Saint Augustin a dit : "A une loi injuste nul n'est tenu d'obéir".
Certes. Comment mesurer le degré d'injustice ? Celui-ci n'est-il pas dépendant des perceptions individuelles.
Je l'ai déjà dit maintes et maintes fois mais la loi humaine ne peut mener qu'à l'anarchie et au relativisme ou alors au suivisme aveugle de ce qu'il y a de plus immoral (ce qui est peut-être pire)
Saint Augustin : la politique comme Cité de Dieu (théocratie)
Quelle évolution décisive est apportée par Saint-Augustin à la pensée politique d’avant la révélation ? L’introduction de Dieu bien sûr en tant que fondement de la politique.
Partons de l’onto-théologie d’Augustin : les hommes sont égaux, mais crées par Dieu, comme sujets.
Augustin distingue deux règnes, celui des hommes et celui de Dieu, le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Le pouvoir temporel, parce qu’il se fonde sur le droit naturel, lequel part de l’inégalité physique est hommes, est imparfait. Le pouvoir temporel doit donc se soumettre au pouvoir spirituel, parfait et juste. L’ Etat, chez Augustin, doit être le garant de l’ordre divin, être au service des intérêts de l’Eglise (ce que réfutera Guillaume d’Ockam à Saint Augustin)
Le but de la politique sera donc la constitution d’une «théocratie pontificale», c’est-à-dire à l’affirmation de la domination universelle, sur le plan temporel comme sur le plan spirituel, de la suprématie des papes sur les princes, les empereurs ou les présidents
Quid de la démocratie donc ?
L’autonomie politique des hommes n’est qu’un leurre, les hommes doivent d’en remettre à Dieu. C’est ce motif qui justifie la théocratie : sans Dieu, les hommes vivant en communauté ne peuvent répandre, selon Augustin, que l’injustice.
Augustin opère un renversement total dans l’origine du pouvoir. Si pour les grecs Aristote et Platon le pouvoir provenait de la rationalité, le pouvoir chez Augustin prend sa source dans la création divine. Et malgré leur égalité, les hommes sont placés dans une position d’hétéronomie. On passe d’un ordre immanent, dans lequel les hommes sont maîtrisent leur destinée politique, à un ordre transcendant, dominé par Dieu.
Ainsi, si Augustin ne pose pas vraiment la question du meilleur régime, son onto-théologie nous renseigne sur sa position : la démocratie ne saurait être qu’un régime injuste, sans légitimité.
Thomas d’Aquin (ou Saint Thomas) : le syncrétisme politico-religieux (monarchie religieuse)
Le thomisme a sans doute encore plus influencé l’histoire que l’augustinisme. Il fait autorité dans tous les milieux religieux.
Pour répondre à la question du régime idéal chez Thomas d’Aquin, il faut répondre à la question : qu’est-ce que le bien ?
Thomas d’Aquin place sa pensée dans un contexte multiple. Il connaît toutes les oeuvres des grecs et tentera, toute sa vie, de concilier les acquis de la philosophie grecque (surtout d’Aristote) et la Révélation Divine.
Thomas d’Aquin reprend l’idée d’Aristote selon laquelle les communautés sont naturelles, c’est-à-dire correspondent à un besoin, celui de protection mutuelle. A partir de là, Thomas d’Aquin distingue 4 formes de droit :
– le droit divin, inaccessible à la raison humaine
– le droit naturel, accessible à la raison humaine
– le droit positif divin, celui de l’Eglise
– le droit positif humain, établi par les hommes
Bien sûr, le droit divin est l’objectif. Mais comme il reste inintelligible, c’est à l’Eglise, à travers le droit positif divin, de faire accéder les hommes et leur lois (droit positif humain), de les faire se conformer au droit naturel.
Qui doit incarner ce droit naturel ? Selon Thomas d’Aquin, seul un monarque peut bénéficier de la légitimité divine. Dieu remettrait au Prince la souveraineté, en ferait le dépositaire temporel afin qu’il mène les peuples vers le droit naturel. Cette hypothèse justifiera d’ailleurs toutes les monarchies du Moyen-Age.
Le Bien consiste donc à respecter l’ordre naturel établi par Dieu.
Donc, le concept de démocratie, après être apparu très tôt, est en net déclin au Moyen-Age. Les penseurs politiques de l’après révélation font de Dieu la source de la légitimité et pouvoir et sa finalité : les communautés politiques n’existent que par et pour Dieu.
Il faudra attendre le 18ème pour qu’une philosophie politique démocrate et moderne fasse son apparition.
La pensée politique de Saint-Augustin et Saint Thomas d’Aquin
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Bref cette phrase n'a pas grand sens dans un système démocratique où de surcroit la justice ne se réduit plus au droit naturel.
Si l'on souhaite malgré tout poursuivre vers un néothomisme j'aime bien ce lien qui parle du bouquin d'Hannaps "Socrate contre Antigone" :
Faut-il obéir aux lois injustes ? - Objection !
Ainsi, l’obéissance à l’autorité politique peut s’appuyer sur plusieurs motivations : l’assentiment à une décision objectivement bonne pour la cité, la confiance due aux vertus ou aux compétences (quand elles existent bien sûr) des gouvernants, et enfin le simple respect non de la personne des gouvernants mais de la hiérarchie légale, c’est-à-dire de la fonction (président, ministre, policier, etc.) qu’incarne le supérieur.
On ne peut laisser à tout un chacun la faculté de juger de la bonté de la loi pour lui obéir ou non.