Maladies chroniques : le gouvernement va-t-il rogner les remboursements des ald ?

mam80

la rose et le réséda
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Paris, France – Les patients en affection longue durée (ALD) concentrent deux tiers des dépenses de la Sécu, un chiffre considérable. Dans le contexte de la recherche de stratégies d’économies de santé tous azimuts, le Trésor qui dépend du ministère de l’économie de Bercy, a fait paraitre dans sa revue Trésor Eco (2) une étude sur l’avenir du dispositif de prise en charge des ALD (à 100%) jugé trop onéreux et inutile.

« Les remboursements des soins des patients en ALD représentent actuellement les deux tiers des dépenses de l’assurance maladie, soit presque 90 milliards d’euros, pour des dépenses totales de la sécu de 153,4 Md € » note les auteurs de cette étude.

Et le nombre d’assurés en ALD, du fait entre autres du vieillissement de la population, et d’une prévalence galopante des ALD, n’arrête pas de croitre : entre 1994 et 2012, les patients en ALD sont passés de 3,3 millions à 9,5 millions.

Conséquence : la part des dépenses remboursées aux patients en ALD, de l’ordre de 66% en 2011, passerait à 68% en 2025, et « les dépenses de santé remboursées atteindraient alors 8,3% du PIB contre 6,6% en 2011, soit +32 milliards d’euros ».

Le dispositif ALD coûte 12,5 milliards d’euros

Les auteurs font également la distinction entre les dépenses remboursés aux patients en ALD et le coût du dispositif ALD, qui équivaut à l’absence de versement, par les patients en ALD, du ticket modérateur. Ce dispositif en lui-même « n’aurait coûté » que 12,5 milliards d’euros en 2011, soit un peu moins de 20% des remboursements des soins liés à une ALD.

Quoi qu’il en soit, ce dispositif est dans la ligne de mire de Bercy. En cause : il ne permettrait pas d’éviter les restes à charge trop importants, à la fois pour ceux qui en sont exclus, mais aussi pour les assurés atteints d’une ALD.

Par ailleurs, l’entrée dans ce dispositif, pour certaines pathologies, relève de l’arbitraire. Par exemple, ne sont pas automatiquement considérés comme ALD les affections psychiatriques de longue durée, selon la région où est domicilié le patient. Surtout, les auteurs notent que le coût du dispositif augmente sans que l’on puisse réguler cette dépense.

Réforme ou suppression du dispositif ?

Pour y pallier, les auteurs de cette étude proposent divers scénarios ; retrait de certaines pathologies du champ couvert par le dispositif ALD, meilleur respect de l’ordonnancier bizone, limitation des entrées en ALD, prévention des ALD…

Mais Bercy en est convaincu : la meilleure réforme consiste en l’abandon de ce dispositif « et de son approche médicale », au profit d’un nouveau système qui fixerait un plafond de reste à charge pour l’ensemble des assurés.

Il s’agit, ni plus ni moins, de l’instauration d’un « bouclier sanitaire », promu en 2007 par Martin Hirsch, alors Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté(3). Ce plafond de reste à charge, via la suppression du dispositif ALD, aurait été de 550 euros en 2010, a calculé le Trésor.

Audacieuse, cette réforme n’a pas eu l’air de recevoir l’aval de Marisol Touraine (4), ministre de la Santé et des Affaires sociales, qui a déclaré qu’«il n’est évidemment pas question de remettre en cause le dispositif des ALD ». Bercy a par ailleurs démenti vouloir réformer ce dispositif, ajoutant que cette étude « administrative n’engage que l’administration du Trésor et pas les ministres »

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mam80

la rose et le réséda
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ALD et « dispositif » ALD ?

Le dispositif ALD, créé en 1945, permet une prise en charge à 100% par l’assurance maladie de certaines pathologies définies par une liste de critères. L’affection de longue durée doit notamment nécessiter des soins continus de plus de six mois.

Actuellement, trente affections sont inclues dans le dispositif. On peut citer la maladie d'Alzheimer, le diabète, la sclérose en plaque, le cancer, un AVC invalidant….

Rappelons que l’HTA sévère a été sortie de la liste des ALD en 2011, au grand dam des hypertensiologues.

Concrètement, pour tous les soins en relation avec la maladie chronique, le patient en ALD bénéficie de l'exonération du ticket modérateur (reste à charge après le remboursement de l’assurance maladie), normalement à la charge du malade. Cette somme restante est prise en charge par la Sécurité sociale.

Par ailleurs, la loi du 13 août 2004 prévoit, pour tout malade en ALD, la mise en place d’un protocole de soins définissant un parcours de soins, établi par le médecin traitant, validé par le médecin-conseil et signé par le patient.



La santé à la diète pendant 3 ans annonce Bercy

L’année 2015, et les deux années qui suivront (2016 et 2017), seront bel et bien des années de rigueur. La faute à la baisse de l’inflation, a expliqué Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics ce 15 avril, en présentant son programme de stabilité de la France entre 2015 et 2018 (1). Du coup, en 2015, l’Etat français devra faire un effort supplémentaire d’économie de 4 milliards d’euros, afin d’atteindre l’objectif de déficit public imposé par Bruxelles, à savoir 3% du PIB en 2017.

Pour ce faire, dès cette année, les budgets de la santé seront mis à contribution. Ainsi, l’Objectif national de dépense de l’assurance maladie (Ondam) sera revu à la baisse dès 2015. Plutôt que 2,1% du PIB, l’Ondam sera cette année de 2,05%. Conséquence : ce sont 300 millions de moins qui seront affectés à l’Ondam en 2015 par rapport à 2014. Et cet effort devrait se poursuivre en 2016 et 2017. L’Ondam, qui devait être de 2%, ne sera que de 1,75% ces deux prochaines années. Pour y parvenir, Bercy escompte mettre à profit quatre axes d’économie : accélérer le virage ambulatoire, accroitre l’efficacité de la dépense hospitalière, promouvoir les médicaments génériques, et améliorer la pertinence des soins en ville et à l’hôpital. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a vivement réagi à l’annonce de ces nouvelles mesures d’économie, en dénonçant par communiqué, un « sévère tour de vis », annonciateur « de restrictions sans précédent en décalage total avec les besoins de santé ».

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la rose et le réséda
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.../... 3 et fin

Les 4 axes d’économie du gouvernement

-accélérer le virage ambulatoire,

-accroitre l’efficacité de la dépense hospitalière,

-promouvoir les médicaments génériques,

-améliorer la pertinence des soins en ville et à l’hôpital



RÉFÉRENCES


Programme de stabilité de la France 2015-2018


Quel avenir pour le dispositif de prise en charge des affections de longue durée ? Trésor-éco n° 145.


Rapport sur la mission Bouclier sanitaire.


Touraine refuse de toucher au remboursement des maladies chroniques. Le Figaro, 17 avril 2015.


Liens

Environ 20% des patients diabétiques en ALD renoncent aux soins


Alzheimer et démences apparentées : tous les indicateurs sont au rouge


Le Conseil d'Etat confirme la suppression de l'HTA sévère de la liste des ALD


Remboursement du transport des ALD

http://www.medscape.fr/voirarticle/3601440?nlid=80183_2401

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