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Notre dialecte; ses origines
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[QUOTE="Chamali2005, post: 4087315, member: 82307"] Comme M. Vanhove, D. Caubet s'interroge sur la classification "traditionnelle" des dialectes maghrébins établie par P. & W. Marçais et reprise par Colin. Elle postule également la diversité des parlers pré-hilaliens. Elle souligne que les frontières linguistiques ne sont pas seulement géographiques, qu'elles peuvent traverser une même famille mais peuvent aussi s'abolir. Son étude sociolinguistique porte sur les usages linguistique d'une famille de Fès à travers trois générations. La branche maternelle de cette famille est d'origine fassie alors que la branche paternelle est d'origine rifaine en partie citadinisée. L'analyse de chaque idiolecte (les deux grands mères, les parents, les enfants) indique quels traits des parlers fassi et ruraux sont conservés, empruntés ou abandonnés par chaque locuteur. Elle montre ainsi comment s'établit la sélection des traits à l'intérieur d'une même famille et comment s'élaborent des parlers mixtes. L'analyse de cette famille semble indiquer que les traits caractéristiques du dialecte fassi sont gommés plus vite que les traits d'origine paysanne. Bien que prestigieux, le dialecte fassi est maintenant considéré comme trop marqué face à la koinè marocaine en formation. L'intérêt de cette étude est de montrer très concrètement comment s'élabore cette koinè en formation qui possède des traits citadins, ruraux, bédouins et qui ne s'est pas formé autour d'un ancien dialecte citadin prestigieux comme celui de Fès. Comme le souligne D. Caubet, ce genre d'étude sur la variation peut certainement nous aider dans notre analyse historique du changement linguistique. Pour conclure, on soulignera donc encore une fois le mérite de cette entreprise collective qui fournit les bases méthodologiques et théoriques pour mieux connaître l'histoire de l'arabisation au Maghreb. L'approche historique et sociolinguistique apparaît en complémentarité indissociable avec l'élaboration d'un atlas linguistique du Maroc (en préparation) car elle permet de ne pas s'enfermer dans des cadres géographiques trop rigides. La lecture de cet ouvrage soulève de nombreuses questions et l'on aimerait que ce type de projet soit effectué dans d'autres pays arabes pour élargir le champ comparatif. Je regretterai seulement que les éditeurs n'aient pas rédigé une conclusion provisoire récapitulant pour le lecteur les principaux acquis de ce séminaire en particulier en ce qui concerne la classification des dialectes et en soulignant les principaux domaines à explorer. La vitalité et le renouvellement de la dialectologie marocaine est également illustrée par une publication de la Faculté des lettres et Sciences humaines de Rabat sous la direction de A. Benhallam: Langues et littératures. Contact et évolution historique des langues au Maroc. Vol XVI, 1998. Il s'agit également des Actes d'une table ronde qui s'est tenue à Marrakech le 12-15 janvier 1995 sur le thème de l'évolution des parlers et des phénomènes de contact. On y retrouve plusieurs auteurs de l'ouvrage précédent (Aguade, Caubet, Levy) et de nombreux autres spécialistes de la dialectologie marocaine ou du berbère (Benhallam, Bennis, Boudlal, Chetrit, Durand, ElMedlaoui, Iazzi, Youssi). Les deux ouvrages sont donc complémentaires (en particulier les articles de S. Bennis, D. Caubet et S. Levy). S. Bennis montre comment un parler (celui de Tadla), considéré comme hilalien, a en fait emprunté des traits considérés comme spécifiques aux parlers pré-hilaliens ou judéo-arabes et comment une variante traditionnellement considérée comme norme citadine l'est actuellement comme une norme bédouine. D. Caubet fait le point sur les problèmes de classification dialectale en reprenant les textes fondateurs de W. Marçais et en insistant sur les nuances que cet auteur avait apportées. Citant D. Cohen, elle insiste sur les questions d'évolution, de strate, d'emprunts etc. et fait un plaidoyer pour un renouveau dialectologique. De même S. Levy reprend ce problème de classification pour le Maroc et fournit de nombreuses références sur les recherches en cours qui permettent de renouveler les catégories. Le très riche texte de J. Chetrit concerne la communauté juive du Maroc et ses interactions avec la communauté musulmane. L'auteur, qui adopte une démarche socio-pragmatique, souligne "la polyphonie socioculturelle permanente". La communauté juive du Maroc ne peut pas être appréhendée comme une seule entité et il distingue trois grands groupes sociaux : les lettrés rabbiniques, les hommes et les femmes, enfin, ayant des usages linguistiques différents. Le premier groupe a été le plus influencé par la diglossie judéo-arabe/hébraico-araméen du fait de son contact avec les textes sacrés. J. Chetrit décrit les différentes phases de l'arabisation des communautés juives avec une première dès le début de la conquête arabe suivie d'une déstructuration de ces communautés et une nouvelle phase avec l'arrivée des réfugiés andalous. Le judéo-arabe est souvent rattaché aux dialectes pré-hilaliens mais l'analyse historique montre qu'il y a eu discontinuité et que selon les régions les communautés juives avaient des pratiques linguistiques différentes, certaines communautés du Sud marocain étant devenues berbérophones. J. Chetrit décrit la spécificité de la production textuelle juive mais aussi l'appropriation et l'intégration linguistique d'un très vaste corpus de littérature oral (contes, proverbes, poèmes, chants, récits narratifs) d'origine musulmane, réinséré dans la culture juive. Il présente également des cas de transfert inverses où des locuteurs musulmans ont intégré des spécificités du judéo-arabe. Son article apporte des éléments très documentés sur la question de la spécificité du judéo-arabe. Il souligne que l'interférence d'une langue à une autre ne doit pas être envisagée du seul point de vue grammatical et lexical mais aussi dans ses dimensions culturelles et religieuses. On retrouve cette approche pragmatique dans l'article de A. Yussi sur les langues secrètes. O. Durand, dans un article très technique sur la phonologie du marocain (découpage syllabique, accent, prosodie) insiste sur l'influence du berbère (amazigh) dans la phonétique de l'arabe marocain. M. ElMedlaoui poursuit dans la même direction en montrant à quel point l'évolution de l'arabe marocain est en partie fonction d'un ensemble de contraintes issues du berbère. Cette théorie de la contrainte apparaît comme très importante pour comprendre l'évolution diachronique d'une langue. E.M. Iazzi aborde la question fondamentale de l'unité vs. la diversité de la langue amazighe et considère que les berbérisants ont trop eu tendance à se focaliser sur les différences phonologiques et lexicales et à sous-estimer l'unicité du système morphologique. Il m'apparaît très important qu'un tel ouvrage collectif, regroupant des articles sur les parlers arabes et berbères, ait pu être publié au Maroc car ce type de travail reste encore malheureusement rare dans la plupart des pays arabes. Espérons qu'une ère nouvelle s'ouvre ici.... [/QUOTE]
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