L’affaire Daniel Galvan qui a secoué le Maroc cet été aura bien montré, finalement, qu’en dehors du palais et de la société civile, le Maroc ne dispose d’aucune force politique efficace, ou efficiente. On se rappelle tous du mutisme ravageur des partis alors que les manifestants manifestaient et que le Roi s’activait pour éteindre le feu qui menaçait de prendre. Les deux camps protagonistes prenaient des coups, chacun à sa façon, pendant que les autres, tous les autres, s’étaient rués aux abris. Même le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui ne cessait de répéter urbi et orbi qu’il ferait tout pour le Roi, s’était prudemment retranché dans son bureau (situé dans l’enceinte du palais !), et le ministre de la Justice Mustapha Ramid, fraîchement décoré par le Roi, s’était lavé les mains en s’essuyant sur le palais.
Qu’avons-nous donc comme classe politique ? Une majorité qui se laisse aller à un délitement certain, et une opposition qui ne se lasse pas plus d’attaquer le gouvernement pour aucune autre raison que l’attaquer ! Rares sont les débats d’idées, et encore plus rares sont les idées qui en affrontent d’autres ; l’heure est à l’invective, l’ère est celle de la dispute de bas niveau, parfois même de caniveau.
Cela fait maintenant un an que le gouvernement est en crise, depuis que Hamid Chabat a pris d’assaut la forteresse Istiqlal en septembre 2012. Menaces, doutes, insultes, blocages et entraves de toutes natures et de tous temps. Voilà déjà deux mois que le Roi a accepté les démissions des ministres istiqlaliens, décidées à l’issue d’un Conseil national qui s’était tenu à son tour deux mois plus tôt… quatre mois, donc, que des départements aussi sensibles que les Finances et l’Education nationale, aussi importants que les MRE, l’Artisanat et l’Energie sont dirigés par des gens qui n’avaient ou n’ont plus le cœur à rien faire, qui ne savaient pas et ne savent toujours pas de quoi leur lendemain sera fait.
Aujourd’hui, de quoi est constitué le gouvernement, ou plutôt ses débris ? D’un PJD qui crie au complot, et au loup, du PPS qui ne sait plus où donner de la tête dans la réalité politique marocaine que nous connaissons tous, du MP qui doit attendre une révélation venue d’ailleurs, d’un ministère des Finances qui vient de changer de titulaire (temporairement !) en pleine période d’élaboration du budget, et d’un ministre de l’Education nationale exclu par son parti et sérieusement tancé par le Roi, alors que nos enfants reprennent l’école sans savoir ce qu’ils vont y apprendre, dans le cas improbable où ils y apprendraient quelque chose.
On attendait un gouvernement faiseur de miracles et nous voilà avec une navrante cour des miracles.
M. Abdelilah Benkirane, chantre du « maâqoul » (sérieux en VO), partisan du tout dire et affichant l’assurance de celui qui est prêt à « remettre les clés au roi » si on ne le laisse pas gouverner, a eu tout faux. Son sérieux a volé en éclats en essayant de s’allier avec son ennemi juré d’hier, sur lequel il disait pis que pendre et avec lequel il échangeait des propos de corps de garde ; l’homme qui avait promis de tout dire ne dit plus rien à personne sauf au parlement où il s’en prend à tout le monde… et il ne se résout toujours pas à remettre les clés alors que, manifestement, il ne gouverne plus, si tant est qu’il l’ait fait un jour.
Quant au RNI, son président Salaheddine Mezouar nous le présente désormais comme un parti qui ne roule que pour « les-intérêts-supérieurs-du-Maroc » et qui prend seul ses décisions. C’est mal connaître ce parti, né à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, quand le Maroc criait famine et que certains partis posaient nus… Qu’on lui dise donc quoi faire, il n’en peut plus de jouer un rôle et son contraire pour plaire, mais aussi et surtout pour ne pas déplaire.
Si Benkirane et Mezouar sont incapables de s’entendre sur un programme et des noms, comment diable pourraient-ils, à l’avenir, élaborer à eux deux une loi de Finances et l’appliquer, diagnostiquer ensemble les réformes à entreprendre et les lancer, chiffrer en commun les nombreux déficits et les résorber ? Les deux hommes ne s’apprécient visiblement pas et tout le monde en convient.
La solution alors ? Aucune de vraiment valable ne point à l’horizon, sauf peut-être des élections anticipées, qui donneraient d’ailleurs la même carte politique, avec néanmoins un net recul du PJD, qui garderait quand même la pole position… et rebelote.
Peut-être alors une révision partielle de la constitution, cette espèce d’ersatz de celle de la Vème République, l’histoire révolutionnaire du pays et la compétence des élites en moins !… Mais là, c’est aux constitutionnalistes, spécialistes et autres mahkzénistes d’en convenir. Peut-être.
par Aziz Boucetta PanoraMaroc.
Qu’avons-nous donc comme classe politique ? Une majorité qui se laisse aller à un délitement certain, et une opposition qui ne se lasse pas plus d’attaquer le gouvernement pour aucune autre raison que l’attaquer ! Rares sont les débats d’idées, et encore plus rares sont les idées qui en affrontent d’autres ; l’heure est à l’invective, l’ère est celle de la dispute de bas niveau, parfois même de caniveau.
Cela fait maintenant un an que le gouvernement est en crise, depuis que Hamid Chabat a pris d’assaut la forteresse Istiqlal en septembre 2012. Menaces, doutes, insultes, blocages et entraves de toutes natures et de tous temps. Voilà déjà deux mois que le Roi a accepté les démissions des ministres istiqlaliens, décidées à l’issue d’un Conseil national qui s’était tenu à son tour deux mois plus tôt… quatre mois, donc, que des départements aussi sensibles que les Finances et l’Education nationale, aussi importants que les MRE, l’Artisanat et l’Energie sont dirigés par des gens qui n’avaient ou n’ont plus le cœur à rien faire, qui ne savaient pas et ne savent toujours pas de quoi leur lendemain sera fait.
Aujourd’hui, de quoi est constitué le gouvernement, ou plutôt ses débris ? D’un PJD qui crie au complot, et au loup, du PPS qui ne sait plus où donner de la tête dans la réalité politique marocaine que nous connaissons tous, du MP qui doit attendre une révélation venue d’ailleurs, d’un ministère des Finances qui vient de changer de titulaire (temporairement !) en pleine période d’élaboration du budget, et d’un ministre de l’Education nationale exclu par son parti et sérieusement tancé par le Roi, alors que nos enfants reprennent l’école sans savoir ce qu’ils vont y apprendre, dans le cas improbable où ils y apprendraient quelque chose.
On attendait un gouvernement faiseur de miracles et nous voilà avec une navrante cour des miracles.
M. Abdelilah Benkirane, chantre du « maâqoul » (sérieux en VO), partisan du tout dire et affichant l’assurance de celui qui est prêt à « remettre les clés au roi » si on ne le laisse pas gouverner, a eu tout faux. Son sérieux a volé en éclats en essayant de s’allier avec son ennemi juré d’hier, sur lequel il disait pis que pendre et avec lequel il échangeait des propos de corps de garde ; l’homme qui avait promis de tout dire ne dit plus rien à personne sauf au parlement où il s’en prend à tout le monde… et il ne se résout toujours pas à remettre les clés alors que, manifestement, il ne gouverne plus, si tant est qu’il l’ait fait un jour.
Quant au RNI, son président Salaheddine Mezouar nous le présente désormais comme un parti qui ne roule que pour « les-intérêts-supérieurs-du-Maroc » et qui prend seul ses décisions. C’est mal connaître ce parti, né à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, quand le Maroc criait famine et que certains partis posaient nus… Qu’on lui dise donc quoi faire, il n’en peut plus de jouer un rôle et son contraire pour plaire, mais aussi et surtout pour ne pas déplaire.
Si Benkirane et Mezouar sont incapables de s’entendre sur un programme et des noms, comment diable pourraient-ils, à l’avenir, élaborer à eux deux une loi de Finances et l’appliquer, diagnostiquer ensemble les réformes à entreprendre et les lancer, chiffrer en commun les nombreux déficits et les résorber ? Les deux hommes ne s’apprécient visiblement pas et tout le monde en convient.
La solution alors ? Aucune de vraiment valable ne point à l’horizon, sauf peut-être des élections anticipées, qui donneraient d’ailleurs la même carte politique, avec néanmoins un net recul du PJD, qui garderait quand même la pole position… et rebelote.
Peut-être alors une révision partielle de la constitution, cette espèce d’ersatz de celle de la Vème République, l’histoire révolutionnaire du pays et la compétence des élites en moins !… Mais là, c’est aux constitutionnalistes, spécialistes et autres mahkzénistes d’en convenir. Peut-être.
par Aziz Boucetta PanoraMaroc.
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