lutter pour ou lutter contre la corruption 2ème partie

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Quelle est cette loi, et que dit-elle ? Il s’agit du Dahir 1/11/164 relatif a loi n° 37-10 modifiant et complétant la loi n° 22-01 relative à la procédure pénale en matière de protection des victimes , des témoins, des experts et des dénonciateurs en ce qui concerne les infractions de corruption, de détournement, de trafic d’influence et autres, paru dans le Bulletin Officiel du 20 octobre 2011; et cette loi, selon certaines personnes qui connaissent bien le sujet, a été présentée comme une avancée importante en matière de protection des témoins et dénonciateurs d’infractions de corruption, détournements, trafic d’influence ou tromperie.

Que dit-elle, donc, la loi ? « S’il existe des raisons sérieuses susceptibles de mettre en danger la vie d’un témoin ou d’un expert dans n’importe quelle affaire ou d’exposer à un danger ou à un préjudice matériel ou moral, son intégrité physique ou ses intérêts fondamentaux, la vie des membres de sa famille, de ses proches, leur intégrités physique ou leurs intérêts fondamentaux, lorsqu’il a témoigné ou rapporté son expertise, le témoin ou l’expert peut demander au procureur du Roi, au procureur général du roi ou au juge d’instruction, selon le cas , que soient appliquées l’une des mesures prévues aux paragraphes 6, 7 et 8 de l’article 82-7 ci-après », soit, en vrac : mise sous surveillance du témoin, tant sur le plan corporel, qu’en plaçant ses téléphones sur tables d’écoutes, mise à sa disposition d’un numéro de téléphone spécial et spécialement relié à la Police judiciaire, pouvoir le faire témoigner dissimulé, la voix changée…

C’est cela, donc, que stipule cette loi qui dit aussi, explicitement, que nul ne peut être poursuivi en justice ou sanctionné administrativement pour avoir dévoilé un secret professionnel s’il a eu connaissance des actes qu’il a dénoncés dans l’exercice de ses fonctions.

Alors à quoi sert cette loi si on persiste à poursuivre traquer, juger des gens qui dévoilent des pratiques de corruption ou de trafic d’influence, si on continue à les licencier, voire à les embastiller ? Ne cherchons plus, le message est clair, et il est directement adressé aux corrompus toutes catégories, pour les rassurer, et aux potentiels dénonciateurs, pour les dissuader.

Dans cette historie, la responsabilité n’incombe pas aux seuls magistrats ou à cette Instance de lutte contre la corruption qui se contente jusqu’à aujourd’hui de rédiger des rapports qui vont encombrer les tiroirs… non, la responsabilité est celle de l’opinion publique, d’abord et avant tout et tous. Ces gens ont fait ce qu’ils avaient à faire et ce que leur conscience leur dictait, ils ont pris des risques en mettant en péril leurs vies, leurs jobs et leurs libertés, pour pouvoir révéler au public ce qui se faisait en privé. Ces gens doivent être soutenus et défendus par tous les leaders d’opinion, médias ou associations civiles.

Et la plus grande responsabilité revient aux médias, et essentiellement les médias indépendants qui doivent protéger leurs sources et leurs informateurs. La presse d’investigation n’a pu fleurir et prospérer en Occident que parce que les personnes détentrices d’informations savaient qu’elles bénéficiaient de la protection de la loi et de la presse qui connaît son travail et respecte sa déontologie en défendant, soutenant, protégeant ses sources de l’information.
 
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