“Mourir, ce n’est pas normal. J’en ai eu conscience dès mes 16 ans”

“Pourquoi devrais-je mourir ? Et si je veux aller sur Mars un jour ? Une seule vie ne suffit pas”,affirme Valeria Oudalova, directrice générale de la société KrioRus.

C’est en 2000 que Valeria a fondé sa société, avec son associé, Danila Medvedev. Ils l’ont d’abord conçue pour eux-mêmes. Tous deux veulent être cryogénisés après leur mort. Valeria l’a déjà fait pour sa mère, qui a accepté le principe après six mois de négociations. Pour la convaincre, Valeria lui a fait miroiter que dans sa prochaine vie elle pourrait réaliser son rêve de devenir ingénieur, qu’elle aurait une existence plus heureuse, entourée de sa fille et sa petite-fille, qui allaient elles aussi bénéficier de ce traitement. “Pourtant, ajoute Valeria, j’ai parfois des inquiétudes lorsque je songe au choc que subira ma mère quand elle se réveillera dans un corps jeune. Il faudra probablement prévoir un accompagnement psychothérapeutique pour se réadapter.” Car, selon elle, les gens seront ramenés à l’âge optimal du point de vue biologique, soit entre 20 et 25 ans. Elle en est persuadée, “dans un avenir proche, on saura très bien rendre leur jeunesse aux organismes”.

Pour les adeptes de la cryogénisation, cette technique convient à n’importe quel défunt à condition que son cerveau ne soit pas trop endommagé. D’ailleurs, dans certains cas on ne congèle que la tête ou le cerveau, et non le corps entier. Sinon, le procédé consiste à vider le défunt de son sang, que l’on remplace par un liquide constitué de cryoconservateurs chimiques qui empêchent la formation de cristaux de glace et protègent ainsi les cellules durant la cryogénisation. Le corps est ensuite progressivement amené à la température de l’azote liquide (- 196 °C) et conservé ainsi.
 
Ceux qui croient à cette technique invoquent la notion de “mort des informations”, le seul processus qu’ils considèrent comme irréversible. Explication de Valeria Oudalova : “Imaginez un verre. Vous le laissez tomber, il se brise. Pouvez-vous recoller les morceaux ? Sans aucun problème. Même s’il est en miettes. Mais s’il est réduit en poussière, il deviendra impossible à reconstituer. La mort des informations, c’est cela. Il en va de même avec notre corps, qui est un ensemble d’informations. Ce qui compte, c’est de les sauvegarder avant que la désagrégation soit trop avancée.” La comparaison n’est pas très convaincante, mais les partisans de la cryogénisation n’ont pas besoin de grands discours. Leur objectif est de congeler des corps dès aujourd’hui en espérant que la science trouve bientôt une façon de les ranimer.

Difficile de dire ce que reflètent les assertions de Valeria. Confiance inébranlable dans le progrès ou sens aigu des affaires ? Quoi qu’il en soit, elle estime qu’un tel retour des défunts à la vie sera possible dans une quarantaine d’années environ. “Les premières tentatives pourraient avoir lieu avant”, avance-t-elle. Valeria résume les étapes nécessaires : “On sait dès à présent comment cela se fera. Le corps humain ne pose plus de problème car on cultive déjà de nombreux organes pour des transplantations. Récemment, des scientifiques ont réussi à générer une trachée, un organe assez complexe. Dès qu’il sera possible de recréer tout ce qui compose un corps, il sera aussi possible d’en reconstituer un. Le vrai problème consiste à refaire fonctionner le cerveau, qui doit être obligatoirement conservé et congelé. Il faudra sans doute faire appel aux nanotechnologies. A l’avenir, des nanorobots pourraient permettre de réparer les cellules du cerveau que la mort aura abîmées. Ils seront acheminés jusqu’aux neurones, évalueront les dégâts et y remédieront. Lorsque tout sera remis en ordre, l’être qui avait été cryogénisé sera prêt, et il reviendra à la vie”, conclut-elle. Hélas, personne parmi ceux qui partagent ces théories n’a pour l’instant d’idée précise de ce qui se passera dans cette fameuse quarantaine d’années, lorsque cet “Institut de résurrection des humains” entrera en service.

http://www.courrierinternational.com/article/2010/08/31/un-froid-a-reveiller-les-morts
 
Mourir n'est pas juste, certains vivent beaucoup plus longtemps que d'autres.

Mais la mort est équitable: on est tous égaux face à elle.

Et si quand je mourrai quelqu'un se mêle de vouloir recoller les morceaux je ne le lui pardonnerai pas.
 
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