L'homme qui a tout vécu

Moment de détente... Admirez comment au pays de Descartes, les charlatans pullulent, couverts par les médias et la tribu...


C et homme est une énigme. S'il était animal, il serait caméléon, comme Zelig, le héros de Woody Allen. Marek Halter raconte avec talent comment il prend le thé à la table des grands de ce monde, de Golda Meir à Jean-Paul II, de Nasser à Eltsine, de Sharon à Poutine. Une amie le décrit en Candide de Saint-Germain-des-Prés, un « optimiste qui ne se décourage jamais. Il est capable de se lever le matin en se disant qu'il passera dans la journée un coup de fil à des puissants pour demander la paix sur la planète ».Halter a des histoires à revendre. Le pape décède, il raconte une audience et un déjeuner à la bonne franquette avec le souverain pontife. Arafat trépasse, Marek Halter narre son « amitié »

L'auteur du best-seller « La mémoire d'Abraham », et plus récemment d'une série sur les femmes de la Bible, « Sarah », « Tsippora » et « Lilah », chez Robert Laffont, ne dédaigne pas de se mettre en scène. Pour parler de l'Histoire et de l'actualité, le publiciste à succès confie ses souvenirs. En fait, il se cache derrière sa notoriété. Etre volubile est parfois, comme on sait, le meilleur moyen de se taire.

Une figure de la scène médiatique aura rarement été un tel tas de secrets. Le curriculum vitae de Marek Halter est ardu à déchiffrer comme la kabbale, tant il semble avoir eu de vies. Avec sa barbe, sa chevelure de Samson et sa plastique antique, ce Depardieu du récit biblique a une tête à jouer Moïse dans un péplum. Selon une de ses amies, « il a le visage de Jupiter dans le "Jupiter et Thétis" d'Ingres ».

Le mystère Marek Halter remonte à sa naissance. Il a vu le jour à Varsovie avant la guerre. Sa mère, Perl, était poétesse yiddish, son père, Salomon, imprimeur. Pour le reste, l'état civil de l'écrivain est intrigant. D'abord, Marek ne s'appelle pas Marek, mais Aron, comme le prouve son extrait d'acte de naissance. ll avance une explication : « Il y avait une erreur sur le visa collectif de ma famille, à notre arrivée en France juste après la guerre. »« Aron était un faux ***, qui a fait construire le veau d'or, je n'aime pas ça. »Date de naissance ? L'écrivain indique partout le 27 janvier 1936, sur sa fiche « Who's who » et les documents officiels par exemple. L'année est fausse. La date officielle de l'état civil français, qui figure sur sa carte d'identité ou son passeport, est le 27 janvier 1932. « C'est une autre erreur de l'état civil,et je n'ai jamais cherché à la rectifier. »« j'avais 9 ans »

Coquetterie d'un homme soucieux de cacher son âge ? Le détail n'est pas sans importance. Car il permet de préciser les premières années de sa vie, notamment ce qui en serait l'événement fondateur : la fuite du ghetto de Varsovie par les égouts. Depuis qu'il est allé frapper à la porte de Sartre, auquel il lança: « Je suis un survivant du ghetto »,« Alors, vous êtes né à Varsovie ? »« Non, Saint-Père, je suis né dans le ghetto de Varsovie. »

Dans les cercles yiddish de Paris, les contradictions de Marek Halter font jaser depuis longtemps. En mars 1980, Michel Borwicz, un historien du ghetto, publie un libelle dans le quotidien Unzer Wort
Des fleurs pour Staline.



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