"Voici ma voie ! J'appelle d'évidence au chemin d'Allah, moi et ceux qui me suivent." C'est sur cette harangue prophétique tirée du Coran (12 : 108) que s'est achevé, le 17 juin, le discours du roi Mohammed VI appelant les Marocains à soutenir son projet de nouvelle Constitution lors d'un référendum prévu le 1er juillet. Le message est subliminal, mais tout de même. S'identifier au prophète Mahomet et assimiler sa propre réforme au "chemin d'Allah", voilà qui est culotté
et paradoxal, pour un monarque sensé renoncer au droit divin.
La prochaine Constitution, en effet, ne stipulera plus que le roi du Maroc est"sacré". A la place, le peuple devra lui manifester respect et tawqir terme arabe évoquant une "attitude à mi-chemin entre la révérence et l'adoration". Pas sûr, tout compte fait, qu'on change vraiment de registre
Le 9 mars 2011, en réponse à une vague de contestation populaire sans précédent, Mohammed VI avait pourtant promis une Constitution "démocratique". Mais depuis, bien des choses ont changé. Après avoir fait chuter les présidents tunisien et égyptien, la fièvre révolutionnaire arabe est retombée, refroidie par la guerre civile en Libye et la répression sanglante en Syrie.
Au Maroc même, le Mouvement du 20 février, porte-flambeau de la contestation, a perdu de son élan initial. Incapable de produire des leaders, des structures centralisées et un mot d'ordre unique et mobilisateur, il s'est finalement révélé peu menaçant pour le trône. Faute de ressentir une pression forte et constante, le Palais royal, cornac de la commission de réforme constitutionnelle, a fini par produire un texte en trompe-l'il : dès qu'un article instaure un progrès démocratique, un autre, plus loin, réduit sa portée jusqu'à l'insignifiance.
On attendait ainsi une diminution des pouvoirs du roi au profit de ceux du premier ministre. Mais la seule promotion réelle dont a bénéficié ce dernier est d'ordre sémantique, puisqu'il est désormais "chef du gouvernement". Pour le reste, et même si le roi est contraint de le nommer "au sein du parti politique arrivé en tête"aux élections, rien ne change : pieds et poings liés face au Palais, le chef du gouvernement n'a même pas barre sur sa propre équipe. C'est toujours le roi qui nomme et démet souverainement les ministres.
Le chef du gouvernement peut tout au plus "proposer" une liste de ministres ou "demander" que l'un d'eux soit congédié mais dans les deux cas, rien n'oblige le roi à accepter. En revanche, le roi peut remanier le gouvernement quand il veut. Il doit simplement "consulter" son chef au préalable mais sans que rien ne l'oblige à tenir compte de son avis.
Autres nouveautés constitutionnelles : le chef du gouvernement peut nommer les gouverneurs de provinces et même dissoudre le Parlement mais à condition d'obtenir l'aval du Conseil des ministres, présidé par le roi.
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Suite : http://fr.lakome.com/opinion/62-chr...e-a-imposer-une-constitution-absolutiste.html
La prochaine Constitution, en effet, ne stipulera plus que le roi du Maroc est"sacré". A la place, le peuple devra lui manifester respect et tawqir terme arabe évoquant une "attitude à mi-chemin entre la révérence et l'adoration". Pas sûr, tout compte fait, qu'on change vraiment de registre
Le 9 mars 2011, en réponse à une vague de contestation populaire sans précédent, Mohammed VI avait pourtant promis une Constitution "démocratique". Mais depuis, bien des choses ont changé. Après avoir fait chuter les présidents tunisien et égyptien, la fièvre révolutionnaire arabe est retombée, refroidie par la guerre civile en Libye et la répression sanglante en Syrie.
Au Maroc même, le Mouvement du 20 février, porte-flambeau de la contestation, a perdu de son élan initial. Incapable de produire des leaders, des structures centralisées et un mot d'ordre unique et mobilisateur, il s'est finalement révélé peu menaçant pour le trône. Faute de ressentir une pression forte et constante, le Palais royal, cornac de la commission de réforme constitutionnelle, a fini par produire un texte en trompe-l'il : dès qu'un article instaure un progrès démocratique, un autre, plus loin, réduit sa portée jusqu'à l'insignifiance.
On attendait ainsi une diminution des pouvoirs du roi au profit de ceux du premier ministre. Mais la seule promotion réelle dont a bénéficié ce dernier est d'ordre sémantique, puisqu'il est désormais "chef du gouvernement". Pour le reste, et même si le roi est contraint de le nommer "au sein du parti politique arrivé en tête"aux élections, rien ne change : pieds et poings liés face au Palais, le chef du gouvernement n'a même pas barre sur sa propre équipe. C'est toujours le roi qui nomme et démet souverainement les ministres.
Le chef du gouvernement peut tout au plus "proposer" une liste de ministres ou "demander" que l'un d'eux soit congédié mais dans les deux cas, rien n'oblige le roi à accepter. En revanche, le roi peut remanier le gouvernement quand il veut. Il doit simplement "consulter" son chef au préalable mais sans que rien ne l'oblige à tenir compte de son avis.
Autres nouveautés constitutionnelles : le chef du gouvernement peut nommer les gouverneurs de provinces et même dissoudre le Parlement mais à condition d'obtenir l'aval du Conseil des ministres, présidé par le roi.
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