Marche de la dignité et contre le racisme le 31 octobre 2015

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Marche de la Dignité et contre le racisme
http://paris.demosphere.eu/rv/40325


Avec le soutien d'Angela Davis

En octobre 2005, étaient fauchées en Seine-Saint-Denis, les jeunes vies de deux clichois, une tragédie mettant en cause des fonctionnaires de police. Depuis, la stratégie de l'État français, loin de chercher à châtier les coupables, consiste uniquement à fuir ses responsabilités. Comme il l'a fait dans les dizaines de crimes policiers depuis des décennies.

Ce même mois d'octobre 2005, comme réponse à leur mort, un vent de colère secoua toutes les banlieues de France pendant des semaines. Les interprétations les plus courantes de ces émeutes incriminèrent à juste titre la déshérence des quartiers, les conditions sociales lamentables, le chômage, la vie dure : une véritable guerre sociale faite aux pauvres. Mais elles ne dirent pas assez combien au cœur de cette révolte, figurait, forte, l'exigence de respect. La dénonciation du mépris par lequel avait été traitée la mort de ces deux adolescents et à travers leur cas, la dénonciation du mépris souverain dans lequel sont tenus les habitants des quartiers, leur attachement à la dignité collective.

Vingt ans plus tôt, ce sont déjà d'autres violences policières qui poussèrent des jeunes issus de l'immigration post-coloniale à mener à travers la France la Marche de 1984, la fameuse marche pour l'égalité. Égalité sociale, bien sûr mais aussi égalité de considération. Les jeunes disaient « Nous ne sommes pas du gibier à flics, nous sommes des êtres humains ! » L'État se devait de la briser. Il mit alors tout en œuvre pour saboter cette auto-organisation en médiatisant à outrance certaines officines pseudo-antiracistes. Celles-ci s'employèrent de tous leurs moyens financiers à étouffer la Marche pour l'égalité sous les milliers de décibels de concerts gratuits et leur antiracisme de pacotille.

Aujourd'hui, comme il y a 30 ans, comme il y a 10 ans, loin d'avoir renoncé à ses comportements passés, l'État français ne sait que renforcer tous ses dispositifs de surveillance et de répression. En plus des conditions sociales toujours plus déplorables, le harcèlement des populations des quartiers, leur humiliation, constituent le quotidien pour les Noirs, les Arabes, les Rroms, les Blancs des quartiers. Dans ce paysage dévasté, le crime policier n'est jamais fortuit. Il est l'aboutissement de toute la logique d'un État qui n'a pour nous que désintérêt et mépris.

Le crime policier est l'expression achevée du racisme d'État. C'est celui-ci qui conditionne des fonctionnaires puissamment armés à passer à l'acte, c'est lui qui les dispense de réfléchir au moment tragique, qui leur donne le temps de se saisir de leur arme, d'ajuster et de tirer à mort ou d'écraser la poitrine et la gorge de leur proie sous la clef d'étranglement. Le message implicite que délivre le crime policier est simple. « Non seulement vous n'êtes pas des êtres humains comme les autres, mais avec vous nous pouvons aller jusqu'à la mise à mort et les meurtriers sont assurés de l'impunité ». À ce jour, rarissimes sont les procès ayant abouti favorablement. Le crime policier n'est jamais un homicide involontaire, il n'est jamais gratuit, il est là pour répandre la consternation, la désolation dans les cœurs et les esprits des familles endeuillées, pour nous faire renoncer à être traités comme des êtres humains. Il n'épargnera personne, il est là pour nous terroriser.

C'est pourquoi comme il y a 30 ans, comme il y a dix ans, contre l'humiliation quotidienne, contre le mépris, contre l'islamophobie, la négrophobie, la rromophobie, galopantes, contre les crimes policiers, s'impose une nouvelle marche : la marche de la dignité. Notre réaction puissante, organisée, confiante est la seule façon d'enrayer notre écrasement collectif annoncé.

C'est à cette grande Marche de la Dignité que nous vous convions le 31 octobre prochain.


Amal Bentounsi
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
La liste de tous les soutiens nationaux et internationaux : http://paris.demosphere.eu/files/docs/f-f88a853e3b-empty-fname.pdf

Angela Davis, Tariq Ramadan, Aminata Traoré, Michèle Sibony (de l'union des juifs français pour la paix), Julien Salingue (politologue), Matthieu Kassovitz (réalisateur du film "La Haine"), Collectif James Baldwin, Association des Marcheurs de 1983, Les Nubians, Médine ... Et aussi de nombreuses associations belges, allemandes, américaines, britanniques ...

Des bus partiront de nombreuses villes de France.
 

Pièces jointes

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Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
Les marches ne servent à rien et sont contre productive.
La force c'est tout ce qui marche: pression, lobbying, boycott ect...

C'est vrai mais là c'est pour communiquer un message aux politiciens et pour montrer aussi que les associ' bidons ne seront pas de la partie, comme sos-racisme et compagnie, pour montrer qu'elles n'ont jamais été sincères.
 
C'est vrai mais là c'est pour communiquer un message aux politiciens et pour montrer aussi que les associ' bidons ne seront pas de la partie, comme sos-racisme et compagnie, pour montrer qu'elles n'ont jamais été sincères.
Le problème, c'est que notre camp ne maitrise pas son image car ne possède pas les médias de masse, ces derniers appartenant à nos ennemis, quoi que l'on fasse ils donneront l'image qu'ils veulent et l'info qu'ils souhaitent.
 
je ne doute pas de l intention des organisateurs mais ça ne servira à rien il.vaut mieux suivre les blacks contre les wallabies.

Perso, je préfère la marche (mais bon, je comprends rien au rugby).

Je trouve que c'est une bonne initiative, même si le fait de la rattacher au drame de Clichy sous Bois n'est pas forcément bienvenu car cette affaire et les émeutes qui ont suivi étaient plus complexes qu'un "crime policier".
Pour moi, la lutte contre le racisme va et doit aller plus loin : discrimination à l'emploi, à l'habitat, etc. Le pire étant que ces comportements sont normalement interdits par la loi :fou:
 

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass

http://www.liberation.fr/france/201...dignite-l-heure-de-nous-memes-a-sonne_1409806

Au départ, il y a le 8 mai 2015, au nom des nombreuses familles qui ont perdu aux mains de la police française un frère, un père, un mari, un compagnon, un fils, l’appel lancé par Amal Bentounsi à une Marche de la dignité et contre le racisme. Au départ, il y a les victimes, les familles des victimes, l’impunité de la police, et les promesses trahies de sévir face au contrôle au faciès et d’accorder le droit de vote aux étrangers. Au départ, il y a le sentiment profond, que rien ne vient malheureusement contredire, que sous la Ve République toutes les vies ne se valent pas.

En réponse, il y a la Marche de la «dignité» pour affirmer la dignité inhérente à tous et le refus d’être «une chose». Des femmes sont à l’origine de cet appel car nous connaissons les liens entre racisme et sexisme. Aucune de nous n’est dupe du rôle que l’Etat voudrait nous faire jouer en nous séparant de nos pères, frères et compagnons présentés comme violents, arriérés, sexistes. Il nous veut dociles et obéissantes, il veut faire de nous des auxiliaires de ses politiques de pacification. Mais, à la suite de nos aînées, esclaves, colonisées, migrantes, réfugiées, ouvrières, nous refusons ce marchandage. Notre émancipation ne se fera pas au prix d’une trahison.

Depuis des décennies, nous sommes témoins de politiques étatiques d’exclusion, de relégation, et de stigmatisation. Si nous ajoutons à ces chiffres les victimes tombées sous les coups des gendarmes, de la police ou de milices privées en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, en Guyane, ou en Kanaky, si nous ajoutons les morts dans les lagons de Mayotte et les noyés en Méditerranée, le déni d’existence des communautés romani, si nous ajoutons le taux de chômage, les chapitres oubliés de l’histoire esclavagiste et coloniale dans les programmes scolaires, les représentations paternalistes ou racistes au cinéma, à la télévision, au théâtre, nous pouvons parler d’une politique d’Etat économique, culturelle et sociale racisée qui touche en premier une majorité des jeunes dans les terres dites «d’outre-mer» comme dans les quartiers populaires de l’Hexagone.

En 1956, Aimé Césaire publiait une lettre dans laquelle il écrivait à propos du «fraternalisme» des communistes français : «Car il s’agit bel et bien d’un frère, d’un grand frère qui, imbu de sa supériorité et sûr de son expérience, vous prend la main (d’une main hélas ! parfois rude) pour vous conduire sur la route où il sait se trouver la Raison et le Progrès. Or, c’est très exactement ce dont nous ne voulons pas. Ce dont nous ne voulons plus, et il ajoutait ce n’est pas volonté de se battre seul et dédain de toute alliance. C’est volonté de ne pas confondre alliance et subordination».

Pour nous, cette critique s’applique à toute la gauche française, et elle est toujours d’actualité. C’est encore trop souvent une subordination qui nous est proposée. On nous fait miroiter un futur au prix d’un renoncement à nous-mêmes. Or, nous entendons désormais déclarer notre indépendance, et renouer avec notre histoire et nos droits pour forger notre avenir en toute souveraineté.

«L’heure de nous-mêmes a sonné», disait Aimé Césaire. Nous savons que ce sera long et difficile, mais nous marchons en conscience sinon en présence avec nos sœurs et frères étudiants d’Afrique du Sud, nos sœurs et frères expulsés et maintenus dans la rue, nos sœurs et frères migrants et réfugiés, nos sœurs et frères de Palestine, des Etats-Unis, de Grèce, d’Espagne, de tous les pays où un nouveau vent se lève.
 
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