L'Islande au bord de la faillite?

Par Christophe ISRAËL
leJDD.fr

L'Islande est touchée de plein fouet par la crise financière. L'endettement record des banques, ajouté à l'énorme bulle spéculative apparue depuis quelques mois mettent en péril les fondamentaux économiques. Sauvé de la banqueroute en mai dernier grâce à un prêt octroyé par ses voisins scandinaves, le 5e pays le plus riche du monde pourrait voir son système bancaire s'écrouler.

Coup de chauffe en terre de glace. L'Islande pourrait privatiser une partie du secteur énergétique pour éviter la faillite. (Reuters)Coup de chauffe en terre de glace. L'Islande pourrait privatiser une partie du secteur énergétique pour éviter la faillite. (Reuters)
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Panique au pays des geysers. Longtemps absente du tableau des puissances économiques, la petite île isolée dans les eaux froides de l'Atlantique s'est depuis quelques années taillée la part du lion dans l'économie. Fort de nombreuses acquisitions, financées au prix d'un endettement record - cinq fois la valeur du PIB -, l'Islande s'est hissé à la cinquième place du classement des pays les plus riches du monde. Avec un PIB par habitant de 37 000 dollars, une croissance annuelle supérieure à 4% et la première place sur le podium des pays les plus développés -selon l'indice de développement humain de l'ONU, l'IDH -, le pays s'est donné l'image d'un véritable eldorado.

Un tableau idyllique que la réalité économique a sévèrement corrigé. Une fois rapporté à la population islandaise, un peu plus de 300 000 habitants, le PIB ne représente "que" 11 milliards de dollars, quand l'endettement dépasse lui 50 milliards... Certes, les grandes banques du pays, Kaupthing, Landsbanki Islands et Islandsbanki, n'ont jamais eu besoin de recourir aux crédits hypothécaires à risque, comme aux Etats-Unis. Mais pour financer ses investissements directs à l'étranger (IDE), l'Islande a eu recours à l'emprunt. Jusqu'à plus soif. Au début de l'année 2008, les actifs des établissements bancaires de l'île représentaient ainsi neuf fois le PIB national. Pas de quoi affronter une crise financière dans les meilleures dispositions.



Dès les premiers signes de la crise, les fonds de placements - hedge funds-, qui avaient massivement placé leur argent dans cette valeur sûre qu'était la terre de glace, ont retiré leurs avoirs. Suffisant pour mettre le système islandais en difficulté. En cas d'éclatement de la bulle spéculative, le pays plongerait inévitablement dans la récession. Il y a tout juste quatre mois, la banque centrale islandaise se voyait accorder par ses homologues de Suède, du Danemark et de Suède, la possibilité d'un emprunt exceptionnel d'un milliard et demi d'euros. Pas de quoi assainir en profondeur l'économie islandaise, prophétisent alors les analystes. Tout juste de quoi repousser l'échéance d'une crise grave, si rien n'est fait pour régler les déséquilibres macroéconomiques du pays.

Parmi ces déséquilibres, l'inflation à deux chiffres ne cesse d'inquiéter les économistes. Alors que la Banque centrale islandaise a relevé ses taux d'intérêt jusqu'à 15%, sans que cela ait un effet notable sur le ralentissement de l'inflation. C'était sans compter la faiblesse de la monnaie nationale, la krona. La petite taille du marché monétaire la rend particulièrement vulnérable aux attaques de fonds spéculatifs, qui jouent avec la couronne comme sur un tapis vert... avec quelques milliards.

Une restructuration profonde nécessaire

La situation est aujourd'hui problématique. La faillite d'un seul des trois établissements bancaires mettrait la Banque centrale islandaise face à un problème de liquidités tel qu'elle ne pourrait seule y faire face. Le pays serait alors en faillite. Confrontée à cette situation en 1998, l'Argentine avait été placée sous la tutelle du FMI, qui lui avait imposé des réformes structurelles lourdes, et aux conséquences parfois douloureuses.

Le gouvernement doit donc réagir afin d'éviter que l'économie islandaise ne soit définitivement frappée, en cas d'insolvabilité de ses établissements bancaires. Et cela pourrait passer par des privatisations. "Le gouvernement ne renoncera pas à sa propriété des ressources énergétiques telles que l'énergie géothermique" (pilier de la politique énergétique du pays, ndlr), a prévenu le premier ministre, Geir Haarde. Mais pourrait procéder à des privatisations dans la production d'énergie et d'autres secteurs. "Il y a certainement des ouvertures en ce qui concerne la participation du secteur privé", a concédé le premier ministre. Ironie du sort, la même crise conduit dans le même temps les Etats-Unis à nationaliser leurs pertes. L'Islande, elle, a besoin d'argent frais. Et vite.
http://www.lejdd.fr/cmc/economie/200838/l-islande-au-bord-de-la-faillite_149889.html
 

ilioucha

Vas insigne devotionis
Le Kremlin vient d'accorder un près de 4 milliard de dollars à la banque centrale islandaise. Premièrement parce qu'effectivement ce pays est au bord de la faillite et ça n'arrange personne, secundo pour restaurer le crédit russe sérieusement ébranlé par la débâcle boursière d'hier...
 

zigotino

FluCtuAt NeC MeRgitUr
VIB
Je pense sincèrement que l'étendue des dégâts via des secousses telluriques d'une crise qui a commencé en 2007 aux EUA ne sont pas prêts de s'arrêter.

D'autres pays, tout aussi sinon plus petits, ayant des banques puissantes risquent également de sombrer.

Le plan de 300 Mds de $ proposé par le candidat Mc Cain est un bon début pour les EUA mais cela ne suffira pas à renflouer les pertes colossales des banques américaines et l'érosion du pouvoir d'achat des Américains.

La confiance des marchés comme des ménages est primordiale. Il suffirait d'un électrochoc pour que les choses basculent définitivement du mauvais côté et les renflouements des banques RBS au Royaume Uni montrent bien que l'érosion des capitaux est bcp plus grande que l'on ne l'imaginait.

++
 
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