"Palestiniens" en exposition à Paris

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
mardi 3 mars 2009 - 09h:22

Pierre Barbencey - L’Humanité

Mustapha Boutadjine présente ses oeuvres, du 2 au 27 mars à Paris. Un hymne sans faille au combat contre l’oppression et l’obscurantisme.

Des toiles pour recoudre le drapeau des Palestiniens
« Palestiniens »

Le titre claque fort, comme un drapeau qui giflerait les oppresseurs de tout bord, de tout acabit. C’est ça la griffe Boutadjine. L’artiste algérien, qui propose une nouvelle exposition (1) poursuit inlassablement sa quête de justice dans une bogue de révolte, mettant son art au service d’une cause humaine et politique. À ceux qui s’effraieraient, à ceux qui ne connaîtraient pas le travail de Mustapha Boutadjine, un mot pour les rassurer : il fait exploser les concepts, il fait sourdre les idées au travers des portraits dans une technique unique. Il s’agit d’un assemblage multiple, englobant toutes les dimensions, même la quatrième, celle de la pensée. La personnalité choisie, le plasticien sculpte son portrait dans le plan, à coup de larges bandes polychromes, déchirures de magazines lisses et glacés. C’est là qu’apparaît la profondeur de l’oeuvre. Se croisent et s’entremêlent alors les images, la forme finale pouvant s’éclater comme un kaléidoscope, au gré des couleurs et des brisures de papier.

L’atomisation de l’oeuvre n’est évidemment qu’apparente.

Mustapha Boutadjine aime avant tout (par-dessus tout ?) faire partager sa passion humaine. C’est celle qui le guide. Voilà pourquoi sur ces cimaises, hommage à ce peuple palestinien qui vient d’être meurtri une fois de plus dans cette bande de Gaza, jusque-là prison à ciel ouvert, aujourd’hui cercueil de sable, il donne à voir ceux qui représentent une résistance, qui ont approché les Palestiniens, qui ont combattu le pouvoir israélien, en Palestine, au Liban ou ailleurs, par l’image ou la poésie. Comme toujours, il donne à voir ceux qui combattent l’oppression sous toutes ses formes, qui se battent contre ces obscurantistes religieux qui sacrifient l’intelligence humaine sur le billot de leur ignorance.

Il y a là Marcel Khalife et Adonis, Jean Genet et Jean-Luc Godard, Edward Saïd et Mahmoud Darwich, et d’autres encore. Sans oublier le Syrien Nizar Kabani, qui évoque si bellement les femmes, dénonce avec autant de flammes la lâcheté des régimes arabes, et dont la poésie convient si bien aux propos plastiques de Mustapha Boutadjine.

En regardant ces tableaux, je songe à ces Palestiniens de Gaza, emmurés, brûlés, tués à petit feu.

Au lieu de braquer son regard sur la souffrance palpable, ce que d’aucuns aiment faire, laissant sombrer le droit d’un peuple dans la simple action humanitaire, Boutadjine évoque tout à la fois l’histoire et ses combats, l’intelligence et la solidarité. En quelques toiles, il recoud le drapeau des Palestiniens, maintes fois déchiré et pourtant claquant toujours dans le vent, prêt à gifler les oppresseurs de tout bord, de tout acabit.

Exposition de Mustapha Boutadjine
Du 2 au 27 mars 2009.

Vernissage : lundi 2 mars, à partir de 18 heures

Espace Galerie Europia
europia.org/Galerie/program.htm
15, avenue de Ségur, 75007 Paris. (europia.org)
Du lundi au vendredi, de 14 h à 19 h
 
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