Marouane Chamakh se lance en politique

L'attaquant franco-marocain, Marouane Chamakh, se présente comme candidat aux élections régionales en Gironde (France). L'international marocain est le numéro 13 (place non éligible) de la liste Jean Lassalle du Mouvement Démocrate (MoDem) pour les régionales en mars prochain. "Nous avions réfléchi depuis longtemps à proposer à Marouane de figurer sur notre liste. Le sport, c'est 70% des loisirs de nos enfants, entre ce qu'ils lisent, regardent à la télé, à quoi ils jouent sur le terrain et à la (...)-Sport / France, Marouane Chamakh, Football, Bordeaux, Grande-Bretagne, Elections, Transfert

Marouane Chamakh se lance en politique...
 
L'attaquant des Girondins de Bordeaux, Marouane Chamakh, a été investi sur la liste du Modem pour les régionales en Aquitaine. Un nom de plus sur la longue liste des sportifs qui s'engagent en politique.


LAURE EQUY


Marouane Chamakh à Bordeaux, le 10 février (Olivier Pon / Reuters)

C’est une affaire qui roule. Les sportifs, anciens médaillés ou valeurs montantes, sont, à l’heure du bouclage des listes pour les régionales, des recrues de choix. Virage vers un nouveau bout de carrière pour les uns, bonus, prime à la notoriété, ouverture à la société civile pour les autres. L’attaquant franco-marocain de Bordeaux, Marouane Chamakh, dont on a appris hier l’investiture sur une liste Modem en Aquitaine, est le dernier d’une longue liste de sportifs candidats: Patrick Revelli, Gwendal Peizerat, Henry Broncan, Joel Abati, Stéphane Caristan, etc.

Une rencontre qui n’est, certes, pas nouvelle. Paul Dietschy, maître de conférences à l’université de Franche-Comté, rappelle «l’héritage du gaullisme qui a toujours aimé les grands champions». Ses figures: Maurice Herzog, vainqueur de l’Anapurna en 1950 et ministre des Sports de De Gaulle, puis l’athlète Guy Drut et l’escrimeur Jean-François Lamour.

A gauche, Paul Dietschy cite «la tradition de la SFIO et de Léo Lagrange qui a lancé une politique de démocratisation du sport». François Mitterrand aura ses ministres champions, l’ancien patineur Alain Calmat (à la Jeunesse et aux sports de 1984 à 1986) et le sprinteur Roger Bambuck, secrétaire d’Etat de Michel Rocard. Un ménage sport-politique à mettre en lien aujourd'hui avec la «pipolisation de la vie politique, la question du sport-spectacle et la place du sport dans la société», relève Valérie Bonnet, du réseau de chercheurs «Sport, médias et communication».

«Je vais essayer d’aider mes collègues»
Dernier transfert donc, Marouane Chamakh, 13e - place non-éligible - sur la liste du député Modem Jean Lassalle pour la Gironde. Et aussi pressenti - ce qu'il dément - pour rejoindre le club anglais Arsenal... Dans la campagne du Modem aquitain, il pourra, en tous cas, croiser deux autres sportifs, François Gelez, joueur de l’équipe Agen (ProD2 de rugby) qui figure en 3e position dans le Lot-et-Garonne, et l’ancien basketteur de Pau-Orthez, Thierry Gadou.

En Aquitaine, c’est sur la liste du Front de gauche de Lot-et-Garonne que, selon Sud-Ouest, Henry Broncan, fera campagne, en 6e position. «Le pire, c’est l’abstention. Il faut vraiment lutter contre ça. Alors, je vais essayer d’aider mes collègues même si j’ai peur de ne pas être très bon», confiait au quotidien l’ancien entraîneur du FC Auch et du SU Agen (rugby).

Les rugbymen - comme Didier Codorniou, maire de Gruissan depuis 2001, et candidat sur la liste de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon -, médaillés de la reconversion en politique? Paul Dietschy explique cette relation ancienne en évoquant le «statut amateur longtemps revendiqué par le rugby favorable à l’engagement politique», ainsi que la «notabilité» des joueurs localement.

Côté footballeurs, l’ancien international Patrick Revelli, figure en 21e position (non éligible) sur la liste PS dans la Loire.

«Il a montré qu’il était un gagneur»
Pour les listes à haute teneur en sportifs, on relève celle du socialiste Jean-Jack Queyranne en Rhône-Alpes, qui a retenu David Smétanine (3e), quadruple médaillé de natation aux jeux Paralympiques de Pékin, et l’ancien champion olympique de danse sur glace Gwendal Peizerat (7e) qui avait refusé une sollicitation en 2004. «Gwendal est un atout pour notre liste. Il a montré qu’il était un gagneur dans une discipline qui exige beaucoup de travail, de maîtrise et d’élégance», s’est réjoui Queyranne.

Sur la liste Frêche, Codorniou, soutien du sortant divers gauche face à la direction du PS, pourra initier aux campagnes électorales Joël Abati, l’ex-arrière-droit du Montpellier Agglomération Handball, champion olympique et médaillé d’or des championnats du monde (2009).
 
En Ile-de-France, on ne présente plus David Douillet: après avoir remporté la législative partielle des Yvelines, en octobre, l’ex-judoka poursuit son ascension politique en faisant campagne comme numéro 2 de Valérie Pécresse (UMP) dans le département. Possible tremplin pour une entrée au gouvernement, murmure-t-on.

«La question délicate de l’après carrière»

Face à l’UMP, le sortant Jean-Paul Huchon a, lui, rallié, Stéphane Caristan, ancien recordman d’Europe du 110m haies. Déjà maire-ajoint (PS) de Créteil, il sera 10e dans le Val-de-Marne. En 28e position de la liste parisienne figure Michaël Jeremiasz, médaillé d’or de tennis aux Jeux Paralympiques de Pékin. Et Roxana Maracineanu, ancienne championne du monde natation, fera campagne dans les Hauts-de-Seine.

Ces deux sphères là trouvent, c’est sûr, des intérêts à faire équipe. Le politique profite de la visibité d’une figure locale ou nationale, surfe sur la conception du sport «toujours porteur de valeurs, dans l’imaginaire collectif». Et pour ces athlètes? Le bénéfice n’est «pas seulement matériel», analyse Valérie Bonnet: «Ils ont souvent à gérer la question délicate de l’après carrière. Or, au-delà des appétences personnelles pour la chose publique, l’implication en politique offre la possibilité de rester sous les projecteurs et cette reconnaissance: "je ne suis pas qu’un corps".»
 
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