L'etrange histoire de benjamin bouton (1ère partie)

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Rorschach
  • Date de début Date de début
R

Rorschach

Non connecté
Comme chacun sait, le dimanche est jour de suicide.:intello:

Je me retrouvais donc ce dimanche-là, debout sur la rambarde du pont, face à la seine, une corde au cou rattachée à un vieux mini four Moulinex censé me faire couler plus vite.

Alors que je me tenais debout prêt à sauter, une petite famille qui défilait joyeusement à vélo derrière moi, faisait tinter les sonnettes : « Oh regarde le monsieur comment il va sauter! » disait le papa à sa petite fille, « ça va faire PLOUF! » s'amusait la maman auprès de son petit garçon. Plutôt satisfait d'égayer le dimanche après-midi de ces petites gens de la classe moyenne, je pensais à me retourner de temps en temps, pour faire coucou aux badauds adolescents, qui mettraient en ligne ma fin de vie sur Youtube.

J'affichais en cet instant ma plus belle grimace d'apparat, que d'aucuns nomment sourire, tout placide avec les yeux, mais le regard vide comme d'habitude. Et sans les dents, juste pour leur faire voir!
C'est alors que je la vis, elle et ses petits yeux noirs qui me regardaient, elle et son petit museau poudré qui reniflait les gaz d’échappement et le pollen frais en ce début de printemps.

Je saisis sans me faire prier la perche qu'elle me tendit des yeux. Son T-shirt jaune, trop petit pour elle et sur lequel on pouvait lire : « Touche pas à mon bled! », découvrait une petite bouée abdominale bronzée qui m'emplissait d'espoir. Je ne savais rien de son « bled », mais par gratitude envers celle qui me sauva des eaux morbides de la Seine, je jurai en mon for intérieur de ne jamais y toucher! Foi de Bouton!

Elle avait 25 ans et s'appelait Nacéra Riyin. Nous étions en ce moment même dans un café, à ne discuter de rien, ou plutôt à discuter d'elle, autour d'un chocolat bouillant. Et si, sur le pont et à l'article de la mort, je fus alerté par ses sourires à répétition, c’est que je crus de prime abord qu'elle était comme toutes les autres : heureuse de voir un homme se jeter à l'eau! Il n'en était rien.

En réalité, Nacéra avait été attirée par le mini four Moulinex qui pendait à mon cou...A peine le chocolat avait-il été déposé sur la table par le serveur, que je me précipitai dessus. Je me brûlai la langue, comme d’habitude, et étais dans l'incapacité totale de parler. Mon mutisme fût interprété par Nacéra comme « une grande capacité d'écoute », et je fus contraint de subir le récit de sa vie, fort heureusement pour moi très courte, pour le restant de l’après-midi.

Elle s'épancha sur elle-même durant trois bonnes heures, le temps d’un chocolat, d’un coca, d’une limonade et d’un Efferalgan 1g pour moi ! Elle m'avoua se sentir inutile, que vu son patronyme, le mariage était la solution, qu'elle était Maghreb in et qu'Inchallah, elle trouverait son Mektoube avant sa date de péremption.

Elle parlait comme une réclame ambulante pour sites de rencontres communautaires, et son consumérisme matrimonial nord-africain m’intriguait au plus haut point. Mais sa frimousse toute forestière, sa bonhomie, son entrain, et sa rafraîchissante naïveté m'avaient charmé.

Une idylle de pacotille était née!
 
Dernière modification par un modérateur:
Comme chacun sait, le dimanche est jour de suicide.:intello:

Je me retrouvais donc ce dimanche-là, debout sur la rambarde du pont, face à la seine, une corde au cou rattachée à un vieux mini four Moulinex censé me faire couler plus vite.

Alors que je me tenais debout prêt à sauter, une petite famille qui défilait joyeusement à vélo derrière moi, faisait tinter les sonnettes : « Oh regarde le monsieur comment il va sauter! » disait le papa à sa petite fille, « ça va faire PLOUF! » s'amusait la maman auprès de son petit garçon. Plutôt satisfait d'égayer le dimanche après-midi de ces petites gens de la classe moyenne, je pensais à me retourner de temps en temps, pour faire coucou aux badauds adolescents, qui mettraient en ligne ma fin de vie sur Youtube.

J'affichais en cet instant ma plus belle grimace d'apparat, que d'aucuns nomment sourire, tout placide avec les yeux, mais le regard vide comme d'habitude. Et sans les dents, juste pour leur faire voir!
C'est alors que je la vis, elle et ses petits yeux noirs qui me regardaient, elle et son petit museau poudré qui reniflait les gaz d’échappement et le pollen frais en ce début de printemps.

Je saisis sans me faire prier la perche qu'elle me tendit des yeux. Son T-shirt jaune, trop petit pour elle et sur lequel on pouvait lire : « Touche pas à mon bled! », découvrait une petite bouée abdominale bronzée qui m'emplissait d'espoir. Je ne savais rien de son « bled », mais par gratitude envers celle qui me sauva des eaux morbides de la Seine, je jurai en mon for intérieur de ne jamais y toucher! Foi de Bouton!

Elle avait 25 ans et s'appelait Nacéra Riyin. Nous étions en ce moment même dans un café, à ne discuter de rien, ou plutôt à discuter d'elle, autour d'un chocolat bouillant. Et si, sur le pont et à l'article de la mort, je fus alerté par ses sourires à répétition, c’est que je crus de prime abord qu'elle était comme toutes les autres : heureuse de voir un homme se jeter à l'eau! Il n'en était rien.

En réalité, Nacéra avait été attirée par le mini four Moulinex qui pendait à mon cou...A peine le chocolat avait-il été déposé sur la table par le serveur, que je me précipitai dessus. Je me brûlai la langue, comme d’habitude, et étais dans l'incapacité totale de parler. Mon mutisme fût interprété par Nacéra comme « une grande capacité d'écoute », et je fus contraint de subir le récit de sa vie, fort heureusement pour moi très courte, pour le restant de l’après-midi.

Elle s'épancha sur elle-même durant trois bonnes heures, le temps d’un chocolat, d’un coca, d’une limonade et d’un Efferalgan 1g pour moi ! Elle m'avoua se sentir inutile, que vu son patronyme, le mariage était la solution, qu'elle était Maghreb in et qu'Inchallah, elle trouverait son Mektoube avant sa date de péremption.

Elle parlait comme une réclame ambulante pour sites de rencontres communautaires, et son consumérisme matrimonial nord-africain m’intriguait au plus haut point. Mais sa frimousse toute forestière, sa bonhomie, son entrain, et sa rafraîchissante naïveté m'avaient charmé.

Une idylle de pacotille était née!
 

Pièces jointes

  • ssdsd.gif
    ssdsd.gif
    497.1 KB · Affichages: 23
Comme chacun sait, le dimanche est jour de suicide.:intello:

Je me retrouvais donc ce dimanche-là, debout sur la rambarde du pont, face à la seine, une corde au cou rattachée à un vieux mini four Moulinex censé me faire couler plus vite.

Alors que je me tenais debout prêt à sauter, une petite famille qui défilait joyeusement à vélo derrière moi, faisait tinter les sonnettes : « Oh regarde le monsieur comment il va sauter! » disait le papa à sa petite fille, « ça va faire PLOUF! » s'amusait la maman auprès de son petit garçon. Plutôt satisfait d'égayer le dimanche après-midi de ces petites gens de la classe moyenne, je pensais à me retourner de temps en temps, pour faire coucou aux badauds adolescents, qui mettraient en ligne ma fin de vie sur Youtube.

J'affichais en cet instant ma plus belle grimace d'apparat, que d'aucuns nomment sourire, tout placide avec les yeux, mais le regard vide comme d'habitude. Et sans les dents, juste pour leur faire voir!
C'est alors que je la vis, elle et ses petits yeux noirs qui me regardaient, elle et son petit museau poudré qui reniflait les gaz d’échappement et le pollen frais en ce début de printemps.

Je saisis sans me faire prier la perche qu'elle me tendit des yeux. Son T-shirt jaune, trop petit pour elle et sur lequel on pouvait lire : « Touche pas à mon bled! », découvrait une petite bouée abdominale bronzée qui m'emplissait d'espoir. Je ne savais rien de son « bled », mais par gratitude envers celle qui me sauva des eaux morbides de la Seine, je jurai en mon for intérieur de ne jamais y toucher! Foi de Bouton!

Elle avait 25 ans et s'appelait Nacéra Riyin. Nous étions en ce moment même dans un café, à ne discuter de rien, ou plutôt à discuter d'elle, autour d'un chocolat bouillant. Et si, sur le pont et à l'article de la mort, je fus alerté par ses sourires à répétition, c’est que je crus de prime abord qu'elle était comme toutes les autres : heureuse de voir un homme se jeter à l'eau! Il n'en était rien.

En réalité, Nacéra avait été attirée par le mini four Moulinex qui pendait à mon cou...A peine le chocolat avait-il été déposé sur la table par le serveur, que je me précipitai dessus. Je me brûlai la langue, comme d’habitude, et étais dans l'incapacité totale de parler. Mon mutisme fût interprété par Nacéra comme « une grande capacité d'écoute », et je fus contraint de subir le récit de sa vie, fort heureusement pour moi très courte, pour le restant de l’après-midi.

Elle s'épancha sur elle-même durant trois bonnes heures, le temps d’un chocolat, d’un coca, d’une limonade et d’un Efferalgan 1g pour moi ! Elle m'avoua se sentir inutile, que vu son patronyme, le mariage était la solution, qu'elle était Maghreb in et qu'Inchallah, elle trouverait son Mektoube avant sa date de péremption.

Elle parlait comme une réclame ambulante pour sites de rencontres communautaires, et son consumérisme matrimonial nord-africain m’intriguait au plus haut point. Mais sa frimousse toute forestière, sa bonhomie, son entrain, et sa rafraîchissante naïveté m'avaient charmé.

Une idylle de pacotille était née!
Des que ta vu son bide fallait plonger :D
on dirais toi dans le role de kate winslet et elle en dicaprio obese :D
 
Retour
Haut