L'instrumentalisation et la responsabilité

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Neumann : Zyed et Bouna, Kerviel..., quand les politiques perdent les pédales
Le Point - Publié le 23/05/2015 à 09:10

Vous ne le saviez pas, mais cette semaine se déroulait en France le championnat du monde d’instrumentalisation politique. Un vrai festival !

L
'’affaire Kerviel d’abord.
Mediapart révèle qu’une commandante de police, respectable et respectée, est revenue, deux ans après le verdict, sur les dysfonctionnements de sa propre enquête, jetant ainsi le doute sur la sincérité des éléments fournis par la Société générale aux enquêteurs et aux juges d’instruction. De quoi nourrir l’hypothèse d’un procès en révision ? Personne n’en sait rien, mais qu’importe. L’aveu de cette fonctionnaire de police, certes déroutant, a aussitôt donné le coup d’envoi d’une formidable opération politique.

De Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan, en passant par l’écologiste Eva Joly, le député socialiste Yann Galut et le sénateur communiste Éric Bocquet, tous se sont précipités pour soutenir Jérôme Kerviel – forcément innocent -, condamner la Société générale – forcément coupable – et dénoncer l’État – forcément complice.
Les uns réclament un procès en révision ; les autres, une commission d’enquête parlementaire.
Tous en appellent au remboursement par l’État de la déduction fiscale de 1,7 milliard d’euros accordée à la banque. Avant même que l’enquête ait abouti, avant même de savoir si, au-delà du témoignage de cette fonctionnaire de police, il existe réellement des faits nouveaux tangibles.

L’affaire Zyed et Bouna ensuite.
La justice décide de relaxer les deux policiers qui étaient accusés de non-assistance à personne en danger dans la mort des jeunes Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois en 2005.
L’encre du jugement à peine sèche, une myriade de responsables politiques sont alors sortis de leur réserve pour instrumentaliser ce verdict à des fins politiques.

À gauche pour déplorer ce jugement : « Morts pour rien, niés par la justice. Ce jugement est incompréhensible », écrit Emmanuelle Cosse (EELV) ; « On ne sait pas rendre la justice à nos enfants », renchérit Raquel Garrido, porte-parole du Parti de gauche ;
« Faire justice est bien, rendre justice est mieux », complète le député PS Alexis Bachelay, en citant Victor Hugo.

À droite pour se féliciter de cette décision. L’UMP Éric Ciotti s’est ainsi réjoui de la relaxe des deux policiers « injustement mis en cause depuis dix ans » ;
Christian Estrosi, le maire de Nice, a préféré exprimer sa compassion aux policiers « qui ont perdu dix ans de vie professionnelle » plutôt qu’aux «familles [qui] n’ont qu’à éduquer leurs enfants et faire en sorte qu’ils ne soient pas des délinquants ».
Marion Maréchal-Le Pen, elle, s’est carrément distinguée en tweetant : « Ce verdict prouve que la racaille avait bien mis la banlieue à feu et à sang par plaisir et non à cause d’une bavure policière. »

Une leçon de responsabilité

Les raisons politiques d’une telle instrumentalisation sont assez évidentes, mais est-ce bien responsable ? Ces « responsables » politiques se rendent-ils bien compte des dégâts qu’ils peuvent causer en commentant une décision de justice aussi sensible ? Ont-ils conscience qu’après le jugement, les familles de Zyeb et Bouna leur ont donné, à l’inverse, une leçon de « responsabilité » ?

Instrumentalisation encore à propos de la réforme du collège quand la droite accuse le gouvernement de vouloir « niveler l’école par le bas »
et quand la gauche lui rétorque qu’en défendant l’excellence au collège, la droite veut « promouvoir une école élitiste qui exclut les plus défavorisés ».

Instrumentalisation toujours quand certains, à droite, rêvent de jouer le match retour de la loi sur le mariage pour tous en utilisant le débat sur la gestation pour autrui (GPA).
Chacun sait bien, pourtant, que la GPA est interdite en France
– c’est la position constante de l’exécutif – et que, pour autant, il faut bien protéger les enfants nés d’une GPA à l’étranger en leur accordant un état civil. Au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant.

Il y a des semaines, comme ça où l’on voudrait dire à certains « responsables politiques » : oubliez un peu la politique, soyez responsables !

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