L’énigme des 2 000 spirales d’or danoises

Mims

Date limite de consommation : 26/01/2033
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Dans l'actualité de l'archéologie, un vrai trésor en chasse un faux. Juste avant qu'on apprenne que le lingot d'argent de 45 kilos du capitaine Kidd, récemment extrait des eaux malgaches, n'était qu'une vulgaire barre de plomb, le Musée national du Danemark avait annoncé la découverte aussi spectaculaire que surprenante de près de 2 000 minuscules spirales d'or – véritable celui-là – à Boeslunde, village de Seeland, la principale île du pays. Chacun de ces très fins tortillons faits d'un fil d'or aplati ne dépasse pas les 3 centimètres et, au total, ce trésor qui remonte à l'Âge du bronze n'atteint pas les 300 grammes. Cependant, l'intérêt de la trouvaille – qui n'a pas encore fait l'objet d'une publication scientifique – ne réside pas dans la masse de métal précieux mais dans l'énigme qu'elle propose aux chercheurs : que sont ces étranges spirales et que faisaient-elles là ?


Pour mieux le comprendre, il faut remonter à l'origine de cette mise au jour, que raconte Kirsten Christensen, conservatrice au musée Vestsjælland : « Il y a deux ans, deux archéologues amateurs ont fait une importante découverte (sur ce site de Boeslunde, NDLR). Ils ont trouvé quatre lourds bracelets en or » à l'aide de détecteurs de métaux. « Cette magnifique découverte nous a poussés à conduire une fouille dans les règles de façon à déterminer s'il pouvait y avoir plus d'or préhistorique caché dans ce terrain », poursuit la chercheuse.

L'idée a été fructueuse. Les spirales d'or étaient concentrées en deux endroits, sur seulement quelques mètres carrés. Au premier elles se trouvaient en rangs ou en petits paquets de trois ou quatre. Au second endroit, les archéologues ont mis au jour un tas de ces enroulements. « Les spirales d'or, détaille Kirsten Christensen, étaient rassemblées en un gros amas sous lequel nous avons trouvé des résidus noirs, probablement de la poix de bouleau. » L'analyse de ces écailles de goudron a montré qu'elles gardaient, d'un côté, des traces de bois et, de l'autre, la marque d'une peau : à l'origine, le trésor se trouvait probablement enfermé dans un coffret en bois dont l'intérieur était couvert d'une garniture en cuir collée à l'aide de la poix. Mais le temps a fait son œuvre : ni le bois ni le cuir ne lui a résisté...


Deux fibules dorées découvertes sur le site ont permis de placer ce trésor dans une fenêtre temporelle comprise entre 900 et 700 av. J.-C. Une datation cohérente avec ce que l'on a déjà découvert à Boeslunde, un des sites archéologiques de l'Âge du bronze les plus riches en or dans le nord de l'Europe. En plus des quatre bracelets mis au jour en 2013, six autres gros anneaux d'or (d'une masse totale de 3,5 kilos) ont été déterrés, auxquels il faut ajouter six éléments de vaisselle mis au jour il y a deux siècles par des fermiers à seulement 500 mètres de l'endroit où reposaient les spirales (voir photo ci-contre). Pour Kirsten Christensen, « cela montre que l'endroit avait une signification particulière dans l'esprit des gens de l'Âge du bronze pour qu'ils choisissent de lui sacrifier plusieurs kilos d'or ».

Quelle signification exactement ? Conservateur au Musée national du Danemark et co-auteur, avec Kirsten Christensen, de la découverte des spirales, Flemming Kaul émet l'hypothèse d'un lieu sacré où une sorte de prêtre-roi dirigeait un culte du soleil. Dans ce scénario, les petits tortillons auraient été des éléments de décoration de son costume, une idée inspirée par la forme unique de ces vestiges précieux, qui leur aurait permis d'être accrochés à des vêtements à l'aide d'une cordelette glissée dans leur creux : « Peut-être le prêtre-roi portait-il un anneau d'or au poignet et ces spirales d'or sur sa cape et son chapeau, où elles brillaient comme le soleil, lors de cérémonies rituelles en hommage au soleil. Le soleil était un des symboles les plus sacrés à l'Âge du bronze et l'or avait une magie spéciale. L'or lui-même incarne le soleil : il a sa couleur, il brille comme lui et il est indestructible, immortel et éternel. »

Cela demeure une hypothèse mais les deux archéologues sont convaincus qu'il reste de l'or caché à Boeslunde. Le communiqué du Musée national du Danemark annonçant la découverte assure que les recherches vont se poursuivre, avec l'aide des archéologues amateurs locaux et de leurs détecteurs de métaux...
 

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