Maroc : l’affaire Tehzaz dévoile le côté Hassan II de M6

La création de l’instance « Équité et réconciliation*», chargée d’instruire les dossiers des victimes de la répression des opposants à Hassan II, avait secoué le monde arabe et enthousiasmé l’Europe.

Or, le procès expéditif et à huis-clos du colonel Tehrzaz, sa condamnation, le refus obstiné de toutes les grâces royales depuis deux ans, sont en contradiction totale avec les promesses du souverain et l’image que se faisaient les Européens des nouvelles mœurs politiques de la « transition marocaine*».* D’autant que les responsables directs de l’embastillement du vieux militaire n’ont pas à se vanter.

Un rapport américain, que s’est procuré le quotidien espagnol El Pais, épingle la corruption de l’armée marocaine. Et, précisément, celle de son chef d’état-major, ce général Bennani qui a diligenté la plainte contre le condamné. Selon l’ambassadeur des États-Unis au Maroc, la haute hiérarchie des Forces armées royales est ultra-corrompue. Son rapport relève que ce haut-gradé « tire des revenus des contrats militaires et exerce son influence sur les décisions du monde des affaires*». «*Comme d’autres officiers vétérans, Bennani possède une fastueuse résidence familiale qui fut probablement construite avec l’argent des pots-de-vin. Car une position de leader dans une région est, pour la hiérarchie militaire, une source importante de revenus non légaux*», notent Thomas Riley et les attachés de l’ambassade américaine à Rabat.

Des pratiques qui embarrassent beaucoup le Palais. Pour sa part, le colonel Tehrzaz, n’avait cessé de dénoncer les pratiques contraires à son idée de l’honneur et de la loyauté. Est-cela qui lui vaut le cachot*? Triste affaire qui pourrait bien nous faire croire qu’il reste beaucoup de Hassan II sous Mohammed VI.
 
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