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Adhésion du Monténégro à l’OTAN : un non-sens stratégique

Remise en cause par le nouveau président de son principal pays fondateur, l’OTAN a-t-elle les moyens d’accueillir en son sein un tel mouton noir ?



Laura Jaquet
Consultante analyste risques pays/marché



Donald Trump ne cache pas son désamour pour l’OTAN, qu’il juge désormais « obsolète ». Et même si bon nombre de décideurs clament le contraire, les récents agissements de l’organisation ne semblent pas leur donner raison… Bien au contraire.

L’OTAN dans la tourmente

Née le 4 avril 1949, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord avait pour objectif premier de défendre l’Europe occidentale face à la Russie soviétique. La guerre froide étant désormais finie, l’OTAN souffrirait, aujourd’hui, de ses propres contradictions internes. Pour le président de l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS), François Géré, « l’OTAN souffre d’une divergence d’intérêts entre ses États membres », une partie d’entre eux, principalement à l’Est, redoutant une nouvelle menace russe, alors que d’autres pays entendent concentrer leurs efforts sur la lutte contre le terrorisme et la pression migratoire.

Sans accord sur le fond, « le dramatique paradoxe [de l’OTAN], fondée pour protéger la paix en Europe et à travers la planète, est qu’elle est paralysée par ses contradictions internes au moment où l’Europe a plus que jamais besoin d’un contre-pouvoir efficace », estime le géopolitologue Alexandre Melnik.

Un aggiornamento qui ne pourra s’opérer que si l’OTAN reste « ferme et intransigeante sur le socle clé des valeurs occidentales : respect de la loi internationale, liberté individuelle, démocratie », conclut le spécialiste. Autant de valeurs que semble loin de respecter le Monténégro, pourtant candidat à l’adhésion.
L’adhésion du Monténégro, une « faute géostratégique »

Dirigé depuis 1998 par Milo Đukanović, le petit État balkanique cumule un certain nombre de tares qui devraient normalement lui barrer la route de l’adhésion à l’OTAN. Au titre des « points faibles » recensés par la COFACE, l’un des leaders mondiaux de l’assurance-crédit, on trouve ainsi, pêle-mêle : « importance du vote ethnique et blocage politique ; environnement des affaires médiocre ; économie souterraine importante (39 %) ; crime organisé ». Mais aussi « corruption [et] politisation de la justice ».

Une manière de dire que le pays est gangrené par la prévarication et que les Monténégrins vivent sous le joug d’un pouvoir n’assurant sa reconduction qu’au prix d’un musellement de la presse et des formations d’opposition. Le pays vient, d’ailleurs, d’être rétrogradé à la 64e place de l’index de perception de la corruption 2016 établi par l’ONG Transparency International. Une chute de trois places.

Incapable de résoudre ses contradictions internes, remise en cause par le nouveau président de son principal pays fondateur, l’OTAN a-t-elle les moyens d’accueillir en son sein un tel mouton noir ? Pour le député (LR) Jacques Myard, la chose est entendue : « Cette accession du Monténégro est directement contraire à nos intérêts. » L’adhésion du pays, « champion de tous les trafics », serait « une faute géostratégique ».

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