Le maroc veut investir 4,6 milliards de dollars dans le gnl

Le Maroc va investir 4,6 milliards de dollars dans le Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Le ministre marocain de l’Energie a annoncé la construction d’un nouveau terminal méthanier ainsi que d’autres infrastructures pour faire passer la part du GNL dans le mix énergétique du pays à 30%. Le GNL devrait permettre au Maroc une plus grande diversification et une moindre dépendance au gaz algérien.



Du GNL pour diversifier le mix énergétique marocain

Le Maroc est un pays faiblement doté en ressources naturelles. Il ne produit presque pas d’hydrocarbures et doit importer 95% de l’énergie qu’il consomme. Pour diversifier son mix énergétique et réduire sa dépendance au pétrole, le Maroc avait déjà décidé d’investir massivement dans les énergies renouvelables. Le gouvernement marocain vient d’annoncer, mardi 16 décembre 2014, qu’il va faire de même avec le Gaz Naturel Liquéfié.

Développer le GNL au Maroc peut paraître incongru. Son voisin l’Algérie produit de grandes quantités de gaz naturel, qu’il suffirait d’importer par gazoducs. Mais le Maroc, dans un contexte de tension diplomatique avec son voisin, désire éviter de dépendre d’un seul fournisseur. Le GNL peut être acheté sur les marchés mondiaux et importé par bateau de n’importe où. Il permet une plus grande flexibilité et un plus grand pouvoir de négociation.

Le plan d’investissement présenté par le ministre de l’Energie marocain, Abdelkader Amara, avance la date de 2021 pour la mise en service des futures installations gazières. L’Usine Nouvelle rappelle que 2021 est également la date d’échéance du contrat de fourniture de gaz entre la société électrique nationale marocaine (ONEE) et la compagnie pétrolière nationale algérienne (Sonatrach), ainsi que celle de la convention existante de transit du gaz algérien par le GME (gazoduc Maghreb Europe), au terme de laquelle le Maroc peut prélever une partie du gaz circulant.

Abdelkader Amara a déclaré que l’Etat marocain allait investir un total de 4,6 milliards de dollars pour construire un réseau de distribution du GNL et un terminal méthanier maritime à Jorf Lasfar, sur la côte Atlantique, au Sud de Casablanca. Le gouvernement espère que ces infrastructures permettront de faire passer la part du GNL de 10% à 30% dans le mix énergétique du pays d’ici 2025.

Les estimations du gouvernement marocain avancent que la consommation de gaz naturel du royaume passerait de 0,9 milliard de m3 en 2014, à 3,5 milliards de m3 en 2025 (en comparaison la France consomme environ 45 milliards de mètres cubes). Le royaume ne produisant chaque année que 70 millions de m3, la grande majorité du gaz sera importé.

Le GNL en renfort des énergies renouvelables pour la production électrique

90% du GNL sera utilisé pour la production électrique. Le plan d’investissement prévoit la construction de nouvelles centrales à gaz. Le royaume espère augmenter ses capacités de production électrique à base de GNL à 2.700 mégawatts, voire 3.900 MW sur le plus long terme. Pour l’instant seules deux centrales au gaz naturel sont en service au Maroc, de 300 MW chacune.

Cette stratégie GNL ne se substitue pas aux autres initiatives prises par le Maroc. Dans un contexte de forte croissance de la demande d’électricité dans le pays (+6% chaque année à l’horizon 2025), toutes les solutions disponibles doivent être employées pour remporter ce que le directeur de l’ONEE a qualifié de « course contre-la-montre ». Les capacités de production sont déjà insuffisantes aujourd’hui et 15% de l’électricité marocaine est importée depuis l’Espagne.

Dernièrement, des investissements ont été effectués dans le charbon, avec la création de deux nouvelles tranches sur la centrale de Jorf Lasfar. Une nouvelle centrale à charbon doit également être construite par GDF-Suez à Safi.

Sur le plus long terme, le royaume mise sur les énergies renouvelables. L’objectif fixé en 2009 de 42% d’énergie renouvelable en 2020 semble inatteignable, de nombreux chantiers de centrales solaires à concentration prenant du retard. Mais le Maroc possède déjà le plus grand parc éolien d’Afrique à Tarfaya, avec 131 turbines pour une capacité de 301 MW. En 2015 ouvrira également la centrale thermo-solaire Noor 1 à Ouarzazate, d’une capacité de 160 MW.

Un projet encore en phase de conception

Le GNL devrait venir compenser les déboires actuels du pétrole. Les premières prospections pétrolières au Maroc n’ont pas été couronnées de succès. Les réserves d’hydrocarbures sont difficiles d’accès, avec des coûts d’exploitation élevés. Dans un contexte de chute des prix du baril, les investisseurs pour de tels projets sont difficiles à trouver.

Et l’Etat marocain, du fait de son déficit public important, vient de supprimer les subventions sur le fioul industriel et le gasoil. L’énergie s’est donc renchérie pour les industriels locaux. Le GNL va « offrir plus d’alternatives aux industriels » selon Abdelkader Amara. Quant à l’extension du réseau gazier aux ménages marocains (au lieu du gaz en bouteille) « Cette phase viendra quand nous aurons optimisé l’utilisation industrielle » a-t-il expliqué.

Le plan gaz naturel reste pour l’instant au stade de l’annonce. Le schéma de financement reste à élaborer. L’ONEE connaît actuellement des difficultés financières et la question de recourir à des opérateurs privés reste entière. EDF possède une expertise importante dans le GNL, grâce notamment à la construction du terminal méthanier de Dunkerque.

Source : https://www.lenergieenquestions.fr/le-maroc-veut-investir-46-milliards-de-dollars-dans-le-gnl/
 
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