Nabila, 9 ans, en guerre contre les drones

Milamber

Soyez bon envers chacun ~
VIB
Du haut de ses 9 ans, Nabila Rehman est devenue, avec son père et son frère, la porte-voix de la lutte contre la politique des «frappes ciblées» de l’armée américaine. Censés combattre l’ennemi, les drones tirent aveuglément, quitte à toucher des civils, dénonce cette famille qui a fait le déplacement aux Etats-Unis. Elle en a d’ailleurs fait les frais, puisque Nabila et son frère ont été blessés, et leur grand-mère tuée il y a un an.


Elle est Pakistanaise, comme Malala, est encore plus jeune, puisqu’elle n’a que neuf ans, et elle n’a pas été attaquée par les taliban, mais par… un drone américain. Son regard noisette est transperçant ; mais son discours l’est encore plus. Venue de son Waziristan du Nord natal avec son père et son frère aîné, Nabila Rehman s’est exprimée, mardi, au Capitole, pour raconter son histoire et ainsi alerter le monde sur les ravages de la «guerre des drones».

C’était le 24 octobre 2012, la veille de l’Aïd-al-Adha, ou Aīd al-Kabīr (la fête du sacrifice, la plus importante de l’islam). Nabila récoltait des légumes dans un champ attenant à la maison de sa grand-mère, avec sa petite sœur Asma, âgée de 5 ans, et six cousins. Momina Bibi leur apprenait à savoir comment reconnaître le gombo mûr, relate Al Jazeera. Comme «24 heures sur 24», ils entendaient le bourdonnement des drones –un bruit que «même un enfant de 2 ans saurait reconnaître», a confié le frère de Nabila, Zubair, âgé de 13 ans. Sans s’en alarmer plus que ça, donc.

«Tout est devenu noir»
Quand soudain, «deux clics» ont retenti, selon le récit de l’adolescent. «J'ai vu deux lumières brillantes tomber là où ma grand-mère se tenait. Puis tout est devenu noir», poursuit sa sœur. Leur mamie, âgée de 67 ans, a été projetée à 20 mètres et est morte sur le coup. Zubair, lui, a reçu des éclats d’obus dans la jambe gauche, et a dû être opéré à deux reprises déjà. Sa famille a dû contracter un prêt pour payer les soins. Quant à Nabila, elle été blessée à la main. «J’ai essayé de la bander mais le sang n’arrêtait pas de couler.»

Au-delà de ce drame personnel, ce qui a choqué Rafiq Rehman, le père de Nabila, dans les jours qui ont suivi ces frappes, c’est le récit qui en a été fait dans les médias. Il lisait que des rebelles avaient été tués dans l’attaque, qui aurait eu lieu sur une maison, ou une voiture, selon les versions. Aucune mention de sa pauvre mère. D’une quelconque bavure. Et ce malgré ses tentatives de contacter les gouvernements pakistanais et américain pour rectifier ces informations et surtout comprendre pourquoi ce champ avait été visé. Il n’a reçu aucune réponse.

Comprendre pour expliquer et rassurer les enfants
Voilà pourquoi ce maître d’école a décidé de quitter son village de Tappi, et même de sortir de son pays pour la première fois, pour aller à l’autre bout du monde. Pour rétablir la vérité, et appeler le législateur américain à mettre un terme aux programmes secrets de la CIA de «frappes ciblées» au Pakistan, au Yémen et ailleurs.

«En tant qu’instituteur, mon travail consiste à éduquer. Mais comment puis-je enseigner quelque chose comme ça? Comment puis-je expliquer ce que je ne comprends pas moi-même?, a-t-il lancé mardi au Congrès. Comment puis-je en toute bonne foi rassurer les enfants et leur dire que les drones ne reviendront pas les tuer, alors que je ne comprends pas pourquoi ils ont tué ma mère et blessé mes enfants?» Et de conclure: «En fin de compte, je voudrais juste demander à l'opinion publique américaine de nous traiter comme des égaux. Assurez-vous que votre gouvernement nous donne le même statut qu’un être humain, avec ses droits fondamentaux. Nous ne tuons pas notre bétail de la manière dont les Américains tuent les hommes du Waziristan. Ce massacre aveugle doit cesser et justice doit être rendue.»

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Nabila entourée de son père et de son frère. © REUTERS/Jason Reed

«Qu’est ce que ma grand-mère a fait aux Américains?»
De sn côté, Nabila s’est demandée «ce que (sa) grand-mère» avait bien pu faire aux Américains pour mériter ça. «Quand j'entends qu'ils s'attaquent aux personnes qui s'en prennent à l'Amérique, je me demande ce que je leur ai fait», s’est-elle interrogée, avant de répondre: «Rien». Selon «The Guardian», le traducteur lui-même était ému aux larmes à certains moments. Si seuls cinq sénateurs sont venus les écouter ce matin, dont le sénateur républicain de Floride, Alan Grayson, à l’origine de ce voyage, la famille Rehman a au moins gagné l’attention médiatique internationale, et conquis l’opinion américaine. «Je savais que les Américains avaient un cœur, a déclaré Rafiq. (…) que s’ils entendaient mon histoire, ils voudraient m’aider à influencer leurs politiques.»

Très engagé depuis cette tragédie, Rafiq Rehman a aussi participé au rapport d’Amnesty International publié la semaine dernière, ainsi qu’au documentaire du cinéaste Robert Greenwald intitulé «Unmanned» (Sans pilote). L’enquête de l’ONG a révélé que dans neuf cas de frappes de drones -sur 45- perpétrées entre janvier 2012 et août dernier dans le Waziristan du nord, des civils ont été pris pour cibles. «Nous disposons de nouvelles preuves tangibles que les Etats-Unis sont responsables d'homicides illégaux dans les attaques de drones, avait expliqué Polly Truscott, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d'Amnesty. Certains de ces homicides peuvent être qualifiés d'exécutions extrajudiciaires ou de crimes de guerre».

Source http://www.parismatch.com/Actu/International/Nabila-9-ans-en-guerre-contre-les-drones-535034
 
A

AncienMembre

Non connecté
Que Dieu bénisse cette famille et protège leur pays.

La corruption et le chaos dans un pays causent la destruction: c'est le cas de ce pays où certains s'enrichissent en profitant des aides faites aux terroristes sans se soucier du peuple qui se trouve otage quand la guerre se fait dans le pays en entier.

Ce type de massacres humains est inévitable quand on pousse l'ennemi à nous pourchasser parmi des civils, je déteste ces gens qui prennent des innocents pour des boucliers humains.
 
Dernière modification par un modérateur:
Les Etats-Unis coupables de crimes de guerre

.......
"Will I be next ?"

Or, le droit international prohibe tout homicide arbitraire et limite l'utilisation légale de la force meurtrière intentionnelle à des situations exceptionnelles. Dans un conflit armé, seuls les combattants et les personnes qui participent directement aux hostilités peuvent être directement visés. En dehors de tout conflit armé, la force intentionnellement meurtrière n'est légale que lorsqu'elle est strictement inévitable pour protéger contre une menace de mort imminente. Dans certaines circonstances, un homicide arbitraire peut constituer un crime de guerre ou une exécution extrajudiciaire, c'est-à-dire des crimes relevant du droit international.

Dans son rapport d'une soixantaine de pages intitulé "Will I be next ?" (Serai-je le prochain ?), Amnesty International appelle les Etats-Unis à rendre publiques les informations sur ces tirs pour savoir s'ils respectent le droit international, ce qui pourrait être le cas, par exemple, s'ils visent à neutraliser une menace imminente pour Washington.

"Le secret entourant le programme des drones donne au gouvernement américain un droit de tuer supérieur aux tribunaux et aux normes fondamentales du droit international", soutient Mustafa Qadri. "Les autorités américaines doivent ouvrir leur programme de drones à un examen indépendant et impartial", ajoute l'organisation dans son rapport.

Dans ce rapport d'une soixantaine de pages, l'ONG détaille non seulement les assassinats de personnes qui n'ont clairement rien à voir avec Al-Qaïda – comme celui, le 24 octobre 2012 d'une femme de 68 ans, Mamana Bibi, dans un village du district tribal – mais également l'absence de poursuites possible ou de dédommagement des familles ou encore la crainte dans laquelle vivent les civils depuis des mois en raison des drones.
http://tempsreel.nouvelobs.com/mond...etats-unis-coupables-de-crimes-de-guerre.html

http://www.amnestyusa.org/sites/default/files/asa330132013en.pdf
 
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