Bonjour/Bonsoir tout le monde,
Tout d'abord, je tiens VÉRITABLEMENT à m'excuser, parce que la question concerne une relation franco-algérienne, mais comme je pense que vous êtes un forum de référence, en particulier sur la question de l'interculturalité (puisqu'il est question de diaspora), et avec pas mal de points communs avec le pays voisin (France/Belgique, idem ), que d'autre part, il est question d'Islam, je viens vous consulter. Vous m'excuserez par avance si j'ai mis les pieds dans le plat, mon but n'est pas de froisser quiconque (genre "oh hey, le maghreb, tout le monde il est pareil)... bon bref.
Je viens à vous pour vous raconter une histoire (un peu longue, mais nécessaire) et, si possible, récolter d'éventuelles expériences similaires, puisqu'il est question de mixité, de religion et d'amour, des réactions, des conseils.
Je me dis que X sujets ont déjà dû être créé sur la question, mais comme chaque cas est unique...
(NB : Eric, Montpellier... je vais chercher un forum pour me présenter après, promis )
Je suis comme qui dirait, un "français d'apparence", ce qui me fait profondément rire, quand on voit à quel point la France est un pays métissé, qu'une couleur, qu'une religion, qu'un statut en dehors d'une CNI ne représente rien. Mais vous voyez le profil ? (auvergnat/breton en gros)
Il y a dans mes ascendants, comme qui dirait une petite différence, je n'ai pas connu mon grand-père naturel, mais depuis bébé, j'ai connu Mohammed, MON grand-père, celui qui m'a fait sauter sur ses genoux, celui qui m'emmenait faire les marchés, celui qui a écouté mes peines, me parlait kabyle en privé, sans que je ne comprenne rien, mais avec beaucoup de tendresse et d'affection.
Une partie de ma famille a toujours refusé que les autres petits enfants de Mohammed l'appelle "pépé", ce qui est psychiquement impossible pour moi, tout comme nous avons tous besoin d'une figure paternelle et maternelle, le grand-père s'impose pour se sentir épanoui.
J'ai cru longtemps qu'il était un harki (quand j'ai compris ce que c'était), mais il ne l'était pas, il n'était pas non plus un de ces combattants de l'indépendance algérienne, il était juste là, entassé dans des bidonvilles, maltraité par une administration et des fous esclavagistes... même s'il est avéré (normal) peu loquace sur le sujet.
Il a aidé ma grand-mère (alors mère-célibataire) à tenir un commerce dans un quartier où... quelques années plus tard, allait se déroule quelque chose qui bouleverserait mon destin.
Mais avant ça... pour ce qui est de mon éducation, je peux avouer que son influence culturelle, son aura, m'a toujours impacté dans mes choix. J'ai souhaité me tourner vers l'Islam dans l'adolescence, pour de bien obscures raisons, pas les bonnes. En tout cas, aujourd'hui, quelque soit mon parcours, je me sens prêt à envisager de me convertir, parce que je me sens prêt, et serein.
D'autre part, la Kabylie m'attire et, de manière plus large, j'aimerais retourner sur la tombe de mon grand-père, que j'ai vu rapatrié là-bas lors de sa mort.
Donc...
J'ai commencé à bosser dans une boîte, un jour où, j'y ai croisé une collègue totalement renversante, kabyle comme mon grand-père, aux yeux verts-marrons, au sourire et au rire à en retourner tout. Une femme néanmoins destinée à un autre, qu'elle a quitté, un jour. Je ne suis pas allé "profiter de la situation" et de sa détresse, l'aimant trop. Alors je suis resté son ami.
Un autre jour, celle-ci m'annonce qu'elle va se marier, mais pleine de doutes, je lui dis que le doute est peut-être l'occasion de réfléchir, de se pencher vers la religion, de réfléchir vraiment... et poursuivre.
Elle poursuit au final, et fou amoureux d'elle, elle va se marier, je suis heureux parce qu'elle EST heureuse, donc j'accepte de n'être que de passage dans sa vie, même si je sens que je perds des années à vivre de douleur. Je l'encourage vers son futur, malgré quelques doutes qu'elle exprime.
Le destin fait que tout tombe à l'eau pour elle. Le temps passe, j'ai pris de la distance, pour me préserver et la préserver (elle me repprochera de m'être éloigné).
Puis nous nous retrouvons, par la force des choses.
Elle me parle des "signes" (auxquels elle prête une importance), du fait que mon grand-père travaillait dans cette même rue quelques décennies auparavant, qu'il est de la même région qu'elle. Elle a des goûts que je partage intensément, par delà la beauté de ses traits qui sont redoutables, elle est solaire et irradie d'intelligence et d'honnêteté, nous flirtons.
Elle me dit que sa famille n'accepterait pas un non-musulman dans la famille... soit. Mon chemin personnel menait vers cette direction (avant même de la rencontrer).
Elle me dit que son père voudrait pour elle un kabyle, je m'étonne de voir une de ses sœurs avec un turc musulman.
Je comprends la peine d'une autre sœur qui, s'étant marié avec un "français" (définition d'en haut), de plus non-musulman, l'avait écarté de son père, mais les rapports étant encore possibles, dans la mesure où elle n'avait pas, elle, sabordé un mariage auparavant.
Quelque soit la culture, la religion, le contexte, je peux comprendre ça, de la part d'un père. Je ne suis pas de ceux qui pensent que tout est possible en amour en dépit de la famille et je conçois que la famille soit un des choix aidant.
Mais nous continuons à flirter, sans savoir de quoi demain serait fait.
Elle me dit préférer, pour son bien-être familial, se remettre avec un ex (qui l'avait déjà frappé au sang, ayant été là quand ça s'était produit, du moins après la rixe, pour éponger le spleen).
Un jour, son père lui dit (en gros, "musulman ou pas"), mais de manière claire "pas avec un français".
Il a l'âge de ceux qui ont connu les années 60 et les ravages de la guerre, de cette haine mutuelle, haine qui nous est, à nous, totalement étrangère (même si aujourd'hui, il est de bon ton de côtoyer toutes sortes d'islamophobes, d'imbéciles racistes, et de "Dupont-Lajoie").
Je comprends en filigrane, puis concrètement, qu'elle m'aime, mais que rien, pas même une éventuelle conversion de ma part pourrait faire qu'elle est vouée à rester à mes côtés pour le reste de ma vie...
J'aurais voulu partager ces moments que nous avons vécus, ces mois passés; les soirées culturelles kabyles, les ballades sans fin, découvrir, à ses côté, le pays qui m'appelle depuis des lustres, avoir un enfant.
Aujourd'hui... je me dis que certaines barrières sont totalement étanches, et je tourne aigre... parce que pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti quelque chose qui dépassait de loin mes plus belles espérances, saines et franches, sans tous ses abus passés, ces exagérations de sentiments.
Merci
Tout d'abord, je tiens VÉRITABLEMENT à m'excuser, parce que la question concerne une relation franco-algérienne, mais comme je pense que vous êtes un forum de référence, en particulier sur la question de l'interculturalité (puisqu'il est question de diaspora), et avec pas mal de points communs avec le pays voisin (France/Belgique, idem ), que d'autre part, il est question d'Islam, je viens vous consulter. Vous m'excuserez par avance si j'ai mis les pieds dans le plat, mon but n'est pas de froisser quiconque (genre "oh hey, le maghreb, tout le monde il est pareil)... bon bref.
Je viens à vous pour vous raconter une histoire (un peu longue, mais nécessaire) et, si possible, récolter d'éventuelles expériences similaires, puisqu'il est question de mixité, de religion et d'amour, des réactions, des conseils.
Je me dis que X sujets ont déjà dû être créé sur la question, mais comme chaque cas est unique...
(NB : Eric, Montpellier... je vais chercher un forum pour me présenter après, promis )
Je suis comme qui dirait, un "français d'apparence", ce qui me fait profondément rire, quand on voit à quel point la France est un pays métissé, qu'une couleur, qu'une religion, qu'un statut en dehors d'une CNI ne représente rien. Mais vous voyez le profil ? (auvergnat/breton en gros)
Il y a dans mes ascendants, comme qui dirait une petite différence, je n'ai pas connu mon grand-père naturel, mais depuis bébé, j'ai connu Mohammed, MON grand-père, celui qui m'a fait sauter sur ses genoux, celui qui m'emmenait faire les marchés, celui qui a écouté mes peines, me parlait kabyle en privé, sans que je ne comprenne rien, mais avec beaucoup de tendresse et d'affection.
Une partie de ma famille a toujours refusé que les autres petits enfants de Mohammed l'appelle "pépé", ce qui est psychiquement impossible pour moi, tout comme nous avons tous besoin d'une figure paternelle et maternelle, le grand-père s'impose pour se sentir épanoui.
J'ai cru longtemps qu'il était un harki (quand j'ai compris ce que c'était), mais il ne l'était pas, il n'était pas non plus un de ces combattants de l'indépendance algérienne, il était juste là, entassé dans des bidonvilles, maltraité par une administration et des fous esclavagistes... même s'il est avéré (normal) peu loquace sur le sujet.
Il a aidé ma grand-mère (alors mère-célibataire) à tenir un commerce dans un quartier où... quelques années plus tard, allait se déroule quelque chose qui bouleverserait mon destin.
Mais avant ça... pour ce qui est de mon éducation, je peux avouer que son influence culturelle, son aura, m'a toujours impacté dans mes choix. J'ai souhaité me tourner vers l'Islam dans l'adolescence, pour de bien obscures raisons, pas les bonnes. En tout cas, aujourd'hui, quelque soit mon parcours, je me sens prêt à envisager de me convertir, parce que je me sens prêt, et serein.
D'autre part, la Kabylie m'attire et, de manière plus large, j'aimerais retourner sur la tombe de mon grand-père, que j'ai vu rapatrié là-bas lors de sa mort.
Donc...
J'ai commencé à bosser dans une boîte, un jour où, j'y ai croisé une collègue totalement renversante, kabyle comme mon grand-père, aux yeux verts-marrons, au sourire et au rire à en retourner tout. Une femme néanmoins destinée à un autre, qu'elle a quitté, un jour. Je ne suis pas allé "profiter de la situation" et de sa détresse, l'aimant trop. Alors je suis resté son ami.
Un autre jour, celle-ci m'annonce qu'elle va se marier, mais pleine de doutes, je lui dis que le doute est peut-être l'occasion de réfléchir, de se pencher vers la religion, de réfléchir vraiment... et poursuivre.
Elle poursuit au final, et fou amoureux d'elle, elle va se marier, je suis heureux parce qu'elle EST heureuse, donc j'accepte de n'être que de passage dans sa vie, même si je sens que je perds des années à vivre de douleur. Je l'encourage vers son futur, malgré quelques doutes qu'elle exprime.
Le destin fait que tout tombe à l'eau pour elle. Le temps passe, j'ai pris de la distance, pour me préserver et la préserver (elle me repprochera de m'être éloigné).
Puis nous nous retrouvons, par la force des choses.
Elle me parle des "signes" (auxquels elle prête une importance), du fait que mon grand-père travaillait dans cette même rue quelques décennies auparavant, qu'il est de la même région qu'elle. Elle a des goûts que je partage intensément, par delà la beauté de ses traits qui sont redoutables, elle est solaire et irradie d'intelligence et d'honnêteté, nous flirtons.
Elle me dit que sa famille n'accepterait pas un non-musulman dans la famille... soit. Mon chemin personnel menait vers cette direction (avant même de la rencontrer).
Elle me dit que son père voudrait pour elle un kabyle, je m'étonne de voir une de ses sœurs avec un turc musulman.
Je comprends la peine d'une autre sœur qui, s'étant marié avec un "français" (définition d'en haut), de plus non-musulman, l'avait écarté de son père, mais les rapports étant encore possibles, dans la mesure où elle n'avait pas, elle, sabordé un mariage auparavant.
Quelque soit la culture, la religion, le contexte, je peux comprendre ça, de la part d'un père. Je ne suis pas de ceux qui pensent que tout est possible en amour en dépit de la famille et je conçois que la famille soit un des choix aidant.
Mais nous continuons à flirter, sans savoir de quoi demain serait fait.
Elle me dit préférer, pour son bien-être familial, se remettre avec un ex (qui l'avait déjà frappé au sang, ayant été là quand ça s'était produit, du moins après la rixe, pour éponger le spleen).
Un jour, son père lui dit (en gros, "musulman ou pas"), mais de manière claire "pas avec un français".
Il a l'âge de ceux qui ont connu les années 60 et les ravages de la guerre, de cette haine mutuelle, haine qui nous est, à nous, totalement étrangère (même si aujourd'hui, il est de bon ton de côtoyer toutes sortes d'islamophobes, d'imbéciles racistes, et de "Dupont-Lajoie").
Je comprends en filigrane, puis concrètement, qu'elle m'aime, mais que rien, pas même une éventuelle conversion de ma part pourrait faire qu'elle est vouée à rester à mes côtés pour le reste de ma vie...
J'aurais voulu partager ces moments que nous avons vécus, ces mois passés; les soirées culturelles kabyles, les ballades sans fin, découvrir, à ses côté, le pays qui m'appelle depuis des lustres, avoir un enfant.
Aujourd'hui... je me dis que certaines barrières sont totalement étanches, et je tourne aigre... parce que pour la première fois de ma vie, j'ai ressenti quelque chose qui dépassait de loin mes plus belles espérances, saines et franches, sans tous ses abus passés, ces exagérations de sentiments.
Merci