Louis xiv: le roi est mort

Louis XIV était sur le trône depuis si longtemps que certains croyaient presque qu'il était immortel. Plus que septuagénaire, le roi finira par s'incliner le 1er septembre 1715 devant les assauts de la maladie.
La fin du règne le plus long de l'histoire de France est marquée par de multiples épreuves, qui affectent le souverain et compromettent le bon déroulement de la succession au trône. En moins d'un an, entre avril 1711 et mars 1712, Louis XIV perd presque tous ses descendants. Dès lors, il ne lui reste plus que le duc d'Anjou pour lui succéder en ligne directe, son arrière-petit-fils vient tout juste d'avoir 4 ans. Une telle hécatombe marque profondément le roi, qui affronte la situation avec courage et dignité...

Premiers signes de gangrène
Le 9 août 1715, Louis XIV se sent fatigué au retour d'une partie de chasse dans la forêt de Marly. Le 10 août, il regagne Versailles pour la dernière fois. Son abattement ne l'empêche pas, le lendemain, d'aller se promener dans les jardins de Trianon. Le 12 août, le médecin Fagon examine son royal patient et diagnostique une sciatique, alors qu'il s'agit d'une gangrène. Le 13 août, Louis XIV accomplit un effort surhumain pour accorder son audience de congé à l'ambassadeur de la Perse et présider le Conseil des finances. Le 14 août, le mal à la jambe est si fort qu'il se fait porter dans un fauteuil pour tenir le Conseil et assister à un concert chez Madame de Maintenon.


Le 15 août, Louis XIV reste au lit pour assister à la messe de l'Assomption, qui est dite sur un autel dressé dans sa chambre. Les jours suivants, il quitte peu sa chambre, mais semble toujours croire au diagnostic de Fagon. Le 24 août, il souffre tant qu'il réclame de se confesser auprès du père Le Tellier. Sa jambe est parcourue des lignes noires qui révèlent la gangrène aux médecins. Le 25 août, jour de la fête de Saint Louis, il entend la traditionnelle aubade que ses musiciens viennent lui jouer dans son antichambre, mais, le soir, il perd connaissance pendant près d'un quart d'heure et réclame ensuite les derniers sacrements.

Les adieux aux princes de la Cour
Le 26 août, avant de sombrer dans l'agonie, Louis XIV convoque dans sa chambre tous ceux à qui il tient à faire ses adieux. Les premiers à qui le roi s'adresse sont les princes de sa Cour et il est probable qu'il les met en garde contre un risque de renouvellement des troubles de la Fronde: "Je vous demande pour mon petit-fils la même application et la même fidélité que vous avez eues pour moi. C'est un enfant qui pourra essuyer bien des traverses. Que votre exemple en soit un pour tous mes autres sujets. Suivez les ordres que mon neveu vous donnera. Il va gouverner le royaume. J'espère qu'il le fera bien. J'espère que vous contribuerez tous à l'union et que, si quelqu'un s'en écartait, vous aideriez à le ramener."


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Testament politique devant le futur Louis XV
Au milieu de la journée, le roi s'adresse à son successeur, le futur Louis XV: "Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre: c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela. J'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. Profitez de la bonne éducation que Madame la duchesse de Ventadour vous donne, obéissez-lui, et suivez aussi pour bien servir Dieu les conseils du père Le Tellier, que je vous donne pour confesseur."

Ce discours au futur roi est véritablement un testament politique, où Louis XIV insiste sur la paix. Cette pressante exhortation permet de mieux comprendre aussi la raison de l'exclusion de Philippe V du testament de 1714: donner place aux prétentions du souverain espagnol à la succession française risquerait de ranimer la guerre en Europe. En début d'après-midi, Louis XIV s'adresse aux cardinaux de Rohan et de Bissy, éminents représentants du clergé français. Il leur fait part de son inquiétude quant au règlement de la question janséniste et ajoute, en ce qui le concerne, qu'il veut mourir comme il a vécu, "dans la religion apostolique et romaine, et qu'il aimerait mieux perdre mille vies que d'avoir d'autres sentiments".


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