Lettre ouverte au Président Hollande sur la crise du Congo

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Monsieur le Président,

Une crise particulièrement grave sévit actuellement dans un pays, la République Démocratique du Congo. Des populations civiles, dont des femmes et des enfants, sont la proie de violences et d’actes d’atrocités caractérisés par des massacres à l’arme blanche et les viols de masse. Une tragédie qui se déroule dans un incompréhensible silence de la communauté internationale, vers qui pourtant se tournent avec espoir les victimes des violations aussi graves des droits fondamentaux.


Vous présidez aux destins d’une grande nation, la France, qui, par tradition, s’est toujours courageusement engagée aux côtés des peuples martyrisés. Vous pouvez, Monsieur le Président, vous engager aux côtés des populations congolaises et contribuer de façon décisive à mettre un terme à l’interminable tragédie du Congo, dont le nombre des victimes, selon les estimations, a nettement franchi le seuil de six millions de morts.

C’est de loin la pire saignée humaine jamais subie par aucun autre peuple depuis la Seconde Guerre mondiale.

Deux mesures, parmi tant d’autres, peuvent être rapidement adoptées et mises en œuvre par la France : le déploiement d’une force de protection de la population, essentiellement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et l’arrêt de l’exploitation anarchique des gisements miniers dans cette partie du pays.

Sur l’engagement militaire, Monsieur le Président, notez qu’une force des Nations Unies, la MONUSCO, est déployée dans le pays depuis une décennie. Cependant, en dépit des moyens qui lui sont consacrés (plus d’un milliard de dollars par an), son efficacité est si faible que les populations sont quotidiennement la cible d’attaques, parfois à proximité des campements onusiens.

Il est certain qu’en renforçant le dispositif des casques bleus, par des troupes françaises, vous garantirez l’effet de dissuasion et la certitude que les auteurs d’atrocités contre la population répondraient désormais de leurs actes.

Ce type de dispositif (casques bleus – armée française) a déjà produit des résultats dans d’autres conflits.


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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
En Côte-d’Ivoire, la guerre civile aurait pu durer encore longtemps si la France, dans le cadre de l’Opération Licorne, n’avait pas apporté cet appui décisif qui a permis de mettre fin aux hostilités et d’épargner des vies humaines. Au Congo même, en été 2003, l’intervention de l’armée française, dans le cadre de l’Opération Artémis, avait permis de stabiliser la Province d’Ituri, aujourd’hui pacifiée, ce qui est à l’honneur de la France.

Le même type d’engagement dans les Provinces en conflit du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ne peut que produire des résultats comparativement positifs.

La deuxième mesure que la France pourrait rapidement mettre en œuvre est l’arrêt de l’exploitation anarchique des gisements miniers du Congo, en particulier dans les zones de conflit que sont le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.

Cette région regorge d’importantes réserves minières - or, diamant, cassitérite, manganèse - et surtout le coltan, très précieux dans la fabrication des téléphones portables et autres appareils électroniques ; dans l’industrie d’armement et dans l’aéronautique. Leur exploitation s’opère dans le déni le plus tragique des droits élémentaires de la population (travail forcé, travail des enfants, viols de masse, massacres, pillage des récoltes, déplacement des populations,…). Une exploitation anarchique qui procure aux groupes armés les ressources leur permettant de poursuivre indéfiniment les hostilités causant la mort, la désolation et l’exode des populations.

En contrôlant rigoureusement ces zones minières, on assècherait le financement des groupes armés qui, privés de ressources, n’auraient, de toute évidence, plus de quoi perpétuer la guerre de prédation qu’ils mènent depuis maintenant trop longtemps. On créerait dans la foulée les conditions d’une exploitation saine, dans la paix et pour la prospérité de la région.

Monsieur le Président, il est évident que les défis auxquels la France est confrontée sont tels que l’essentiel de vos efforts sera naturellement consacré aux préoccupations des Français. Il est toutefois à l’honneur de la France que vous puissiez consacrer, dans le cadre de la politique extérieure, un peu plus d’effort que ce qui est actuellement fait. Le peu d’effort, que vous pourrez consacrer à la souffrance des populations congolaises, sauvera des vies humaines aujourd’hui désespérément condamnées et contribuera de façon concrète, à l’espoir de paix et de prospérité pour des millions d’Africains.



Boniface MUSAVULI

Militant des droits de l’Homme
 
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