Lettre à françois hollande: «monsieur le président, vous parlez comme bush»

compteblad

PLD (Peace, Love and Diversity)
http://www.lesoir.be/1044323/articl...nde-monsieur-president-vous-parlez-comme-bush

Lettre à François Hollande: «Monsieur le Président, vous parlez comme Bush»
David Van Reybrouck
Mis en ligne il y a 3 heures

L’écrivain David Van Reybrouck écrit à François Hollande et s’interroge sur la terminologie guerrière employée par celui-ci.




Monsieur le Président,

Le choix extraordinairement irréfléchi de la terminologie que vous avez utilisée dans votre discours du samedi après-midi, où vous répétiez qu’il s’agissait d’un « crime de guerre » perpétré par « une armée terroriste » m’a interpellé. Vous avez dit littéralement :

« Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de France, est un acte de guerre, et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daesh, une armée de terroristes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. C’est un acte de guerre qui a été préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures que l’enquête fera découvrir. C’est un acte de barbarie absolue. »

Si je souscris pleinement à la dernière phrase, force est de constater que le reste de votre discours est la répétition angoissante et presque mot à mot de celui que Bush a tenu devant le Congrès américain peu après les attentats du 11 septembre : « Des ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays. »

► Comment Hollande s’est transformé en chef de guerre

Les conséquences de ces paroles historiques sont connues. Un chef d’État qui qualifie un événement d’acte de guerre se doit d’y réagir, et de rendre coup pour coup. Cela a conduit Bush à l’invasion de l’Afghanistan, ce qui était encore admissible parce que le régime avait offert asile à Al Qaeda – même l’ONU avait approuvé. A suivi alors l’invasion totalement démente de l’Irak, sans mandat de l’ONU, pour la seule raison que les Etats-Unis soupçonnaient que ce pays détenait des armes de destruction massive. À tort, s’est-il avéré, mais cette invasion a conduit à l’entière déstabilisation de la région, qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Le départ des troupes américaines en 2011 a laissé le pays dans une vacance du pouvoir. Et c’est peu après, lorsque dans le sillage du Printemps arabe une guerre civile a éclaté dans le pays voisin, que l’on a pu constater à quel point l’invasion militaire américaine avait été pernicieuse. Dans le nord-ouest de l’Irak déraciné et l’est de la Syrie déchirée, entre l’armée gouvernementale et la Free Syrian Army, assez d’espace s’était manifestement créé pour que se lève un troisième grand acteur : Daesh.

Bref, sans l’invasion idiote de Bush en Irak, il n’y aurait jamais été question de Daesh. C’est par millions que nous avons manifesté contre cette guerre en 2003, moi aussi, la désapprobation était universelle. Et nous avions raison. Cela, pas parce que nous étions capables de prédire l’avenir, nous n’étions pas clairvoyants à ce point. Mais nous en sommes pleinement conscients aujourd’hui : ce qui s’est passé dans la nuit du vendredi à Paris est une conséquence indirecte de la rhétorique de guerre que votre collègue Bush a employée en septembre 2001.

Et pourtant, que faites-vous ? Comment réagissez-vous moins de 24 heures après les attentats ? En employant la même terminologie que votre homologue américain de l’époque ! Et sur le même ton, bonté divine !

Vous êtes tombé dans le panneau, et vous l’avez fait les yeux grands ouverts. Vous êtes tombé dans le panneau, Monsieur le Président, parce que vous sentez l’haleine chaude de faucons comme Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen vous brûler la nuque. Et vous avez depuis si longtemps la réputation d’être un faible. Vous êtes tombé dans le panneau. Des élections se préparent en France, elles auront lieu les 6 et 13 décembre, ce ne sont que des élections régionales, mais après ces attentats, elles seront placées sous le signe de la sécurité nationale, à n’en point douter. Vous êtes tombé dans le panneau à pieds joints, parce que vous avez fait mot pour mot ce que les terroristes espéraient de vous : une déclaration de guerre. Vous avez accepté leur invitation au djihad avec enthousiasme. Mais cette réponse, que vous avez voulue ferme, fait courir le risque monstrueux d’accélérer encore la spirale de la violence. Je ne la trouve pas judicieuse.

Vous parlez d’une « armée terroriste ». Pour commencer, rien de tel n’existe. C’est une contradictio in terminis. Une « armée terroriste », c’est un peu comme pratiquer un régime boulimique. Des pays et des groupes peuvent avoir des armées ; s’ils ne parviennent pas à en former, ils peuvent opter pour le terrorisme, c’est-à-dire pour des actions ponctuelles dont l’impact psychologue est maximal au lieu d’un déploiement structurel de forces militaires avec des ambitions géopolitiques.

Mais une armée, dites-vous ? Soyons clairs : jusqu’ici, nous ignorons si les auteurs des faits sont des combattants syriens revenus ou envoyés. Nous ne savons pas si les attentats ont été tramés dans le califat ou dans les banlieues et « quartiers ». Et bien que certains indices laissent supposer qu’il s’agit d’un plan global émanant de la Syrie (la quasi-simultanéité de l’attentat-suicide au Liban et de l’attaque éventuelle d’un avion russe), force est de constater que le communiqué de Daesh est venu bien tard, et qu’il ne contient pas d’autres éléments que ceux qui circulaient déjà sur internet. Ne serait-il pas question de coordination ou de récupération ?

Pour autant que l’on sache, il pourrait s’agir d’individus incontrôlés, sans doute pour la plupart des citoyens français revenus de Syrie : ils y ont appris à manier des armes et des explosifs, s’y sont immergés dans une idéologie totalitaire, cryptothéologique et s’y sont familiarisés aux opérations militaires. Ils sont devenus des monstres, tous tant qu’ils sont, mais ils ne sont pas une armée.

Le communiqué de Daesh glorifiait les « lieux soigneusement choisis » des attentats, vos propres services soulignaient le professionnalisme de leurs auteurs : sur ce point, remarquons que vous parlez la même langue. Mais qu’en est-il, en réalité ? Les trois hommes qui se sont rendus au Stade de France où vous assistiez à un match amical de football contre l’Allemagne semblent plutôt être des amateurs. Ils voulaient sans doute pénétrer dans l’enceinte pour commettre un attentat contre vous, c’est fort possible. Mais celui qui se fait sauter à proximité d’un McDonald et n’entraîne qu’une victime dans la mort est un bien piètre terroriste. Qui ne fait que quatre morts avec trois attentats-suicides, alors qu’un peu plus tard une masse humaine de 80 000 personnes sort de l’enceinte, est un bon à rien. Qui veut décimer le public d’une salle avec quatre complices, mais ne bloque même pas la porte de sortie n’est pas un génie de la stratégie. Qui s’embarque dans une voiture et mitraille des citoyens innocents et sans armes attablés aux terrasses, n’est pas un militaire formé à la tactique, mais un lâche, un enfoiré, un individu totalement dévoyé qui a lié son sort à d’autres individus du même acabit. Une meute de loups solitaires, ça existe aussi.

Votre analyse d’une « armée terroriste » n’est pas probante. Le terme que vous avez employé, « acte de guerre » est extraordinairement tendancieux, même si cette rhétorique belliqueuse a été reprise sans honte aucune par Mark Rutte aux Pays-Bas et Jan Jambon en Belgique. Vos tentatives de calmer la nation menacent la sécurité du monde. Votre recours à un vocabulaire énergique ne signale que la faiblesse.

Il existe d’autres formes de fermeté que celle de la langue de la guerre. Immédiatement après les attentats en Norvège, le premier Stoltenberg a plaidé sans détours pour « plus de démocratie, plus d’ouverture, plus de participation ». Votre discours fait référence à la liberté. Il aurait aussi pu parler des deux autres valeurs de la République française : l’égalité et la fraternité. Il me semble que nous en avons plus besoin en ce moment que de votre douteuse rhétorique de guerre.
 
que ce soit une armée de taré ou une armée de marionnette, ça reste une armée !

la différence c'est qu'ils ne valent pas grand chose en tant qu'Homme, puisque ce ne sont que des lâches qui s'en prennent à des innocents lors de soirée de loisir...


si ils veulent faire la guerre comme des hommes, qu'ils se montre ouvertement et qu'ils fassent face à leurs ennemis comme ceux à qui ils pensent faire référence !
 

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
L’historien et écrivain flamand David Van Reybrouck publie ce dimanche sur le site de la VRT (deredactie.be) une lettre ouverte adressée au Président français François Hollande. Il estime que la terminologie "d’acte de guerre" utilisée par le président de la République dans son discours de samedi est particulièrement imprudente.

"Ce qui s’est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de France est un acte de guerre et face à la guerre, le pays doit prendre les décisions appropriées. C’est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, une armée djihadiste, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde, contre ce que nous sommes : un pays libre qui parle à l’ensemble de la planète. Un acte de guerre préparé, planifié, depuis l’extérieur avec des complicités intérieures. Un acte de barbarie absolue" a déclaré le Président Hollande.

Dans sa lettre ouverte, David Van Reybrouck écrit partager entièrement la dernière phrase du président mais que le reste de son discours est la répétition presque mot pour mot de ce que le président américain G.W. Bush déclarait peu après les attentats du 11 septembre devant le Congrès : "Le 11 septembre, les ennemis de la liberté ont commis un acte de guerre contre notre pays".

Les conséquences de ces paroles sont connues. Celui qui en tant que chef d’Etat qualifie un événement d'acte de guerre doit avoir une réaction en conséquence. Cela a conduit à l’invasion de l’Afghanistan, ce qui peut encore être justifié puisque ce régime avait donné asile au mouvement Al Qaïda et que l’ONU avait donné son accord. Mais ensuite ce fut l’invasion complètement folle de l’Irak, sans mandat de l’ONU, simplement parce que les Etats-Unis soupçonnaient ce pays de posséder des armes de destruction massive. Mais il n’y en avait pas, et cette invasion a conduit à une totale déstabilisation de la région, aujourd’hui encore. Après le départ des troupes américaines en 2011, il y eut un vide de pouvoir.

Et lorsqu’éclata quelque temps après une guerre civile dans la Syrie voisine, dans le sillage du Printemps arabe, on s’est rendu compte à quel point l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis avait été néfaste. Au Nord-Ouest de l’Irak et à l’Est de la Syrie, il y avait à présent assez d’espace pour la création d’un troisième acteur sur le terrain, l’Etat Islamique, l’IS.

"En résumé, sans la stupide invasion de l’Irak par Georges Bush, il n’y aurait jamais eu d’Etat islamique. Nous étions des millions dans le monde à manifester contre cette invasion, j’y étais aussi", écrit David Van Reybrouck, et nous avions tout simplement raison. Non pas que nous pouvions lire l’avenir. Mais à présent c’est clair : ce qui s’est passé vendredi soir à Paris est une conséquence indirecte de la rhétorique guerrière de votre collègue Georges Bush en septembre 2001.

Et que faites-vous de votre côté ? Comment réagissez-vous moins de 24 heures après les attentats de Paris ? En utilisant exactement la même terminologie que votre homologue américain de l’époque.

Vous êtes tombé dans le piège, les yeux grands ouverts, Monsieur le Président, parce que des élections se profilent, en France, et que vous sentez dans votre cou le souffle de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen. (…)

Votre analyse d’une armée terroriste n’est pas correcte. Le terme que vous utilisez d’acte de guerre est particulièrement tendancieux, même si cette rhétorique guerrière est reprise de manière éhontée par Mark Rutte aux Pays-Bas, et par Jan Jambon en Belgique.

Dans votre tentative d’apaiser la nation, vous rendez le monde moins sûr. Dans votre tentative d’utiliser un langage belliqueux, vous avez montré votre faiblesse. Il y a d’autres formes de fermeté que le langage guerrier. Après les attentats en Norvège, le Premier ministre Stoltenberg avait appelé à plus de démocratie, à une plus grande ouverture et plus de participation. Dans votre discours vous avez cité la liberté. Vous auriez dû aussi faire référence aux deux autres valeurs défendues par la République : l’égalité et la fraternité. Deux valeurs dont nous avons plus besoin en ce moment que de votre inquiétante rhétorique guerrière".

David Van Reybrouck est l'auteur de "Congo, une histoire" chez Actes Sud, pour lequel il a obtenu le Prix Médicis Essai 2012.

Retrouvez ici l'intégralité de la lettre ouverte de David Van Reybrouck (en néerlandais)

http://deredactie.be/cm/vrtnieuws.francais/Politique/1.2496898?devicetype=mobile
 

farid_h

<defunct>
Contributeur
Interessant.

Je pense surtout que le terme "acte de guerre" devrait etre reserve a des acteurs etatiques. L'utiliser est une reconnaissance implicite de l'etaticite d'ISIS par la France. Etait-ce ca, l'intention de Francois Hollande, reconnaitre Daesh?

Mais quel terme utiliser a la place?

Et si on parle d'acte de guerre... et qu'un acte de guerre ne peut etre instigue que par des Etats, est-ce qu'il ne serait pas ultimativement logique de dire que des pays comme la Turquie, KSA, Qatar, USA (!), la France (!!!) ... ont commit un acte de guerre contre la France via leur outil ISIS qu'ils n'arrivent plus a controller et a focusser exclusivement sur Assad, les alewites, les yezidis, les femmes, ...? Hmmm...

Et en plus, si c'est officiellement une guerre, la France se privera de certaines libertes d'actions, car dans ce cas la, les Conventions de Geneve s'appliqueront. Des terroristes d'ISIS avec les droits accordes par cette Convention? Inconcevable!
 
Un acte de guerre contre le forum? :D
Vous n'avez aucune idée de la gravité de la situation et vous vous moquez.
Piyale est un terroriste qui a pu revenir sous plusieurs sur ce forum parce que les administrateur voyaient qu'il mettait de l'ambiance.
Ce qu'ils ont oublié c'est qu'il communiquait en MP avec ses amis terroristes.
 
Ce que @David39 Van Reybrouk ne comprend pas, c'est que le peuple français a besoin de quelqu'un comme G.W.Bush, ils ont besoin d'entendre ce que Mr le président leur a dit hier, voire plus. Ils ont besoin de savoir et ils vont même l'exiger, que les français vont répondre avec 100 fois plus de violence et peu importe les dégâts collatéraux.
 
Ce que Van Reybrouk ne comprend pas, c'est que le peuple français a besoin de quelqu'un comme G.W.Bush
:eek:

Non...Les Français s'en tapent de la Syrie et nombreux sont ceux qui se demandent ce que l'on fiche là-bas. On ne veut pas plus de bombardements là-bas mais plus de fermeté ici envers les personnes classées "S"...
 
:eek:

Non...Les Français s'en tapent de la Syrie et nombreux sont ceux qui se demandent ce que l'on fiche là-bas. On ne veut pas plus de bombardements là-bas mais plus de fermeté ici envers les personnes classées "S"...
Oui c'est exactement ce qu'aurait un G.W.Bush. Il aurait immédiatement ordonné un Guantanamo à la française.
Dites-moi, vous partagez le même script avant de répondre?
 
Oui c'est exactement ce qu'aurait un G.W.Bush. Il aurait immédiatement ordonné un Guantanamo à la française.
Dites-moi, vous partagez le même script avant de répondre?
J'entrave que dalle à ce que tu dis...Bush aurait fait un Guantanamo à la française? Lol.
Et je partage le même script avec qui?
Bush?
Puis arrête de me vouvoyer...ici c'est: "copain/copine la main sur l'aubergine"...
 
J'entrave que dalle à ce que tu dis...Bush aurait fait un Guantanamo à la française? Lol.
Et je partage le même script avec qui?
Bush?
Puis arrête de me vouvoyer...ici c'est: "copain/copine la main sur l'aubergine"...
Je ne tutoie que ceux que j'aime.
Un président français comme Bush, aurait créé un Guantanamo en France pour exaucer votre souhait d'être plus fermes avec les personnes classées S.
 

David39

On est les enfants oublié de l'Histoire les amis!
VIB
Ce que @David39 Van Reybrouk ne comprend pas, c'est que le peuple français a besoin de quelqu'un comme G.W.Bush, ils ont besoin d'entendre ce que Mr le président leur a dit hier, voire plus. Ils ont besoin de savoir et ils vont même l'exiger, que les français vont répondre avec 100 fois plus de violence et peu importe les dégâts collatéraux.
Je sais pas c'que t'as à pas me lâcher la grappe, j'espère que ça ne t'empêche pas de dormir au moins, mais je suis ravi de te voir averti :)
 
Haut