Les commerçants s'insurgent contre les cabines d'essayage dans les bureaux de poste

La Poste expérimente depuis quelques jours des cabines d'essayage dans quatre de ses agences. Une initiative vouée à s'étendre qui agace les commerçants.​


C’est une initiative qui passe mal chez les commerçants. Depuis quelques jours, La Poste teste des cabines d’essayage avec miroirs, siège et tablette dans deux de ses agences parisiennes et deux autres à Lannion (Côtes-d’Armor) et La Rochelle (Charente-Maritime).

L’idée est simple: permettre aux clients qui ont acheté un vêtement en ligne et de l’essayer dès réception et de le renvoyer aussitôt s’il ne leur convient pas.

"Concurrence déloyale"​

Forcément, l’expérimentation hérisse les commerçants: "C’est une ineptie, un non-sens. C’est inadmissible", s’insurge sur BFM Business Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France qui représente un million d’emplois et 450.000 entreprises, principalement implantées dans les centres-villes.

"Je trouve que c’est inconvenant que La Poste se mêle du commerce. Je leur rappelle que c’est une concurrence déloyale par rapport aux commerces physiques", poursuit-il, rappelant que c’est le rôle du commerçant de "conseiller" et de "faire essayer au client". "On appelle à ce que cette expérimentation soit arrêtée immédiatement".

Il y a quelques jours, la Confédération des commerçants s’était déjà fendue d’un communiqué soulignant que cette initiative "suscite un profond mécontentement parmi les commerçants indépendants de proximité et présente des risques sérieux pour le tissu économique local si elle est déployée à l’échelle nationale".

Une opération qui "incite" les clients à commander en ligne?​

De son côté, la Fédération nationale de l'habillement (FNH), syndicat patronal de commerçants indépendants, demande également à La Poste "de renoncer à ce projet et de continuer à soutenir les commerces de proximité", a indiqué à l'AFP Pierre Talamon, son président.

"Cela me paraît assez aberrant de conduire cette opération", dénonce-t-il, évoquant "une maladresse certaine pour les commerces de proximité et les détaillants de centre-ville". "On est en train de se battre pour que les centre-villes ne perdent pas de point de vente et de boutiques de proximité parce que c'est très important pour leur dynamisme (...) Là, ça ne va pas du tout dans ce sens-là", ajoute-t-il. Au-delà "d'inciter" les clients à commander en ligne "d'une façon plus importante", le commerçant s'inquiète également de "problèmes de sécurité sanitaire et de respect de la vie privée".

La Poste explique pour sa part que "l’objectif n’est pas du tout de s’opposer aux commerçants de centre-ville, mais au contraire de créer du trafic". Le groupe précise par ailleurs que "les chargés de clientèle ont également été sensibilisés à veiller à la bonne tenue de la cabine".

La Poste prévoit d’étendre davantage l’expérimentation des cabines d’essayage dans ses agences alors que de prochaines ouvertures sont prévues à Valenciennes, Saint-Etienne et Amiens.

 
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