Nortel : "Nous ne sommes pas des terroristes"

Les salariés de Nortel France ont décidé, mercredi 15 juillet, de retirer de leur site de Châteaufort (Yvelines) les bonbonnes de gaz qu'ils menaçaient de faire exploser pour obtenir de meilleures indemnités de licenciement. Ils ont décroché un rendez-vous avec Christian Estrosi, ministre de l'industrie, et doivent rencontrer dans l'après-midi les administrateurs français et britanniques de leur entreprise, placée en liquidation judiciaire. Christian Berenbach, représentant CFTC au sein du comité d'entreprise, justifie cette action.


Pourquoi avez-vous choisi de menacer de faire exploser votre usine pour obtenir de meilleures indemnités de licenciement ?
C'était un symbole de détresse. Nous nous battons depuis huit jours mais les administrateurs français et anglais d'Ernst & Young [chargés de la gestion de l'organisation du plan de sauvegarde de l'emploi et de la liquidation de l'entreprise] continuaient de nous promener. Nous n'avions pas l'intention de tout faire exploser. Mais les médias se sont focalisés là-dessus. Il venait d'y avoir l'affaire de Châtellerault [où les salariés de New Farbis menacent également de faire sauter leur usine].

En quoi l'attention médiatique pouvait vous aider dans votre combat ?
Cela compte pour l'opinion publique et Ernst & Young ne doit pas apprécier la publicité qui lui est faite actuellement.

Vous avez décidé de retirer les bonbonnes de gaz. Qu'avez-vous obtenu ?
Nous ne sommes pas des terroristes. On cherche à sortir de cette crise. J'espère juste que les administrateurs nous écouteront désormais.

Mais les administrateurs anglais, chargés de la liquidation des activités de Nortel en Europe, peuvent-ils être touchés par cette pression médiatique ?
J'espère. Déjà, ils ont décidé ne pas venir sur le site pour négocier. Ils ont choisi un endroit neutre. Cela prouve qu'ils sont inquiets.
Mais qui va payer les 100 000 euros par licencié que vous réclamez ? Votre entreprise étant placée en liquidation judiciaire, c'est déjà l'Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés, un organisme patronal, qui risque de devoir prendre en charge les indemnités minimum légales. Comptez-vous sur l'Etat pour compléter ?
Le but de notre action est justement de trouver un autre moyen de financement. Nous avons des idées pour y arriver. Encore faut-il qu'on ait un interlocuteur. Nous allons par exemple nous rendre aujourd'hui devant le siège social de Bouygues pour leur demander leur aide. Nous assurons au quotidien la maintenance de leur réseau, leur qualité de service.

Par ailleurs, la société a asséché les caisses en transférant l'argent au Canada [lieu du siège social de la maison-mère]. Le 22 décembre, ils transféraient encore 14 millions vers le Canada. Avec cet argent, nous n'aurions pas été mis en liquidation judiciaire. C'est déjà un scandale que l'AGS soit acculée à payer nos indemnités. Tout a été planifié par Nortel.
Enfin nous pensons qu'une part de notre activité peut être pérenne. Dans le GSM pour le chemin de fer, nous sommes leader du marché. Nous avons une période de trois mois pour trouver un repreneur pour cette activité.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Chastand
 
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