Les militaires maliens coupables d'exactions à Sévaré

Exécutions sommaires, chasse à l'homme: à Sévaré, dans le centre du Mali, des éléments de l'armée nationale exercent des représailles meurtrières, selon les témoignages recueillis sur place par L'Express.

Photo: http://www.lexpress.fr/medias/2406/1232242.jpg
Un cadavre à peine enfoui, à Sévaré, dans le centre du Mali. Dans plusieurs endroits de la ville, des habitants ont vu des soldats de l'armée nationale jeter des corps dans des puits.

[Exclusif] C'est un corps nu, grossièrement enfoui; seuls le bras gauche et les fesses sont visibles, à la surface de la terre meuble. Il gît dans un recoin, au centre de Sévaré, une ville de quelque 30 000 habitants où stationnent les militaires maliens, et dont l'armée française contrôle l'aéroport.

Nous sommes à deux pas du "quartier des millionnaires", Million-Kin, un lieu qui doit son nom au fait que les maisons y sont construites "en dur". La mort est toute récente: à l'exception d'une partie des doigts de la main, le corps semble intact. Un riverain, qui réclame l'anonymat, s'est décidé à montrer la dépouille, en pleine nuit, à un journaliste étranger. "Vendredi, ma mère a entendu des détonations, explique-t-il. J'ai attendu une nuit, et puis je suis allé regarder..."

Les forces maliennes suscitaient espoir et fierté à Sévaré, une ville proche de la frontière virtuelle qui sépare le Sud du pays, sous le contrôle de Bamako, et le Nord, aux mains des islamistes. Mais aujourd'hui, certains habitants éprouvent surtout de la terreur face aux soldats de l'armée nationale.


Chasse à l'homme à Sévaré

La hantise des djihadistes infiltrés, dans cette région qui s'apparente à une ligne de front, a donné lieu à une campagne populaire de dénonciation des "suspects". L'attaque, le 9 janvier, de la ville voisine de Konna -dont l'accès reste interdite aux ONG et aux journalistes- semblait justifier cet appel à témoins. Mais celui-ci s'est mué, semble-t-il, en chasse à l'homme.

"Depuis l'attaque des islamistes, la population s'est montrée solidaire avec les autorités, affirme le maire de Mopti, Oumar Bathily. Nous avons insisté sur le besoin de collaborer avec la police et l'armée et notre demande a été bien comprise." Avec des conséquences meurtrières.

"Etre arabe, touareg ou habillé de façon traditionnelle, pour quelqu'un qui n'est pas de Sévaré, cela suffit à le faire disparaître", témoignent deux jeunes."
 
A Sévaré, selon les témoignages recueillis sur place par L'Express, des exécutions sommaires ont eu lieu dans trois secteurs, outre le camp militaire dans lequel, semble-t-il, un meurtre a été commis la semaine dernière. L'un d'eux s'appelle "Tchétchénie", à deux pas du centre de tir. C'est là que sont égorgés les "suspects". La jeune Miriam témoigne d'un corps sans tête, jeté dans le puits vendredi dernier. Le même jour et le lendemain, dans le quartier de Waillhirdé, non loin de l'hôpital, des soldats en uniforme ont jeté dans un puits, aux yeux de tous, des cadavres présentés comme ceux de "rebelles".

"J'étais là! ", s'exclame Moussa S. "Les morts étaient des rebelles!", ajoute cet ancien militaire, qui ne cache pas sa haine des "peaux-rouges", le surnom donné ici aux Touaregs. "Ils les ont jetés dans le puits. Les soldats ont achevé les rebelles blessés, ramenés de Konna. Les vivants ont été exécutés. Puis ils ont recouvert les corps de pneus et d'essence et les ont brûlés." Du sang macule la margelle du puits, qui a été partiellement bouché par des gravats. A proximité, l'odeur est nauséabonde. Les témoins parlent de 25 à 30 corps enfouis dans ce secteur. Des chasses à l'homme, il y en a eu beaucoup. "Etre arabe, touareg ou habillé de façon traditionnelle, pour quelqu'un qui n'est pas de Sévaré, cela suffit à le faire disparaître", témoignent deux jeunes. "Porter la barbe, disent-ils, c'est un suicide."

Vendredi dernier, un père et son jeune fils, originaires du Nord et de passage à Sévaré, auraient été tués. Machette et balles, avant de finir dans le puits. Un proche parent des victimes, gendarme à Sévaré, est parti à Bamako, afin de trouver le militaire coupable. "Il veut des explications, confie un ami. Et il portera plainte, c'est certain..."


http://www.lexpress.fr/actualite/mo...s-coupables-d-exactions-a-sevare_1211700.html
 
C'est toujours comme ça, après la seconde guerre mondial ceux qui ont colaboré certain ce sont fait tué.Ceux qui ont soutenu les islamistes maintenant ils vont ramasé. :D Dans toute les guerres c'est comme ça.
 
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