Pourquoi l'union européenne continuera de se rapprocher de la turquie

madalena

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salam

L’Europe entrouvre la porte à une relance des négociations d’adhésion de la Turquie. Le fait que les élections se soient déroulées dans "climat de violence" ne devrait rien y changer.

Les observateurs internationaux de l’OSCE ont remis leur rapport, lundi soir, sur le déroulement des élections législatives en Turquie. Ils dénoncent un "climat de violence" et des atteintes à la liberté d’expression. Plusieurs médias d’opposition ont été interdits de diffusion. Des cadres du parti d’opposition "pro-kurdes" HDP ont été arrêtés pendant la campagne. Les critiques de l’OSCE ne devraient toutefois pas entraver le rapprochement diplomatique entre la Turquie et l’Union Européenne. Des dirigeants européens évoquent même une reprise des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

On ne dira pas que les européens se sont réjouis de la victoire d’Erdogan. Mais la chef de la chef de la diplomatie Federica Mogherini et le commissaire à l’élargissement Johannes Hahn n’ont pas attendu le rapport de l’OSCE pour dire qu’ils étaient prêts à travailler avec le nouveau gouvernement turc au renforcement du "partenariat" entre l’Union et la Turquie.

Recep Erdogan sait bien qu’une adhésion de son pays à l’Union est impossible à moyen terme. Certains estiment d’ailleurs que ses dérives autoritaires s’expliquent en partie par le manque de perspectives offertes par l’Union Européenne. A quoi bon poursuivre les efforts s’ils ne sont pas payants ? Mais Recep Erdogan a une nouvelle carte dans son jeu : les 2 millions 200.000 réfugiés syriens que la Turquie accueille dans des camps à sa frontière.

Les réfugiés, une monnaie d'échange ?

Cyniquement, l’Union Européenne tient vraiment à ce que la Turquie garde les réfugiés chez elle. La demande est si pressante qu’Ankara a bien compris qu’elle disposait là d’une monnaie d’échange. La Turquie accueille les syriens dans des camps à sa frontière mais elle ne va pas jusqu’à leur permettre de travailler pour reconstruire leur vie. On comprend que les turcs craignent que 2,2 millions de syriens ne déstabilisent arrivant sur leur marché du travail ne déstabilise le système. C’est pour cela que les réfugiés essaient de gagner l’Europe.

Les dirigeants européens veulent que la Turquie surveille mieux ses frontières. Qu'elle lutte contre les milliers de passeurs. Ils voudraient que la marine turque multiplie les patrouilles en mer. En vertu du droit international, les gardes côtes européens qui interceptent des migrants dans les eaux territoriales européennes n’ont pas le droit de les renvoyer d’où ils viennent. Alors pour convaincre les turcs de faire le boulot, l’UE apporte une aide financière. Et elle s’est aussi dite prête à envisager une reprise des négociations d’adhésion.

Même Angela Merkel

Angela Merkel, qui jadis était très opposée à une adhésion de la Turquie, laisse aujourd’hui entendre les négociations pourraient reprendre si les autorités turques en font davantage pour empêcher les réfugiés syriens de passer en Europe. Elle l’a dit à Recep Erdogan, il y a deux semaines, lors d’une visite à Ankara.

Le président turc n’est pas dupe. Il sait que malgré le dynamisme économique de son pays, les Européens ne sont pas prêts à faire entrer un pays musulman qui deviendrait le plus peuplé de l’Union. Mais il en profite pour négocier une série de contreparties et s’assurer d’un soutien minimum des européens à sa campagne militaire en Syrie.

http://www.rtbf.be/info/dossier/chroniques/detail_turquie-et-ue-les-coulisses-du-pouvoir?id=9126004

Voilà pourquoi, malgré les violations de la liberté de la presse, les atteintes à l’indépendance de la justice et les violences au Kurdistan, l’Union Européenne va très probablement continuer de se rapprocher de la Turquie, un allié ô combien stratégique.
 
salam

L’Europe entrouvre la porte à une relance des négociations d’adhésion de la Turquie. Le fait que les élections se soient déroulées dans "climat de violence" ne devrait rien y changer.

Les observateurs internationaux de l’OSCE ont remis leur rapport, lundi soir, sur le déroulement des élections législatives en Turquie. Ils dénoncent un "climat de violence" et des atteintes à la liberté d’expression. Plusieurs médias d’opposition ont été interdits de diffusion. Des cadres du parti d’opposition "pro-kurdes" HDP ont été arrêtés pendant la campagne. Les critiques de l’OSCE ne devraient toutefois pas entraver le rapprochement diplomatique entre la Turquie et l’Union Européenne. Des dirigeants européens évoquent même une reprise des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.

On ne dira pas que les européens se sont réjouis de la victoire d’Erdogan. Mais la chef de la chef de la diplomatie Federica Mogherini et le commissaire à l’élargissement Johannes Hahn n’ont pas attendu le rapport de l’OSCE pour dire qu’ils étaient prêts à travailler avec le nouveau gouvernement turc au renforcement du "partenariat" entre l’Union et la Turquie.

Recep Erdogan sait bien qu’une adhésion de son pays à l’Union est impossible à moyen terme. Certains estiment d’ailleurs que ses dérives autoritaires s’expliquent en partie par le manque de perspectives offertes par l’Union Européenne. A quoi bon poursuivre les efforts s’ils ne sont pas payants ? Mais Recep Erdogan a une nouvelle carte dans son jeu : les 2 millions 200.000 réfugiés syriens que la Turquie accueille dans des camps à sa frontière.

Les réfugiés, une monnaie d'échange ?

Cyniquement, l’Union Européenne tient vraiment à ce que la Turquie garde les réfugiés chez elle. La demande est si pressante qu’Ankara a bien compris qu’elle disposait là d’une monnaie d’échange. La Turquie accueille les syriens dans des camps à sa frontière mais elle ne va pas jusqu’à leur permettre de travailler pour reconstruire leur vie. On comprend que les turcs craignent que 2,2 millions de syriens ne déstabilisent arrivant sur leur marché du travail ne déstabilise le système. C’est pour cela que les réfugiés essaient de gagner l’Europe.

Les dirigeants européens veulent que la Turquie surveille mieux ses frontières. Qu'elle lutte contre les milliers de passeurs. Ils voudraient que la marine turque multiplie les patrouilles en mer. En vertu du droit international, les gardes côtes européens qui interceptent des migrants dans les eaux territoriales européennes n’ont pas le droit de les renvoyer d’où ils viennent. Alors pour convaincre les turcs de faire le boulot, l’UE apporte une aide financière. Et elle s’est aussi dite prête à envisager une reprise des négociations d’adhésion.

Même Angela Merkel

Angela Merkel, qui jadis était très opposée à une adhésion de la Turquie, laisse aujourd’hui entendre les négociations pourraient reprendre si les autorités turques en font davantage pour empêcher les réfugiés syriens de passer en Europe. Elle l’a dit à Recep Erdogan, il y a deux semaines, lors d’une visite à Ankara.

Le président turc n’est pas dupe. Il sait que malgré le dynamisme économique de son pays, les Européens ne sont pas prêts à faire entrer un pays musulman qui deviendrait le plus peuplé de l’Union. Mais il en profite pour négocier une série de contreparties et s’assurer d’un soutien minimum des européens à sa campagne militaire en Syrie.

http://www.rtbf.be/info/dossier/chroniques/detail_turquie-et-ue-les-coulisses-du-pouvoir?id=9126004

Voilà pourquoi, malgré les violations de la liberté de la presse, les atteintes à l’indépendance de la justice et les violences au Kurdistan, l’Union Européenne va très probablement continuer de se rapprocher de la Turquie, un allié ô combien stratégique.

Et puis quoi encore.
 
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