La femme est souvent la première victime de ce type d’union qui fait parfois office de fiançailles dans les pays du Maghreb, mais jamais de mariage. Mariage “halal” mariage hors la loi (sauf celle de Dieu). Danger Certains jeunes couples musulmans estiment pouvoir se contenter du mariage religieux. Ils boudent ou reportent indéfiniment l’union civile. Une situation inquiétante car “l’épouse” peut être répudiée du jour au lendemain, sans que ses droits soient reconnus. Dans certains cas, c’est aussi une forme de rejet de tout système civil et organisation sociale laïque, voire des lois… Dans d’autres cas, il s’agit tout simplement d’une astuce pour vivre en concubinage.
La baraka et la bénédiction divine: c’est tout ce que ces jeunes musulmans attendent de la cérémonie du mariage halal. Il suffit juste à l’imam de réciter la fatiha, la prière incantatoire ouvrant le Coran. Seule contrainte: il faut l’accord du tuteur de la femme – son père ou, en cas d’absence, son frère aîné ou son oncle. Car une certaine lecture de l’islam veut que la femme soit mineure à vie: elle aurait besoin d’un tuteur, même si elle est adulte, majeure et autonome financièrement. “Ce n’est pas toujours évident car beaucoup de jeunes filles viennent seules en France, pour étudier ou travailler. Quand elles n’ont pas de famille proche ici, j’aime autant qu’elles prennent leurs responsabilités, plutôt que de les obliger à chercher un tuteur”, explique M. Brahim, l’imam de la mosquée de Stains, qui apparaît comme quelqu’un d’ouvert. L’imam doit aussi s’assurer que la jeune fille est bien consentante: “C’est obligatoire dans l’islam, on veut être sûr que ce n’est pas un mariage forcé. Parfois, quand la jeune fille est dans une autre pièce, je me rends auprès d’elle pour vérifier qu’elle agit de son plein gré. Je ne veux pas me porter garant devant Dieu d’un mariage forcé.” Une fois que le tuteur accepte de donner la main de la jeune fille, le montant de la dot est fixé et, enfin, tous récitent la *prière de la fatiha qui scelle l’union. Celle-ci est alors consommable.
Cette cérémonie est encore pratiquée dans les pays du Maghreb où elle fait office de fiançailles, mais dans aucun de ces pays elle ne remplace le mariage civil qui seul a force légale. Il arrive encore souvent que des jeunes femmes, se croyant mariées officiellement, se présentent devant les consulats pour demander un livret de famille, généralement après la naissance d’un premier enfant. Celui-ci ne leur est pas accordé, puisqu’elles ne peuvent pas présenter d’acte civil de mariage, seule pièce légale.
Même les dignitaires musulmans, les oulémas, sont nombreux aujourd’hui à considérer ce mariage comme incomplet, pour la bonne raison qu’il n’apporte au*cune protection juridique, surtout pour la femme. En cas de litige ou de séparation, elle peut perdre tout ce qui lui appartient. “Beaucoup d’hommes quittent leur femme et leurs enfants pour aller refaire leur vie, et ‘l’épouse’ se retrouve alors complètement démunie, bien qu’elle ait participé à l’achat des biens communs”, rapporte M. Brahim. Il a d’ailleurs décidé de ne plus célébrer d’union religieuse sans avoir vérifié au préalable l’acte de mariage établi civilement par la mairie. C’est une manière pour lui de ne pas cautionner le comportement parfois immoral de certains époux: avec le mariage civil, ils sont mis face à leurs responsabilités et ont des comptes à rendre en cas de rupture. “Mais le mariage civil seul ne suffit pas non plus, estime-t-il. Il est certes valide et permet de ne pas vivre dans le péché en officialisant une union, mais il doit se compléter par le mariage religieux qui apporte la bénédiction divine.”
Pourquoi alors choisir uniquement le mariage dit “halal” s’il n’est pas reconnu juridiquement et s’il comporte tant de risques? Pour les filles, il est souvent un moyen de fuir les pressions familiales et sociales en tentant d’officialiser une relation amoureuse, et pour les garçons, c’est une solution pour répondre aux attentes d’engagement de leur petite amie sans trop se compromettre, puisqu’il est très facile de mettre un terme à un mariage religieux. Pour d’autres, enfin, nombreux, c’est la piété et la conviction religieuse qui dictent leur démarche car ils considèrent qu’au regard de Dieu, seule cette union est valide. C’est évidemment faux et l’appellation “mariage halal” est une appellation abusive puisque, implicitement, elle laisse entendre que le mariage civil est illicite.
Le mariage “halal” pour ne pas vivre dans le péché avant de passer devant le maire
Valérie et Hicham
“Le mariage halal est un fort engagement divin et il était important pour moi d’officialiser ma relation et d’arrêter de vivre dans le péché”: telle est la conception du mariage religieux selon Hicham. Loin d’être un simple contrat moral, l’union religieuse est ressentie comme une obligation pour ce jeune homme d’origine marocaine, très croyant et pratiquant. Cela fait plus de deux ans qu’il fréquente Valérie, une jeune femme d’origine française et il ne se voyait pas installé avec elle avant d’être marié. Par conviction religieuse, d’une part, mais aussi par égard pour sa famille, qui est très à cheval sur les traditions. “Je voulais que Valérie soit considérée comme la femme de ma vie par ma famille et non pas comme une simple conquête. Et le meilleur moyen pour cela était de me marier avec elle religieusement car, civilement, c’était encore beaucoup trop tôt”, explique-t-il. L’islam permet aux hommes d’épouser une femme d’une autre confession monothéiste, et Valérie, en l’occurrence, est chrétienne. Hicham a dû expliquer à sa compagne la pratique du mariage religieux, dont elle ignorait totalement l’existence. “J’ai accepté de faire un mariage halal parce que j’ai compris que c’était important pour Hicham que notre couple soit béni par un imam. Mais, en ce qui me concerne, il n’y a pas eu de changement dans ma vie après. Je n’ai pas vraiment compris ce que disait l’imam. Je considère cela plus comme des fiançailles, même si je comprends parfaitement la portée que cet acte peut avoir pour Hicham”, confie-t-elle. Pour marquer l’événement, Hicham avait décidé d’organiser une petite fête. Tout a été fait en bonne et due forme: l’imam a récité la fatiha, puis Hicham a offert une bague à Valérie et lui a donné sa dot. La jeune femme, un peu dépaysée, a joué le jeu, a porté un caftan durant la cérémonie et, comme le veut la tradition, bu du lait et mangé des dattes.
Et le mariage civil, dans tout ça? Alors que pour Hicham le passage à la mairie “n’est qu’une procédure administrative”, pour Valérie il signifie beaucoup plus. “C’est une étape majeure de ma vie, et ce n’est qu’une fois les bans publiés que je me sentirai vraiment mariée”, dit-elle. Chose qui ne devrait d’ailleurs plus tarder puisque, le 23 juin prochain, après un an de mariage halal, Hicham et Valérie deviendront enfin mari et femme devant la loi.
La baraka et la bénédiction divine: c’est tout ce que ces jeunes musulmans attendent de la cérémonie du mariage halal. Il suffit juste à l’imam de réciter la fatiha, la prière incantatoire ouvrant le Coran. Seule contrainte: il faut l’accord du tuteur de la femme – son père ou, en cas d’absence, son frère aîné ou son oncle. Car une certaine lecture de l’islam veut que la femme soit mineure à vie: elle aurait besoin d’un tuteur, même si elle est adulte, majeure et autonome financièrement. “Ce n’est pas toujours évident car beaucoup de jeunes filles viennent seules en France, pour étudier ou travailler. Quand elles n’ont pas de famille proche ici, j’aime autant qu’elles prennent leurs responsabilités, plutôt que de les obliger à chercher un tuteur”, explique M. Brahim, l’imam de la mosquée de Stains, qui apparaît comme quelqu’un d’ouvert. L’imam doit aussi s’assurer que la jeune fille est bien consentante: “C’est obligatoire dans l’islam, on veut être sûr que ce n’est pas un mariage forcé. Parfois, quand la jeune fille est dans une autre pièce, je me rends auprès d’elle pour vérifier qu’elle agit de son plein gré. Je ne veux pas me porter garant devant Dieu d’un mariage forcé.” Une fois que le tuteur accepte de donner la main de la jeune fille, le montant de la dot est fixé et, enfin, tous récitent la *prière de la fatiha qui scelle l’union. Celle-ci est alors consommable.
Cette cérémonie est encore pratiquée dans les pays du Maghreb où elle fait office de fiançailles, mais dans aucun de ces pays elle ne remplace le mariage civil qui seul a force légale. Il arrive encore souvent que des jeunes femmes, se croyant mariées officiellement, se présentent devant les consulats pour demander un livret de famille, généralement après la naissance d’un premier enfant. Celui-ci ne leur est pas accordé, puisqu’elles ne peuvent pas présenter d’acte civil de mariage, seule pièce légale.
Même les dignitaires musulmans, les oulémas, sont nombreux aujourd’hui à considérer ce mariage comme incomplet, pour la bonne raison qu’il n’apporte au*cune protection juridique, surtout pour la femme. En cas de litige ou de séparation, elle peut perdre tout ce qui lui appartient. “Beaucoup d’hommes quittent leur femme et leurs enfants pour aller refaire leur vie, et ‘l’épouse’ se retrouve alors complètement démunie, bien qu’elle ait participé à l’achat des biens communs”, rapporte M. Brahim. Il a d’ailleurs décidé de ne plus célébrer d’union religieuse sans avoir vérifié au préalable l’acte de mariage établi civilement par la mairie. C’est une manière pour lui de ne pas cautionner le comportement parfois immoral de certains époux: avec le mariage civil, ils sont mis face à leurs responsabilités et ont des comptes à rendre en cas de rupture. “Mais le mariage civil seul ne suffit pas non plus, estime-t-il. Il est certes valide et permet de ne pas vivre dans le péché en officialisant une union, mais il doit se compléter par le mariage religieux qui apporte la bénédiction divine.”
Pourquoi alors choisir uniquement le mariage dit “halal” s’il n’est pas reconnu juridiquement et s’il comporte tant de risques? Pour les filles, il est souvent un moyen de fuir les pressions familiales et sociales en tentant d’officialiser une relation amoureuse, et pour les garçons, c’est une solution pour répondre aux attentes d’engagement de leur petite amie sans trop se compromettre, puisqu’il est très facile de mettre un terme à un mariage religieux. Pour d’autres, enfin, nombreux, c’est la piété et la conviction religieuse qui dictent leur démarche car ils considèrent qu’au regard de Dieu, seule cette union est valide. C’est évidemment faux et l’appellation “mariage halal” est une appellation abusive puisque, implicitement, elle laisse entendre que le mariage civil est illicite.
Le mariage “halal” pour ne pas vivre dans le péché avant de passer devant le maire
Valérie et Hicham
“Le mariage halal est un fort engagement divin et il était important pour moi d’officialiser ma relation et d’arrêter de vivre dans le péché”: telle est la conception du mariage religieux selon Hicham. Loin d’être un simple contrat moral, l’union religieuse est ressentie comme une obligation pour ce jeune homme d’origine marocaine, très croyant et pratiquant. Cela fait plus de deux ans qu’il fréquente Valérie, une jeune femme d’origine française et il ne se voyait pas installé avec elle avant d’être marié. Par conviction religieuse, d’une part, mais aussi par égard pour sa famille, qui est très à cheval sur les traditions. “Je voulais que Valérie soit considérée comme la femme de ma vie par ma famille et non pas comme une simple conquête. Et le meilleur moyen pour cela était de me marier avec elle religieusement car, civilement, c’était encore beaucoup trop tôt”, explique-t-il. L’islam permet aux hommes d’épouser une femme d’une autre confession monothéiste, et Valérie, en l’occurrence, est chrétienne. Hicham a dû expliquer à sa compagne la pratique du mariage religieux, dont elle ignorait totalement l’existence. “J’ai accepté de faire un mariage halal parce que j’ai compris que c’était important pour Hicham que notre couple soit béni par un imam. Mais, en ce qui me concerne, il n’y a pas eu de changement dans ma vie après. Je n’ai pas vraiment compris ce que disait l’imam. Je considère cela plus comme des fiançailles, même si je comprends parfaitement la portée que cet acte peut avoir pour Hicham”, confie-t-elle. Pour marquer l’événement, Hicham avait décidé d’organiser une petite fête. Tout a été fait en bonne et due forme: l’imam a récité la fatiha, puis Hicham a offert une bague à Valérie et lui a donné sa dot. La jeune femme, un peu dépaysée, a joué le jeu, a porté un caftan durant la cérémonie et, comme le veut la tradition, bu du lait et mangé des dattes.
Et le mariage civil, dans tout ça? Alors que pour Hicham le passage à la mairie “n’est qu’une procédure administrative”, pour Valérie il signifie beaucoup plus. “C’est une étape majeure de ma vie, et ce n’est qu’une fois les bans publiés que je me sentirai vraiment mariée”, dit-elle. Chose qui ne devrait d’ailleurs plus tarder puisque, le 23 juin prochain, après un an de mariage halal, Hicham et Valérie deviendront enfin mari et femme devant la loi.