Migrants : comment survivent-ils à rouen ?

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Enquête. « On » les dit massés aux frontières, profiteurs d’une protection sociale qu’ils n’ont pas, fraudeurs. Le quotidien des migrants à Rouen est celui de la misère, de la débrouille et de l’attente.

«En ce moment, à Rouen, il y a une vingtaine de familles, une cinquantaine d’enfants, qui dorment dans la rue», proteste le porte-parole de Réseau Éducation Sans Frontière (RESF). Sans compter les mineurs migrants qui n’ont pas de place en foyer, les ménages qui trouvent refuge chaque nuit au CHU, aux urgences et parfois dans les lits de pédiatrie avec des services médicaux bienveillants... Être migrant à Rouen en 2015, c’est un parcours du combattant, «ce sont des héros des temps modernes», juge la Cimade (centre d’entraide protestant pour les réfugiés).

Logement impossible

Demandeurs d’asile, déboutés, sans papiers (qu’ils restent invisibles ou qu’ils tentent de se faire régulariser via la circulaire Valls), cibles d’injonction à quitter le territoire et éventuellement placés en rétention voire en détention : combien sont-ils ? Chiffre noir, impossible à déterminer. Seule certitude : France Terre d’Asile (FTA), qui centralise toutes les demandes d’asile pour les primo-arrivants en Haute-Normandie, reçoit chaque année environ 1 200 migrants. Un chiffre stable, loin des vagues annoncées.

«80% des demandeurs d’asile sont à la rue», estime Médecins du Monde. «C’est le problème n°1», rajoute la Cimade, d’autant qu’un certificat d’hébergement est obligatoire pour prétendre être régularisé au titre de la circulaire Valls, si le migrant a été débouté du droit d’asile. Un problème d’autant plus criant que les délais d’instruction des dossiers en préfecture ou à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) vont de 18 mois à plus de trois ans. Des années pendant lesquelles il faut survivre. «On a vu un Albanais, hyperexploité, accepter de travailler au black à 25€ par jour, 11 heures par jour, six jours sur sept», s’étrangle la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Sans papiers, il n’avait aucune autre ressource. Les demandeurs d’asile, dans le meilleur des cas, sont logés dans les centres d’accueil. En Haute-Normandie, il n’y a que 940 places (dont 142 dans 13 communes au sein de la Métropole). 450 demandeurs sont en attente. Et chacun doit survivre avec un peu plus de 11 € d’allocation par jour.

«En arrivant en 2012 à Rouen, je n’avais plus rien», confie Roberto Duarte-Pinto, réfugié. Logé par un ami, puis au centre d’accueil, «j’avais l’interdiction de travailler. Je ne connaissais pas le français. En Guinée-Bissau, j’étais expert-comptable. Depuis que j’ai eu l’asile, je peux chercher un travail. Mais il y a un trou de trois ans dans mon CV, même si je me suis inscrit en master à l’université. Personne ne voudra me reprendre à mon niveau». Et sans travail, bien qu’il en ait le droit, il ne peut faire venir sa famille parce qu’il n’en a pas les moyens.

B. M.-C. Il n’y a rien de plus complexe que les droits des migrants en France. De plus, le droit d’asile est en cours de réforme. Association par association, témoin par témoin, quelques notes d’interview........................

http://www.paris-normandie.fr/detai...iete/l-autre-visage-des-migrants#.VY6FXFJ4fyb
 
Haut