Espiegle69
Evil Halouf
L'article est long mais passionnant et fait mal au coeur. La triste réalité du Maroc oublié...
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De Tanger à Ceuta en passant par Martil et Fnideq, voyage au cœur des principaux viviers de Daesh dans le royaume marocain.
Sur les 1 500 Marocains partis combattre en Syrie et en Irak sous la bannière de Daesh, entre 600 et 700 sont originaires du nord du royaume, une région défavorisée et longtemps négligée par Hassan II, où prospèrent les trafics en tous genres. De Tanger à Ceuta, J.A. est allé enquêter dans des quartiers devenus de véritables viviers jihadistes pour tenter de briser l’omerta sur les réseaux de recrutement et rencontrer des familles qui ont vu l’un de leurs membres succomber aux sirènes d’Al-Qaïda, puis de Daesh.
Sous son niqab noir, Touria nous fixe du regard. « Mon âge ? Je dois avoir 36, 40, peut-être plus. En fait je n’en sais rien… » Depuis le départ de son mari pour l’Irak en 2006, elle a « des trous de mémoire ». Ou peut-être ne veut-elle pas donner plus de précisions pour ne pas révéler quelque détail compromettant. « Tout ce que je peux vous dire, poursuit-elle, c’est qu’il voulait aller aux Pays-Bas, comme il en avait l’habitude, et qu’il m’a laissé un garçon, Safouane, âgé de 5 ans à l’époque. » Son époux, Mohamed Ialouchen, 42 ans, était coutumier des longues absences. Dès son adolescence, il émigre clandestinement en Europe et sillonne l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas. Il revenait toujours avec des marchandises en tous genres (téléphones portables, prêtà-porter, appareils ménagers…), qu’il revendait dans le souk de Béni Makada, un quartier de la périphérie de Tanger construit à flanc de colline, comme les favelas brésiliennes.
On disait de lui qu’il était débrouillard, ouvert d’esprit, tout en étant très attaché à la religion. À l’époque, il comptait beaucoup d’amis dans les milieux salafistes. Au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca (45 morts), il est arrêté lors d’un coup de filet et écope de deux ans de prison. À sa sortie, il reprend son activité de marchand. Mais « les services secrets marocains continuaient à le traquer. Ils le suivaient partout pour savoir qui il fréquentait, à qui il parlait », se souvient son frère Yassine. Pour les fuir, il décide de retourner aux Pays-Bas et de reprendre son commerce « transatlantique ». Peine perdue : les services néerlandais, sans doute avisés par leurs homologues chérifiens sur son passé carcéral, l’expulsent vers le Maroc. Il est revenu « psychologiquement détruit », souligne sa famille. C’est à ce moment que, voyant son horizon bouché, il prend le chemin de l’Irak et ne donne plus signe de vie. Sa famille apprendra par la suite que les Américains l’ont capturé et qu’il a été condamné à la prison à perpétuité par un tribunal irakien.
Si vous nous reprochez nos idées jihadistes, alors dites aux médias d’arrêter de diffuser à longueur de journée des images de massacre de nos coreligionnaires là-bas ! s’emporte Abdelaziz El Bekkali
Sa famille présente Mohamed comme une victime des services marocains et impute son départ non pas à ses idéaux jihadistes, qu’elle rechigne à évoquer, mais aux images d’attentats et de tueries en provenance d’Irak, alors sous administration américaine. Comme beaucoup d’autres jeunes du quartier, Mohamed décide, par solidarité, d’aller faire la guerre à l’ennemi. C’est de là que date son basculement dans la violence. « Si vous nous reprochez nos idées jihadistes, alors dites aux médias d’arrêter de diffuser à longueur de journée des images de massacre de nos coreligionnaires là-bas ! » s’emporte Abdelaziz El Bekkali, secrétaire général de la Coordination des détenus et des disparus marocains en Irak. Aujourd’hui, 6 Marocains sont détenus dans des prisons irakiennes et 34 autres sont portés disparus. La mission de cette coordination est de faire pression sur les autorités des deux pays afin de faire la lumière sur leur sort.
À Béni Makada, l’acception rigoriste et littéraliste de l’islam est un véritable dogme, au même titre que la prière, le jeûne ou le pèlerinage. Pour beaucoup, tout ce qui est écrit dans le Coran doit être appliqué. « Depuis 2001, des centaines de personnes sont parties au Moyen-Orient après avoir été embrigadées par des groupuscules clandestins qui exploitent leur crédulité et la passivité de l’État dans le domaine religieux », rapportent plusieurs habitants du quartier. Qu’il s’agisse de départs pour l’Irak ou pour la Syrie, on nous décrit toujours le même profil : des personnes calmes, pieuses, appréciées de tous, « depuis l’imam de la mosquée jusqu’au clochard du coin », et qui, du jour au lendemain, disparaissent sans explication.
À cette violence, l’État répond par des investissements massifs dans les équipements socioculturels
D’une superficie de 332 km2, Béni Makada abrite 250 000 habitants, issus en grande partie de l’exode rural, confrontés au chômage, à la pauvreté et à l’échec scolaire. Trafiquants de drogue à la gâchette facile et salafistes aux menaçantes imprécations font régner leur loi. À cette violence, l’État répond par des investissements massifs dans les équipements socioculturels. En 2014, Mohammed VI inaugure un vaste projet de réhabilitation comprenant des centres éducatifs, des mosquées, des marchés de gros et même un centre d’addictologie pour lutter contre l’augmentation de la consommation de drogue.
« Malgré tout, nous observons un manque d’encadrement local, ce qui est normalement la tâche des partis politiques et de la société civile », explique Mohamed Benaïssa, de l’Observatoire du Nord des droits de l’homme (ONDH). Professeur de philosophie dans un lycée du quartier, il a une fois demandé à ses élèves de lui parler des livres qu’ils avaient lus. « Tous, sans exception, m’ont répondu qu’ils n’avaient lu que le Coran », souffle-til.
Martil, à 70 km de Tanger:
Un épais brouillard enveloppe Martil, une station balnéaire très prisée des Marocains en été et située à une dizaine de kilomètres de Marina Smir, où le roi a l’habitude de faire du Jet-Ski. Une pluie fine et continuelle fait monter la boue des trottoirs éventrés. Dans cette petite ville de quelque 63 000 habitants, une douzaine de jeunes ont rejoint Daesh ces trois dernières années. Âge moyen : 30 ans. L’un d’eux, Réda El Houari, n’avait que 24 ans lorsqu’il est parti, en 2013. Il habitait le quartier d’Ahriq, dans la périphérie de la cité. Juchée sur une colline, au fond d’une ruelle étroite, la maison familiale semble inhabitée. Sur la façade, cette inscription : « À vendre ». Au bout de cinq minutes, une jeune femme, Dina, 23 ans, qui se présente comme la sœur de Réda, nous ouvre la porte et nous invite à entrer. « On quitte les lieux. Ils nous rappellent trop de mauvais souvenirs », nous explique-t-elle.
À l’intérieur, la vie est comme en suspens. Toute la famille est hantée par l’absence d’un fils parti sans prévenir et mort sur une terre inconnue. Souffrant de diabète, qui a atteint ses yeux et ses jambes, le père, Abdelkader, préfère garder le silence. C’est sa femme, Malika, rongée par le chagrin, qui nous raconte comment son fils les a quittés : « C’était un jeudi. Le matin, au réveil, il m’a dit qu’il allait partir à Ifrane [à une soixantaine de kilomètres de Fès] pour des vacances. Il se tenait la tête entre les mains comme s’il avait un poids sur le cœur. J’ai senti que quelque chose n’allait pas. Mais je ne lui ai rien dit, pensant que mon inquiétude allait accentuer sa tristesse.
Sans nouvelles pendant cinq jours, ils finiront par recevoir un appel d’un numéro inconnu. À l’autre bout du fil, Réda, qui se contente de dire « je suis en Syrie » avant de raccrocher. Un contact laconique, le seul et le dernier qu’ils ont eu avec lui. Deux ans plus tard, ils apprendront via les médias électroniques locaux qui relaient les informations postées par Daesh sur Facebook qu’il est mort en « martyr ». « Comment voulez-vous qu’on se soit doutés de quoi que ce soit ? Rien dans son attitude ou dans son discours n’avait changé. Il ne m’a jamais demandé de porter le foulard ou d’arrêter de saluer les hommes ! » lâche Dina.
Pourtant, la métamorphose de son frère, devenu maçon saisonnier après avoir quitté le collège, avait commencé trois ans auparavant. Il s’était laissé pousser la barbe et commençait à fréquenter assidûment les mosquées du quartier. De plus en plus isolé, il ne voyait plus guère que quelques copains d’enfance, dont Badr, 20 ans, qui l’a d’ailleurs accompagné en Syrie, où il est également tombé pour le drapeau noir de Daesh.
Aucun visa n’est exigé pour aller en Turquie, ce qui facilite le transit des contingents de jihadistes marocains
Au lieu d’aller à Ifrane, Réda avait pris « le vol de la mort », comme l’appellent les habitants de la région : Casablanca-Istanbul. Aucun visa n’est exigé pour aller en Turquie, ce qui facilite le transit des contingents de jihadistes marocains. « Pourquoi les autorités laissent-elles voyager un maçon qui n’a pas les moyens de faire du tourisme et qui, de surcroît, est fiché ? » s’indigne un militant associatif du quartier.
Négligence ? La question reste entière. Arrivés à Istanbul, les combattants en herbe sont acheminés vers la Syrie. Leur première mission est de faire la promotion de leur nouvelle vie. On leur demande de publier sur Facebook leur photo, kalachnikov en bandoulière. L’objectif est clair : appâter de nouvelles victimes. Qui a payé le voyage de Réda ? Qui l’a aidé à partir ? Là encore, mystère. On soupçonne des financements européens transitant par l’enclave espagnole de Ceuta. Mais on ne dispose d’aucune preuve.
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De Tanger à Ceuta en passant par Martil et Fnideq, voyage au cœur des principaux viviers de Daesh dans le royaume marocain.
Sur les 1 500 Marocains partis combattre en Syrie et en Irak sous la bannière de Daesh, entre 600 et 700 sont originaires du nord du royaume, une région défavorisée et longtemps négligée par Hassan II, où prospèrent les trafics en tous genres. De Tanger à Ceuta, J.A. est allé enquêter dans des quartiers devenus de véritables viviers jihadistes pour tenter de briser l’omerta sur les réseaux de recrutement et rencontrer des familles qui ont vu l’un de leurs membres succomber aux sirènes d’Al-Qaïda, puis de Daesh.
Sous son niqab noir, Touria nous fixe du regard. « Mon âge ? Je dois avoir 36, 40, peut-être plus. En fait je n’en sais rien… » Depuis le départ de son mari pour l’Irak en 2006, elle a « des trous de mémoire ». Ou peut-être ne veut-elle pas donner plus de précisions pour ne pas révéler quelque détail compromettant. « Tout ce que je peux vous dire, poursuit-elle, c’est qu’il voulait aller aux Pays-Bas, comme il en avait l’habitude, et qu’il m’a laissé un garçon, Safouane, âgé de 5 ans à l’époque. » Son époux, Mohamed Ialouchen, 42 ans, était coutumier des longues absences. Dès son adolescence, il émigre clandestinement en Europe et sillonne l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas. Il revenait toujours avec des marchandises en tous genres (téléphones portables, prêtà-porter, appareils ménagers…), qu’il revendait dans le souk de Béni Makada, un quartier de la périphérie de Tanger construit à flanc de colline, comme les favelas brésiliennes.
On disait de lui qu’il était débrouillard, ouvert d’esprit, tout en étant très attaché à la religion. À l’époque, il comptait beaucoup d’amis dans les milieux salafistes. Au lendemain des attentats du 16 mai 2003 à Casablanca (45 morts), il est arrêté lors d’un coup de filet et écope de deux ans de prison. À sa sortie, il reprend son activité de marchand. Mais « les services secrets marocains continuaient à le traquer. Ils le suivaient partout pour savoir qui il fréquentait, à qui il parlait », se souvient son frère Yassine. Pour les fuir, il décide de retourner aux Pays-Bas et de reprendre son commerce « transatlantique ». Peine perdue : les services néerlandais, sans doute avisés par leurs homologues chérifiens sur son passé carcéral, l’expulsent vers le Maroc. Il est revenu « psychologiquement détruit », souligne sa famille. C’est à ce moment que, voyant son horizon bouché, il prend le chemin de l’Irak et ne donne plus signe de vie. Sa famille apprendra par la suite que les Américains l’ont capturé et qu’il a été condamné à la prison à perpétuité par un tribunal irakien.
Si vous nous reprochez nos idées jihadistes, alors dites aux médias d’arrêter de diffuser à longueur de journée des images de massacre de nos coreligionnaires là-bas ! s’emporte Abdelaziz El Bekkali
Sa famille présente Mohamed comme une victime des services marocains et impute son départ non pas à ses idéaux jihadistes, qu’elle rechigne à évoquer, mais aux images d’attentats et de tueries en provenance d’Irak, alors sous administration américaine. Comme beaucoup d’autres jeunes du quartier, Mohamed décide, par solidarité, d’aller faire la guerre à l’ennemi. C’est de là que date son basculement dans la violence. « Si vous nous reprochez nos idées jihadistes, alors dites aux médias d’arrêter de diffuser à longueur de journée des images de massacre de nos coreligionnaires là-bas ! » s’emporte Abdelaziz El Bekkali, secrétaire général de la Coordination des détenus et des disparus marocains en Irak. Aujourd’hui, 6 Marocains sont détenus dans des prisons irakiennes et 34 autres sont portés disparus. La mission de cette coordination est de faire pression sur les autorités des deux pays afin de faire la lumière sur leur sort.
À Béni Makada, l’acception rigoriste et littéraliste de l’islam est un véritable dogme, au même titre que la prière, le jeûne ou le pèlerinage. Pour beaucoup, tout ce qui est écrit dans le Coran doit être appliqué. « Depuis 2001, des centaines de personnes sont parties au Moyen-Orient après avoir été embrigadées par des groupuscules clandestins qui exploitent leur crédulité et la passivité de l’État dans le domaine religieux », rapportent plusieurs habitants du quartier. Qu’il s’agisse de départs pour l’Irak ou pour la Syrie, on nous décrit toujours le même profil : des personnes calmes, pieuses, appréciées de tous, « depuis l’imam de la mosquée jusqu’au clochard du coin », et qui, du jour au lendemain, disparaissent sans explication.
À cette violence, l’État répond par des investissements massifs dans les équipements socioculturels
D’une superficie de 332 km2, Béni Makada abrite 250 000 habitants, issus en grande partie de l’exode rural, confrontés au chômage, à la pauvreté et à l’échec scolaire. Trafiquants de drogue à la gâchette facile et salafistes aux menaçantes imprécations font régner leur loi. À cette violence, l’État répond par des investissements massifs dans les équipements socioculturels. En 2014, Mohammed VI inaugure un vaste projet de réhabilitation comprenant des centres éducatifs, des mosquées, des marchés de gros et même un centre d’addictologie pour lutter contre l’augmentation de la consommation de drogue.
« Malgré tout, nous observons un manque d’encadrement local, ce qui est normalement la tâche des partis politiques et de la société civile », explique Mohamed Benaïssa, de l’Observatoire du Nord des droits de l’homme (ONDH). Professeur de philosophie dans un lycée du quartier, il a une fois demandé à ses élèves de lui parler des livres qu’ils avaient lus. « Tous, sans exception, m’ont répondu qu’ils n’avaient lu que le Coran », souffle-til.
Martil, à 70 km de Tanger:
Un épais brouillard enveloppe Martil, une station balnéaire très prisée des Marocains en été et située à une dizaine de kilomètres de Marina Smir, où le roi a l’habitude de faire du Jet-Ski. Une pluie fine et continuelle fait monter la boue des trottoirs éventrés. Dans cette petite ville de quelque 63 000 habitants, une douzaine de jeunes ont rejoint Daesh ces trois dernières années. Âge moyen : 30 ans. L’un d’eux, Réda El Houari, n’avait que 24 ans lorsqu’il est parti, en 2013. Il habitait le quartier d’Ahriq, dans la périphérie de la cité. Juchée sur une colline, au fond d’une ruelle étroite, la maison familiale semble inhabitée. Sur la façade, cette inscription : « À vendre ». Au bout de cinq minutes, une jeune femme, Dina, 23 ans, qui se présente comme la sœur de Réda, nous ouvre la porte et nous invite à entrer. « On quitte les lieux. Ils nous rappellent trop de mauvais souvenirs », nous explique-t-elle.
À l’intérieur, la vie est comme en suspens. Toute la famille est hantée par l’absence d’un fils parti sans prévenir et mort sur une terre inconnue. Souffrant de diabète, qui a atteint ses yeux et ses jambes, le père, Abdelkader, préfère garder le silence. C’est sa femme, Malika, rongée par le chagrin, qui nous raconte comment son fils les a quittés : « C’était un jeudi. Le matin, au réveil, il m’a dit qu’il allait partir à Ifrane [à une soixantaine de kilomètres de Fès] pour des vacances. Il se tenait la tête entre les mains comme s’il avait un poids sur le cœur. J’ai senti que quelque chose n’allait pas. Mais je ne lui ai rien dit, pensant que mon inquiétude allait accentuer sa tristesse.
Sans nouvelles pendant cinq jours, ils finiront par recevoir un appel d’un numéro inconnu. À l’autre bout du fil, Réda, qui se contente de dire « je suis en Syrie » avant de raccrocher. Un contact laconique, le seul et le dernier qu’ils ont eu avec lui. Deux ans plus tard, ils apprendront via les médias électroniques locaux qui relaient les informations postées par Daesh sur Facebook qu’il est mort en « martyr ». « Comment voulez-vous qu’on se soit doutés de quoi que ce soit ? Rien dans son attitude ou dans son discours n’avait changé. Il ne m’a jamais demandé de porter le foulard ou d’arrêter de saluer les hommes ! » lâche Dina.
Pourtant, la métamorphose de son frère, devenu maçon saisonnier après avoir quitté le collège, avait commencé trois ans auparavant. Il s’était laissé pousser la barbe et commençait à fréquenter assidûment les mosquées du quartier. De plus en plus isolé, il ne voyait plus guère que quelques copains d’enfance, dont Badr, 20 ans, qui l’a d’ailleurs accompagné en Syrie, où il est également tombé pour le drapeau noir de Daesh.
Aucun visa n’est exigé pour aller en Turquie, ce qui facilite le transit des contingents de jihadistes marocains
Au lieu d’aller à Ifrane, Réda avait pris « le vol de la mort », comme l’appellent les habitants de la région : Casablanca-Istanbul. Aucun visa n’est exigé pour aller en Turquie, ce qui facilite le transit des contingents de jihadistes marocains. « Pourquoi les autorités laissent-elles voyager un maçon qui n’a pas les moyens de faire du tourisme et qui, de surcroît, est fiché ? » s’indigne un militant associatif du quartier.
Négligence ? La question reste entière. Arrivés à Istanbul, les combattants en herbe sont acheminés vers la Syrie. Leur première mission est de faire la promotion de leur nouvelle vie. On leur demande de publier sur Facebook leur photo, kalachnikov en bandoulière. L’objectif est clair : appâter de nouvelles victimes. Qui a payé le voyage de Réda ? Qui l’a aidé à partir ? Là encore, mystère. On soupçonne des financements européens transitant par l’enclave espagnole de Ceuta. Mais on ne dispose d’aucune preuve.
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