"Picasso et les maîtres" au Grand Palais (8 octobre - 2 février 2009)

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— Titien, Velazquez, Goya, Zurbaran, Rembrandt, Poussin, Ingres, Manet, Cézanne, Van Gogh... : ils fûrent les maîtres de Picasso, qui n'a jamais cessé de les regarder. Ils sont tous au Grand Palais, pour une exposition exceptionnelle qui témoigne de ce dialogue permanent.

"Picasso et les maîtres" (8 octobre - 2 février 2009) présente quelque 210 oeuvres exécutées du XVIe siècle à 1971, en une concentration rarement égalée de chefs d'oeuvres signés de Picasso et des grands maîtres de la peinture occidentale.

Pablo Picasso (1881-1973) est "parmi tous les peintres modernes, le seul à avoir à ce point endossé toute l'histoire de la peinture", indique Anne Baldassari, directrice du musée Picasso à Paris et co-commissaire de cette exposition "miraculeuse", dit-elle, avec Marie-Laure Bernadac, du Louvre.

C'est "cette confrérie de pairs qui ont tous dit à leur époque, +je suis le peintre qui révolutionne la peinture+, qui accompagnent Picasso, et vont le porter", ajoute-t-elle.

L'exposition ne les montre pas tous, mais les plus grands sont là, avec des chefs d'oeuvres qui pour certains, ne quittent jamais les murs du Prado, du MoMA (Museum of Modern Art) de New York, de la Gemälde Galerie de Berlin ou de la National Gallery de Londres.

Leurs portraits ouvrent l'exposition, de Goya, de Cézanne, d'Ingres, Poussin ou Delacroix. Il y a aussi le père, le vrai, le peintre José Ruiz-Blasco dont la légende dit qu'il abandonna pinceau et palette devant le génie de son fils.

Formé de manière très académique dans des écoles de Beaux-Arts, Picasso dessine à 14 ans des études déjà virtuoses de mains, de torses, que l'exposition réunit pour la première fois. Déjà, on voit des "effets de décentrement, de découpes de l'espace. Il est, enfant, le grand peintre qu'il va devenir", dit Mme Baldassari.

Le parcours, thématique et chronologique, amène le visiteur à cette confrontation permanente à travers les thèmes de la couleur, des natures mortes, des grands portraits, des nus, des variations.

Mais "nous ne sommes pas dans le vis-à-vis réducteur", insiste la commissaire. "L'exposition ne dit pas +Picasso est le fils de Machin et le petit-fils de Truc, il est toujours en train de croiser toute la peinture à la fois", dit-elle.

Il peut s'inspirer du Greco, dont le découpage de l'espace dans +Le songe de Philippe II+ est "proto-cubiste", dit-elle. Il reprend pour ses +Amoureux+ des formes de la +Nana+ de Manet mais aussi d'une toile du Douanier Rousseau, premier artiste qu'il collectionna.

Il pose un bonnet phrygien sur la tête d'un soldat de son +Enlèvement des Sabines+ repris de Poussin, pastiche Rembrandt et sa +Femme se baignant dans un ruisseau+ qu'il transforme en drôle de +Pisseuse+, reprend Courbet, brosse une Arlésienne tirée de Van Gogh.

D'un +Portrait de nain+ de Velazquez, il exécute des variations que l'on n'a jamais vues réunies depuis 1971. Une salle est consacrée à toutes celles issues des célèbres +Ménines+ de Velazquez, restées au Prado.

Dans l'éblouissante dernière salle consacrée aux grands nus, Picasso voisine avec une +Vénus+ du Titien, la +Maja desnuda+ de Goya et l'+Olympia+ de Manet, trois oeuvres qui n'ont jamais quitté leurs cimaises. "Personne n'a jamais vu la +Maja+ et l'+Olympia+ ensemble. Picasso non plus!", dit Mme Baldassari.

En parallèle, le musée du Louvre et le musée d'Orsay exposent des variations de Picasso autour des +Femmes d'Alger+ de Delacroix au Louvre et du "Déjeuner sur l'herbe" de Manet à Orsay
 
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