, Ruth Grosrichard est professeur agrégée de langue et civilisation arabes à Sciences Po Paris, notamment spécialisée en Darija marocaine [url]http://www.telquel-online.com/348/couverture_348.shtml[/url] [/QUOTE]
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