Qui a manifesté et pourquoi ? Le 20 février, 37 000 personnes, selon les chiffres officiels -bien moins, si lon met de côté les nombreux curieux et les commerçants occasionnels, sont sorties dans les rues de 53 préfectures et provinces du Maroc pour faire entendre leur voix. Que faut-il en retenir ? Plusieurs constats.
Dabord le timing. Si le monde arabe nétait pas secoué par les révoltes aurait-on marché au Maroc ? La réponse est bien évidemment non. Il y a deux mois, personne ny pensait. Il y a eu un effet de mimétisme grâce, et cest une première au Maroc, au désormais incontournable Facebook. On a saisi ainsi loccasion daller exprimer des revendications.
Ensuite les auteurs. On a beaucoup parlé de ce mouvement des jeunes de Facebook qui a été à lorigine des manifestations. On a également mis en avant de manière excessive la maturité politique de ces jeunes. Mais où sont donc passés les 28 000 «amis» de ce mouvement, le 20 février ? Quelles sont leurs revendications ? La dissolution immédiate du gouvernement, du Parlement, le changement de Constitution, entre autres. Rien que ça et dun coup ? Pourquoi ? Parce que la Tunisie et lEgypte lont fait ? A-t-on besoin de tout jeter pour avancer ? On a un peu limpression que cest plus une fièvre virtuelle sur Facebook, qui a donné lieu à un enthousiasme, la sensation de créer une adhésion de masse, mais sans plus. Qui a donc manifesté ce 20 février ? Plus de représentants de droits de lhomme, de militants dextrême gauche et de sympathisants islamistes que dautres. Les partis ? Les syndicats ? La classe moyenne ? Les patrons ? Personne.
Enfin, les revendications. Logement, éducation, santé, emploi, service public, articulations des pouvoirs entre monarchie et autres institutions politiques, lutte contre la corruption, protection des deniers publics Tout cela procède de demandes légitimes mais aucune dentre elles nest nouvelle. Cest le contexte qui lest.
Moralité. Ces manifestations sont porteuses de messages. Il y a certainement des réformes à entreprendre. Mais on ne réforme pas comme on se lève le matin. Les partis politiques et les syndicats doivent canaliser ces demandes et le gouvernement doit apporter des réponses (on aimerait bien dailleurs voir le Premier ministre sexprimer dans des moments aussi importants). Quant à ces jeunes de Facebook, forts de milliers damis, pourquoi, sils sont convaincus de leurs idées, ne pas créer un parti politique porteur dune vision nouvelle ? Après tout, ce nest pas interdit au Maroc et cest bien là lexpression de la démocratie.
Car si tout le monde est daccord sur lévolution et non pas la révolution, laisser se développer des manifestations aux objectifs aussi hétéroclites que brouillons, laisser la porte ouverte à la récupération est dangereux et, on la vu, le vandalisme nest jamais loin. Facebook cest bien, mais il faut se confronter à la réalité du terrain. Pour changer les choses il faut être à lintérieur du système.
Fadel Agoumi. La Vie éco
www.lavieeco.com
Dabord le timing. Si le monde arabe nétait pas secoué par les révoltes aurait-on marché au Maroc ? La réponse est bien évidemment non. Il y a deux mois, personne ny pensait. Il y a eu un effet de mimétisme grâce, et cest une première au Maroc, au désormais incontournable Facebook. On a saisi ainsi loccasion daller exprimer des revendications.
Ensuite les auteurs. On a beaucoup parlé de ce mouvement des jeunes de Facebook qui a été à lorigine des manifestations. On a également mis en avant de manière excessive la maturité politique de ces jeunes. Mais où sont donc passés les 28 000 «amis» de ce mouvement, le 20 février ? Quelles sont leurs revendications ? La dissolution immédiate du gouvernement, du Parlement, le changement de Constitution, entre autres. Rien que ça et dun coup ? Pourquoi ? Parce que la Tunisie et lEgypte lont fait ? A-t-on besoin de tout jeter pour avancer ? On a un peu limpression que cest plus une fièvre virtuelle sur Facebook, qui a donné lieu à un enthousiasme, la sensation de créer une adhésion de masse, mais sans plus. Qui a donc manifesté ce 20 février ? Plus de représentants de droits de lhomme, de militants dextrême gauche et de sympathisants islamistes que dautres. Les partis ? Les syndicats ? La classe moyenne ? Les patrons ? Personne.
Enfin, les revendications. Logement, éducation, santé, emploi, service public, articulations des pouvoirs entre monarchie et autres institutions politiques, lutte contre la corruption, protection des deniers publics Tout cela procède de demandes légitimes mais aucune dentre elles nest nouvelle. Cest le contexte qui lest.
Moralité. Ces manifestations sont porteuses de messages. Il y a certainement des réformes à entreprendre. Mais on ne réforme pas comme on se lève le matin. Les partis politiques et les syndicats doivent canaliser ces demandes et le gouvernement doit apporter des réponses (on aimerait bien dailleurs voir le Premier ministre sexprimer dans des moments aussi importants). Quant à ces jeunes de Facebook, forts de milliers damis, pourquoi, sils sont convaincus de leurs idées, ne pas créer un parti politique porteur dune vision nouvelle ? Après tout, ce nest pas interdit au Maroc et cest bien là lexpression de la démocratie.
Car si tout le monde est daccord sur lévolution et non pas la révolution, laisser se développer des manifestations aux objectifs aussi hétéroclites que brouillons, laisser la porte ouverte à la récupération est dangereux et, on la vu, le vandalisme nest jamais loin. Facebook cest bien, mais il faut se confronter à la réalité du terrain. Pour changer les choses il faut être à lintérieur du système.
Fadel Agoumi. La Vie éco
www.lavieeco.com