Un lien entre accouchement accéléré et dépression

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la rose et le réséda
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Les femmes qui reçoivent l’hormone accélérant ou provoquant le travail ont un risque plus élevé de faire une dépression post-partum.

Un sentiment de culpabilité, une tendance à se replier sur soi, des pensées morbides… Ce triste tableau est le lot de 13 % des jeunes accouchées en France. À ne pas confondre avec le baby blues - un épisode qui touche plus d’une femme sur huit dans les semaines suivant l’accouchement -, la dépression du post-partum est une véritable maladie dont l’origine est mal connue.

Des chercheurs de la faculté de médecine du Massachusetts (États-Unis) ont tenté d’identifier le rôle joué par l’oxytocine, une hormone parfois administrée aux femmes pour accélérer le travail ou prévenir le risque d’hémorragie. L’oxytocine est l’homologue synthétique de l’ocytocine, une hormone connue pour son rôle dans les contractions utérines lors de l’accouchement, l’allaitement, le lien social ou encore dans le stress. En France, plus de 60 % des femmes en voie d’accoucher en reçoivent.

«Plus les femmes reçoivent d’oxytocine, plus elles sont susceptibles de connaître un état dépressif»

Dr Emmanuel Simon, gynécologue obstétricien au CHRU de Tours

Depuis 2011, plusieurs études ont mis en évidence un lien entre dépression avant l’accouchement et faible concentration en ocytocine naturelle dans le sang des futures mamans. Les auteurs de cette nouvelle étude ont donc émis l’hypothèse que l’injection d’oxytocine synthétique durant l’accouchement pourrait prévenir le risque de dépression. Contre toute attente, ce n’est pas ce qu’ils ont découvert. Leurs résultats, publiés dans la revue Depression and Anxiety, montrent que les femmes ayant reçu une injection d’oxytocine pendant leur accouchement ont 35 % de risque supplémentaire de faire une dépression, par rapport aux autres. Parmi les 46.732 femmes incluses dans l’étude, celles présentant des antécédents de troubles psychiques exposées à de l’oxytocine étaient même légèrement plus à risque que les femmes en bonne santé mentale non exposées (36 % contre 32 %). «Nos données démontrent que l’administration d’oxytocine synthétique pendant le travail a un impact négatif sur l’humeur dans les mois après l’accouchement», notent les auteurs, bien que les mécanismes d’action qui sous-tendent ce phénomène ne soient pas élucidés.

Éviter les hémorragies placentaires
«Le niveau de preuves reste faible, l’étude ne permet pas d’établir un lien de causalité, affirme le Dr Emmanuel Simon, gynécologue obstétricien au CHRU de Tours. De nombreux facteurs pouvant jouer sur la dépression n’ont pas été pris en compte, tels que le mode d’accouchement ou la situation affective de la femme.» Néanmoins, le Dr Simon et ses collègues sont sur le point de publier des travaux similaires menés auprès de 400 femmes. «Nos résultats suggèrent que plus les femmes reçoivent d’oxytocine, plus elles sont susceptibles de connaître un état dépressif», dévoile-t-il. En décembre dernier, le Collège national des sages-femmes de France (CNSF) avait émis ses premières recommandations afin de limiter le recours systématique à cette hormone impliquée en outre dans des hémorragies post-partum. «Ces données nous alertent une fois de plus sur le fait que l’oxytocine n’est pas une molécule anodine, et donc qu’il faut l’utiliser avec parcimonie, affirme Laurent Gaucher, sage-femme aux Hospices civils de Lyon. Cependant, elle reste indispensable pour décoller le placenta après l’accouchement et éviter ainsi les hémorragies placentaires. Dans les autres indications, il faut peser le pour et le contre.»

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