Quelque part cette insatisfaction à quelque chose de bon, elle nous dit :" ce n'est pas ça, ce n'est pas avec ça que je vais me sentir heureux, plein, épanoui." En fait, c'est même le contraire : tant qu'on fait dépendre son bonheur, sa paix, de quelque chose d'extérieure à soi, on continue d'être malheureux. Parce que même quand on obtient cette chose convoitée, on a peur de la perdre !
Que ce passe-t-il réellement quand on croit toucher au bonheur lorsqu'on obtient la concrétisation d'un rêve ? En fait durant ces quelques minutes de jubilation, de pleine satisfaction ce n'est pas l'objet obtenu qui apporte la joie, c'est le dévoilement du Soi qui s'exprime dans sa plénitude d'être du fait qu'il n'y a plus d'attente durant ce laps de temps. Le moi et son bavardage est suspendu dans l'Infinité. Par un phénomène d'illusion d'optique on croit avoir touché le bonheur par cet acquis, mais le bonheur est omniprésent, il est simplement voilé par l'idée qu'il nous faut quelque chose de plus pour le vivre. Comme la perspective est tordue et que l'impermanence est une loi de ce monde, ce qui apparaît va disparaître, et du coup on reste sur son incomplétude, on reste sur sa faim, tant qu'elle dépend de ce monde fluctuant. Rien ne peut nous rassasier tant qu'on ne c'est pas retrouvé dans l'Unité de la vie.
La complétude se fait sentir quand on ne demande plus rien à la vie. Mais vraiment plus rien d'autre que ce qui se présente là à l'instant. Si on a ce courage là, ce lâcher prise total, cette absence entière de projection et d'attente, même de l'instant suivant, cet abandon complet de tout contrôle sur soi et sur les autres, sur ce qui pourrait advenir ou pas, alors là, véritablement, les frontières s'estompent; la complétude s'éprouve dans une douceur exquise.
Pourquoi ce moment de grâce est-il quasi extatique ? Parce qu' à cet instant on a cessé de lutter, on ne se bat plus, on ne s'acharne plus à être autre chose, on ne s'agite plus comme un forcené pour obtenir quoi que ce soit, on a plus besoin de devenir un héros, une sainte, ou je ne sais quoi d'autre, juste simplement ce qu'on est, tel qu'on est et ça c'est absolument délicieux. On ne se fait plus violence, on ne cherche plus rien, on attend plus rien, on ne s'occupe plus de rien, on ne se soucis plus de rien et de façon presque magique la Vie-Une se met à tout arranger de façon merveilleuse, drôle et parfaite. Alors la paix se déploie dans une somptueuse félicité, le Soi se révèle en son éternité.
A l'instant ou l'on offre toutes ses attentes, tout ses espoirs, toutes ces projections dans l'acceptation pleine et entière de ce qui est là, maintenant, la complétude se dévoile. Elle ne dépend d'absolument de rien d'autre que cet abandon total.
C'est là que l'on se découvre être tout ce qui est.