Destin dun souverain savant et diplomate
« Le Califat imaginaire dAhmad al-mansour » de Nabil Mouline
Dans son ouvrage « le Califat imaginaire dAhmad al-Mansour », Nabil Mouline, docteur en histoire, diplômé de lInstitut des Etudes Politiques et chercheur à Sciences Po-Paris, nous en dit plus. Mieux, il est plein darguments pour défendre sa thèse selon laquelle les Zaydanides (quon a pris lhabitude dappeler les Saadiens) et surtout Ahmad al-Mansour ed-Dahbi, avaient été à lorigine de la fondation de la monarchie marocaine telle quelle sétait préservée jusquà nos jours. Une institution efficace à caractère supra-tribal fédérateur facteur dunion dans un contexte de danger permanent dinvasion et de dépendance où se fit sentir le besoin de rassembler toute les forces pour faire front. A lépoque ce fut une innovation par rapport aux héritages almoravides, almohades et mérinides Etats fondés à lorigine sur lesprit de corps, asabiyya.
«  tous les projets qui essayèrent de faire abstraction de lascendance sharifienne tels les projets dillaite, ayyachide et samlalide auXVIIème bien que reposant sur la asabiyya tribale, la religiosité des détenteurs du pouvoir (tous marabouts) et sur lidéologie du jihad ne purent concrétiser leurs projets et dominer le pays en entier »
Cette institution monarchique, telle que parachevée par Ahmad al-Mansour, reposait sur un projet triptyque qui est en premier lieu de « légitimer le pouvoir à lintérieur du pays, ensuite échapper à la domination étrangère notamment ottomane et ibérique et enfin mener une politique impérialiste ».
Pour le premier volet, il sagit davoir un « dispositif légitimateur dont les principaux supports sont le discours sous ses différentes formes, les insignes du pouvoir et le cérémonial »
Dans la même optique, Ahmad al-Mansour va pousser laudace jusquà adapter lidéologie califale, la monarchie universelle islamique pour mieux contrer lempire ottoman.
On comprend à la lecture que la prétention califale est bien plus une manière de se fonder sa propre légitimité et par là même délégitimer toute entreprise doccupation ottomane, danger permanent provenant de lEst du pays. Or, pour parvenir à ses fins, il fallait se parer de laura califale qui requiert davoir ascendance sharifienne arabe ; ce à quoi le sultan de la Porte Sublime ne saurait prétendre étant turc. De là, il devient inconcevable que le sultan-sharif soit le vassal du souverain de la Porte.
Lidélogie califale est surtout une expression imagée extérieure. Du coup, il est fait appel aux regalia. Ainsi, le sultan fait lui-même le prêche du vendredi et guide la prière, nayant personne devant lui, porte le costume blanc mansouriyya, selham et turban, frappe la monnaie sekka, institue lombrelle au cours de la beya, etc.
Par ailleurs, le système de gouvernement est renforcé par une armée moderne portant influences ottomanes et européennes avec plusieurs corps différents, opposés et où il est fait appel aux Andalous et aux renégats, ûluj, ceux-ci jugés plus sûrs, plus fidèles, de ce fait constituant la garde rapprochée et font partie de la maison du sultan. Lauteur affirme qual-Mansour était le premier à avoir introduit dans larmée les abid al-boukhari. En plus de linstitution de ladministration du Makhzen, il y a un système financier centralisé qui fait de Ahmad al-Mansour lun des souverains réputé les plus riches au point que des souverains européens penseront à lui pour avoir des emprunts. Cest surtout la diplomatie qui surprend par sa dynamique de savoir jouer avec les alliances et les rivalités des uns et des autres pour un pays tampon qui possède une situation géostratégique exceptionnelle avec des puissances en confrontation continuelle, les Ottomans à lEst, les Ibériques (espagnols et Portugais) au Nord, sans oublier les Hollandais, les Français et les Anglais.
Ahmad al-Mansour va jouer sur tous les plans, exploitant les rivalités entre les différents pays européens en conflits, au point de nourrir le rêve de reconquête de lEspagne catholique avec laide des Hollandais, Français et particulièrement les Anglais protestants, surtout que les Morisques opprimés ne cessent dappeler au secours, tantôt dirigeant leur regard vers le Maroc ou encore vers les Ottomans....
Lhistorien a su décrire lintelligence du diplomate Ahmad al-Mansour, sa perspicacité de meneur dhommes qui a su sentourer dune multitude de savants dans tous les domaines, le bâtisseur de Ksar Badii, aussi lhomme de caractère qui peut aller audacieusement au bout de son idée malgré les conseils prudent de ses thuriféraires....
Lire l'article entier sur
http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&info=1091
Saïd AFOULOUS
L'opinion
« Le califat imaginaire dAhmad al-Mansur: pouvoir et diplomatie a Maroc au 16e siècle », essai de Nabil Mouline, éditions PUF.
« Le Califat imaginaire dAhmad al-mansour » de Nabil Mouline
Dans son ouvrage « le Califat imaginaire dAhmad al-Mansour », Nabil Mouline, docteur en histoire, diplômé de lInstitut des Etudes Politiques et chercheur à Sciences Po-Paris, nous en dit plus. Mieux, il est plein darguments pour défendre sa thèse selon laquelle les Zaydanides (quon a pris lhabitude dappeler les Saadiens) et surtout Ahmad al-Mansour ed-Dahbi, avaient été à lorigine de la fondation de la monarchie marocaine telle quelle sétait préservée jusquà nos jours. Une institution efficace à caractère supra-tribal fédérateur facteur dunion dans un contexte de danger permanent dinvasion et de dépendance où se fit sentir le besoin de rassembler toute les forces pour faire front. A lépoque ce fut une innovation par rapport aux héritages almoravides, almohades et mérinides Etats fondés à lorigine sur lesprit de corps, asabiyya.
«  tous les projets qui essayèrent de faire abstraction de lascendance sharifienne tels les projets dillaite, ayyachide et samlalide auXVIIème bien que reposant sur la asabiyya tribale, la religiosité des détenteurs du pouvoir (tous marabouts) et sur lidéologie du jihad ne purent concrétiser leurs projets et dominer le pays en entier »
Cette institution monarchique, telle que parachevée par Ahmad al-Mansour, reposait sur un projet triptyque qui est en premier lieu de « légitimer le pouvoir à lintérieur du pays, ensuite échapper à la domination étrangère notamment ottomane et ibérique et enfin mener une politique impérialiste ».
Pour le premier volet, il sagit davoir un « dispositif légitimateur dont les principaux supports sont le discours sous ses différentes formes, les insignes du pouvoir et le cérémonial »
Dans la même optique, Ahmad al-Mansour va pousser laudace jusquà adapter lidéologie califale, la monarchie universelle islamique pour mieux contrer lempire ottoman.
On comprend à la lecture que la prétention califale est bien plus une manière de se fonder sa propre légitimité et par là même délégitimer toute entreprise doccupation ottomane, danger permanent provenant de lEst du pays. Or, pour parvenir à ses fins, il fallait se parer de laura califale qui requiert davoir ascendance sharifienne arabe ; ce à quoi le sultan de la Porte Sublime ne saurait prétendre étant turc. De là, il devient inconcevable que le sultan-sharif soit le vassal du souverain de la Porte.
Lidélogie califale est surtout une expression imagée extérieure. Du coup, il est fait appel aux regalia. Ainsi, le sultan fait lui-même le prêche du vendredi et guide la prière, nayant personne devant lui, porte le costume blanc mansouriyya, selham et turban, frappe la monnaie sekka, institue lombrelle au cours de la beya, etc.
Par ailleurs, le système de gouvernement est renforcé par une armée moderne portant influences ottomanes et européennes avec plusieurs corps différents, opposés et où il est fait appel aux Andalous et aux renégats, ûluj, ceux-ci jugés plus sûrs, plus fidèles, de ce fait constituant la garde rapprochée et font partie de la maison du sultan. Lauteur affirme qual-Mansour était le premier à avoir introduit dans larmée les abid al-boukhari. En plus de linstitution de ladministration du Makhzen, il y a un système financier centralisé qui fait de Ahmad al-Mansour lun des souverains réputé les plus riches au point que des souverains européens penseront à lui pour avoir des emprunts. Cest surtout la diplomatie qui surprend par sa dynamique de savoir jouer avec les alliances et les rivalités des uns et des autres pour un pays tampon qui possède une situation géostratégique exceptionnelle avec des puissances en confrontation continuelle, les Ottomans à lEst, les Ibériques (espagnols et Portugais) au Nord, sans oublier les Hollandais, les Français et les Anglais.
Ahmad al-Mansour va jouer sur tous les plans, exploitant les rivalités entre les différents pays européens en conflits, au point de nourrir le rêve de reconquête de lEspagne catholique avec laide des Hollandais, Français et particulièrement les Anglais protestants, surtout que les Morisques opprimés ne cessent dappeler au secours, tantôt dirigeant leur regard vers le Maroc ou encore vers les Ottomans....
Lhistorien a su décrire lintelligence du diplomate Ahmad al-Mansour, sa perspicacité de meneur dhommes qui a su sentourer dune multitude de savants dans tous les domaines, le bâtisseur de Ksar Badii, aussi lhomme de caractère qui peut aller audacieusement au bout de son idée malgré les conseils prudent de ses thuriféraires....
Lire l'article entier sur
http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&info=1091
Saïd AFOULOUS
L'opinion
« Le califat imaginaire dAhmad al-Mansur: pouvoir et diplomatie a Maroc au 16e siècle », essai de Nabil Mouline, éditions PUF.