Pakistan - La charia contre la paix à Swat

Asif Ali Zardari, président de la République du Pakistan, a signé hier un accord avec les talibans instaurant les tribunaux islamiques contre la promesse d'un cessez-le-feu.

« Le président a signé. » La charia est applicable concrètement dans la vallée du Swat, au nord-ouest du Pakistan, avec l’instauration de tribunaux islamiques. En contrepartie, les extrémistes qui contrôlent la région se sont engagés à observer un cessez-le-feu.

Les talibans sont désormais libres de mettre en place les infrastructures nécessaires à l’application de la loi islamique.

Dès le 16 février, un accord entre le gouvernement local de la Province de la frontière du Nord-Ouest et les talibans de la vallée du Swat accordait la mise en place de la charia contre le cessez-le-feu et le désarmement des combattants d’al-Qaida. Le ministre pakistanais de l’Intérieur, qui « espérait » que ceux qui avaient réclamé l’application de la charia déposeraient les armes, n’a pas obtenu gain de cause.

Certes « il n’y aura pas lieu de tirer un coup de feu si les lois islamiques sont appliquées », a annoncé le porte-parole des talibans, mais reste que les insurgés refusent de déposer les armes.

Quoi qu’il en soit, cet accord, outre de rogner un peu plus l’autorité d’Islamabad dans la région, permet aux extrémistes de gagner du terrain. La frontière afghano-pakistanaise et ses zones tribales qui servent de base arrière aux combattants afghans sont plus que jamais hors de contrôle.

Un accord vertement critiqué Concrètement, exécutions sommaires et déni du droit des femmes seront désormais légaux.

« Les femmes ne seront pas autorisées à travailler ou à se rendre aux marchés, car nous ne voulons pas qu’elles se donnent en public », rappelle le porte-parole taliban. La communauté internationale, Etats-Unis en tête, qui restent le principal bailleur de fonds du Pakistan, a réagi.

Cet accord a été vivement critiqué tant il aggrave la faiblesse du pouvoir central pakistanais. Rappelons qu’en 2001 le président d’alors, Pervez Musharaf, s’était rallié à la « grande guerre contre le terrorisme » de George Bush.

A juste titre, la communauté internationale craint à présent qu’un tel accord ne favorise l’expansion des islamistes, dont l’influence progresse spectaculairement dans la zone frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan.

Bien que Zardari continue de rappeler ses engagements à « renforcer la démocratie », le « pacte » qu’il vient de signer avec les talibans met durablement au placard un certain nombre de libertés.

Source : France Soir
 
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