Le problème persistant de la culture du viol en Inde

Le problème persistant de la culture du viol en Inde​

Il y a un peu plus de 10 ans, en 2012, Jyoti Singh, une femme de 23 ans, était victime d’un viol collectif dans un bus qui a horrifié l’Inde et le monde. Sa mort, symbole de l’échec du pays concernant les violences sexuelles envers les femmes, avait déclenché d’importantes manifestations. Après une décennie, où en est réellement l’Inde au sujet des crimes visant les femmes?

Une situation loin d’être réglée

L’histoire de Jyoti Singh a permis de faire évoluer la position du gouvernement en instaurant notamment la peine de mort pour les récidivistes de viol. Néanmoins, la situation ne semble pas réellement avoir changé.

L’année de la mort de Jyoti Singh, le gouvernement comptabilisait 24 923 viols enregistrés. En 2021, toujours selon le gouvernement, le nombre de viols enregistrés était de 31 677. En Inde, le taux de condamnation des violeurs est inférieur à 30 %.

Tout récemment encore, en décembre 2022, une jeune fille de 16 ans était violée collectivement pendant plus de 12 heures dans un bungalow à Palghar, dans l'État indien du Maharashtra. Les huit hommes présumés responsables ont été arrêtés par la police indienne.

En août 2022, 11 hommes condamnés à la prison à perpétuité en 2008 pour des faits remontant à 2002, soit 6 ans plus tard, étaient relâchés au motif qu’ils avaient déjà purgé plus de quatorze ans d’emprisonnement.

Pourtant, il existe une loi qui interdit d’appliquer une remise de peine pour les criminels auteurs de viol ou de meurtre.

Le média indien « The Hindu » relate tout de même la libération de ces 11 hommes sans jamais mentionner l’existence de cette loi.

Il ajoute même que la libération s’est effectuée à la suite de la décision à l’unanimité d’un comité formé par le gouvernement de l’État. Cette affaire semble illustrer les lacunes du système judiciaire indien et les failles de la gestion des viols.

Un autre cas, tout aussi représentatif des failles du système, fait état d’une jeune fille de 13 ans violée par un officier de police, alors qu’elle tentait de déposer une plainte pour avoir été violée collectivement par 4 hommes pendant plusieurs jours.

Les racines profondes du mal


Cette situation préoccupante prend, en partie, racine dans l’expression d’une culture traditionnellement inégalitaire sur la question du genre. Cette inégalité des sexes s’explique notamment par la pauvreté, une société résolument patriarcale, le manque d’instruction, l’illettrisme, l’absence de prise de conscience d’une partie des femmes sur leurs droits et les coutumes sociales ou croyances.

Le système de castes en Inde est également responsable de cette culture au sein du pays.

Les hommes de castes supérieures, comme les Brahmins et les Kshatriyas, sont moins susceptibles d’être condamnés sévèrement et prennent pour cible des femmes de castes inférieures, comme les Adivasis ou les Dalits. À cela s’ajoutent, comme nous avons pu le voir, de réelles lacunes au sein du système judiciaire.

Remises de peine, taux de condamnation des violeurs insuffisant, ou un policier qui commet lui-même un viol sur une victime de ce même crime. Les policiers sont également plus réticents à condamner les membres de castes supérieures.


Malgré l’horreur qu’elles subissent, les victimes de viol font face à la stigmatisation et au déshonneur au sein de la société indienne, particulièrement celles qui ont le courage de se présenter en cour, encourageant ainsi le statu quo. Les victimes sont même parfois responsabilisées. Les accusés et leurs avocats avancent des arguments tels que « une femme est bien plus responsable d’un viol qu’un homme »
La situation semble donc avoir empiré au cours des 10 dernières années, contrairement à ce que le viol collectif de 2012 laissait présager. L’ampleur du défi reste considérable dans ce domaine pour l’Inde.

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Le 20 janvier 2014, dans un village nommé Subalpur situé dans l'État du Bengale-Occidental, une jeune femme de 20 ans a subi le viol collectif de sa communauté après une sentence rendue par le chef du village.

La victime, célibataire, avait été aperçue accompagnée d'un jeune homme issu d'un village voisin, avec qui elle entretenait une relation amoureuse.

Toutefois, l'idylle a bouleversé le chef du village qui s'est empressé d'établir un conseil coutumier local. La jeune femme et son partenaire ont été ligotés à un arbre tout au long du débat entretenu par le conseil qui devait rendre son verdict sur l'avenir de ces derniers.

Une fois la sanction rendue, les deux accusés devaient payer respectivement une amende de 27000 roupies soit environ 317 euros pour être libérés. Le jeune homme s'est engagé à acquitter la somme tandis que la famille de la jeune indienne a annoncé ne pas pouvoir payer.

Le chef aurait alors autorisé des villageois à violer collectivement la jeune femme. Selon des spécialistes, ce genre de châtiment est extrêmement rare dans ce village. Malgré tout, de nombreux cas semblables à celui de Subalpur avaient été recensés dans d'autres communautés tribales telles que chez les Jat de l'Haryana.
 
Les racines profondes du mal

Cette situation préoccupante prend, en partie, racine dans l’expression d’une culture traditionnellement inégalitaire sur la question du genre. Cette inégalité des sexes s’explique notamment par la pauvreté, une société résolument patriarcale, le manque d’instruction, l’illettrisme, l’absence de prise de conscience d’une partie des femmes sur leurs droits et les coutumes sociales ou croyances.
A mon avis ça marche avec l'ensemble des religions ;)
 
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