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PLD (Peace, Love and Diversity)
http://www.liberation.fr/societe/0101631105-maroc-terre-rebelle-au-sida
Société 20/04/2010 à 00h00
Maroc, terre rebelle au sida
grand angleAu royaume de Mohammed VI comme dans tout le Maghreb, lépidémie de VIH reste contenue. Une exception qui tient à des facteurs socio-culturels, mais aussi au travail réalisé par la professeure Hakima Himmich et son Association de lutte contre le sida.
1 réaction
Par ERIC FAVEREAU Envoyé spécial à Casablanca
Une petite maison anodine en plein centre de Casablanca. Ce sont les locaux de lAssociation de lutte contre le sida (ALCS). Lundi soir, 19 heures, lheure de la réunion dinformation sur le sida avec les professionnels du sexe. Lambiance est détendue, rigolarde même. Lanimatrice est voilée. Elle est jeune, se montre très professionnelle.
Des dessins et des photos défilent sur un tableau. «Des réactions ?» demande lanimatrice. «Ah, il ne faut pas se fier aux apparences, lâche une toute jeune fille devant limage quon lui présente, qui est celle dun homme aux allures de cadre. Cest avec eux que lon a le plus de problèmes», raconte-t-elle. Une autre : «Moi, si jai le choix, je choisis toujours le vieux client. A peine a-t-on eu le temps de lui mettre un préservatif que cest fini.» Elles éclatent de rire, se donnent des conseils. Certaines sont si jeunes. Puis lanimatrice revient sur les règles dhygiène, sinquiète de cette mauvaise habitude quont les prostituées de se nettoyer le vagin avec les doigts après un rapport sexuel. «Cela risque de vous provoquer des lacérations, insiste-t-elle. Et puis ne jamais passer le doigt de lanus au vagin, mais toujours linverse.» Tout est abordé. On essaye même les préservatifs sur une maquette. Ensuite, les filles vont voir un médecin et repartent par une porte dérobée, certaines avec des traitements contre la syphilis, toutes avec des préservatifs. La moitié sont voilées, la plupart ne savent ni lire ni écrire. «Cest vraiment cela notre travail : être là où il y a des risques», explique lanimatrice.
Deux jours plus tard, le matin, à la gare routière de Casablanca. Le lieu est glauque. Le camion de dépistage est installé depuis les toutes premières heures du jour. Autour de lui, des conducteurs dautocars et leurs accompagnateurs, souvent de très jeunes garçons. «Ici, ça marche très bien. On fait plus de 60 tests antisida par demi-journée», explique le médecin de lALCS. Les hommes vont et viennent, on leur donne des préservatifs. Ils reçoivent un cahier dinstruction. «Cest un groupe à risque, poursuit le médecin. Ils sont souvent partis plusieurs jours. Dans le voyage, il y a des lieux où ils sarrêtent, avec des filles qui les attendent. On a cinq camions comme celui-là dans le pays.»
Au Maroc, comme dans tout le Maghreb, lépidémie de VIH reste faible. «En Algérie, à peine un millier de malades. Lépidémie de VIH nest pas importante», nous expliquait un chef de service de maladies infectieuses dAlger lors de la 5e conférence francophone VIH-sida, qui sest tenue à Casablanca, fin mars. En Tunisie, même son de cloche. Au Maroc, selon le ministère de la Santé, on a enregistré 3 198 cas de sida depuis lannée 1986. Pour 2008, le nombre de séropositifs a été estimé à 22 300. Cest peu. Un taux de prévalence autour de 0,08% au sein de la population générale, trois fois moins quen France (environ 0,25%).
Société 20/04/2010 à 00h00
Maroc, terre rebelle au sida
grand angleAu royaume de Mohammed VI comme dans tout le Maghreb, lépidémie de VIH reste contenue. Une exception qui tient à des facteurs socio-culturels, mais aussi au travail réalisé par la professeure Hakima Himmich et son Association de lutte contre le sida.
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Par ERIC FAVEREAU Envoyé spécial à Casablanca
Une petite maison anodine en plein centre de Casablanca. Ce sont les locaux de lAssociation de lutte contre le sida (ALCS). Lundi soir, 19 heures, lheure de la réunion dinformation sur le sida avec les professionnels du sexe. Lambiance est détendue, rigolarde même. Lanimatrice est voilée. Elle est jeune, se montre très professionnelle.
Des dessins et des photos défilent sur un tableau. «Des réactions ?» demande lanimatrice. «Ah, il ne faut pas se fier aux apparences, lâche une toute jeune fille devant limage quon lui présente, qui est celle dun homme aux allures de cadre. Cest avec eux que lon a le plus de problèmes», raconte-t-elle. Une autre : «Moi, si jai le choix, je choisis toujours le vieux client. A peine a-t-on eu le temps de lui mettre un préservatif que cest fini.» Elles éclatent de rire, se donnent des conseils. Certaines sont si jeunes. Puis lanimatrice revient sur les règles dhygiène, sinquiète de cette mauvaise habitude quont les prostituées de se nettoyer le vagin avec les doigts après un rapport sexuel. «Cela risque de vous provoquer des lacérations, insiste-t-elle. Et puis ne jamais passer le doigt de lanus au vagin, mais toujours linverse.» Tout est abordé. On essaye même les préservatifs sur une maquette. Ensuite, les filles vont voir un médecin et repartent par une porte dérobée, certaines avec des traitements contre la syphilis, toutes avec des préservatifs. La moitié sont voilées, la plupart ne savent ni lire ni écrire. «Cest vraiment cela notre travail : être là où il y a des risques», explique lanimatrice.
Deux jours plus tard, le matin, à la gare routière de Casablanca. Le lieu est glauque. Le camion de dépistage est installé depuis les toutes premières heures du jour. Autour de lui, des conducteurs dautocars et leurs accompagnateurs, souvent de très jeunes garçons. «Ici, ça marche très bien. On fait plus de 60 tests antisida par demi-journée», explique le médecin de lALCS. Les hommes vont et viennent, on leur donne des préservatifs. Ils reçoivent un cahier dinstruction. «Cest un groupe à risque, poursuit le médecin. Ils sont souvent partis plusieurs jours. Dans le voyage, il y a des lieux où ils sarrêtent, avec des filles qui les attendent. On a cinq camions comme celui-là dans le pays.»
Au Maroc, comme dans tout le Maghreb, lépidémie de VIH reste faible. «En Algérie, à peine un millier de malades. Lépidémie de VIH nest pas importante», nous expliquait un chef de service de maladies infectieuses dAlger lors de la 5e conférence francophone VIH-sida, qui sest tenue à Casablanca, fin mars. En Tunisie, même son de cloche. Au Maroc, selon le ministère de la Santé, on a enregistré 3 198 cas de sida depuis lannée 1986. Pour 2008, le nombre de séropositifs a été estimé à 22 300. Cest peu. Un taux de prévalence autour de 0,08% au sein de la population générale, trois fois moins quen France (environ 0,25%).