Une opération conjointe réunissant le Polisario et larmée mauritanienne, appuyée par la logistique algérienne, a été menée dans le sud-est mauritanien le 8 décembre, a révélé à TTU une source sécuritaire burkinabé. Cette initiative commune inédite avait été décidée avant la visite de trois jours à Alger, le 10 décembre, du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a été dominée par le dossier de la lutte antiterroriste. Elle consacre le nouvel axe Alger-Nouakchott. Et par là, marque la rupture de lalliance traditionnelle de Nouakchott avec Rabat, qui rejette le projet dautodétermination du mouvement saharoui. Initiée par Alger, cette opération sest inscrite dans le cadre de la traque des auteurs de lenlèvement, fin octobre, de trois humanitaires deux Espagnols et une Italienne dans le camp de Tindouf, contrôlé par le Polisario. Lattaque a eu lieu dans la région de Hank, à la frontière algéro-mauritanienne sur un convoi de trafiquants opérant dans la zone. Laffrontement aurait permis déliminer lune des figures importantes de ce réseau qui figurait comme la principale cible de cette opération : Mohamed Yahia, appelé Ibrahim double tête, suspecté davoir initié lenlèvement de Tindouf avant de les revendre à un autre groupe lié à AQMI. Ce trafiquant mauritanien avait contribué à larrestation dOmar le Saharoui, un Malien accusé par la Mauritanie dun autre enlèvement sur ses terres, celui des trois humanitaires espagnols en décembre 2009, et davoir agi comme «mercenaire» pour le compte dAQMI. Omar SidAhmed Ould Hamma doit son surnom à son passé de combattant au sein du Front Polisario pour lindépendance du Sahara occidental. Il avait ensuite servi de monnaie déchange pour la libération de ces Espagnols en août 2010. Or, selon cette source, Omar le Saharoui a participé à lopération conjointe en aidant le Polisario à retrouver Yahia et à labattre. «Cest une guerre de trafiquants sous couverture de lutte antiterroriste, explique-t-elle, car Ibrahim double tête avait repris les business dOmar à la faveur de son arrestation». Selon elle, la surenchère des enlèvements dans la région relèverait ainsi dune lutte sourde entre AQMI, qui sefforce de garder le contrôle des enlèvements dOccidentaux, et les intermédiaires, qui tentent de se réapproprier ce juteux marché.
http://www.ttu.fr/la-mauritanie-coopere-avec-le-polisario
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