Pourquoi la stratégie industrielle du maroc n’honore pas ses promesses

Espiegle69

Evil Halouf
Les grands chantiers sont supposés faire du Maroc une économie florissante où la croissance crée de l’emploi. Ce n’est pas encore le cas. Analyse.

L’annonce par PSA d’une implantation de production de voitures, la seconde depuis celle de Renault, est à priori une très bonne nouvelle pour le Maroc. Pour Moulay Hafid Elalami et son prédécesseur du gouvernement El Fassi, Ahmed Réda Chami, c’est la confirmation d’une stratégie présentée comme étant la panacée pour les faiblesses structurelles du pays: d’une part un marché du travail incapable de produire suffisamment d’emplois pour absorber le chômage et les nouveaux arrivants sur le marché du travail , et d’autre part une économie incapable de manufacturer des biens exportables à forte valeur ajoutée.
Les statistiques d’emplois ne suivent pas

En misant sur la délocalisation de production et montage de véhicules, le Maroc peut raisonnablement supposer que là réside la solution à ces deux problèmes. Or les statistiques d’emplois, ainsi que les caractéristiques de l’économie marocaine sur la dernière décennie et dans les prochaines années, montrent qu’il n’en est rien. Certes, le rendement financier de ces projets d’investissement peut être acquis, mais, et c’est probablement le cas pour toute une génération d’autres projets dits « Grands Chantiers », les retombées macro-économiques, les effets d’entraînement et d’émulation, peinent à se montrer.

L’économie marocaine a réussi à créer 80 000 emplois en moyenne entre 1999 et 2014, et 77 000 entre 2006 et 2014. Cette croissance de la population active employée est cependant distribuée d’une manière très hétérogène sur les divers secteurs d’activité :

Seul le secteur des services a créé avec consistance de l’emploi sur toute la période et les 9 dernières années, ce qui explique pourquoi ce secteur a contribué à hauteur de 82% de la création totale nette d’emplois sur la période 1999-2014. L’agriculture, comme l’industrie a perdu de l’emploi, des destructions de postes sans lesquelles la force de travail serait supérieure de 120 000 en comparaison avec ce qui est actuellement observé.

En 2008 déjà, le programme Emergence identifiait le secteur automobile comme une activité pouvant générer 36 000 emplois, dont 6 000 directs. En 2010, Ahmed Réda Chami ajoutait à cette prédiction la création de 220 000 emplois industriels d’ici 2015. Les deux promesses ont échoué à se réaliser, vu que le secteur industriel a perdu 100 000 emplois, essentiellement dans le secteur artisanal, et cette hémorragie n’a pas été stoppée par les promesses de création d’emplois dans les secteurs d’avenir. En plus des 120 000 emplois qui auraient pu être maintenus en ligne avec la croissance de la force de travail dans son ensemble, empêcher la destruction des 100 000 emplois sur les quinze dernières années aurait pu, peut-être, réaliser cet objectif. Le ministre actuel, à sa nomination, annonce des objectifs encore plus surréalistes, en emplois comme en croissance de PIB.

Augmenter la taille de l’industrie dans le PIB est certainement le moyen le plus rapide pour accroître le pourcentage de la force de travail employée dans le secteur, et donc créer des emplois, lorsqu’on considère les données de 141 pays. Néanmoins, l’effet bénéfique du tissu industriel se réalise pleinement lorsque la population bénéficiant d’une formation professionnelle est importante: cette dernière permet d’augmenter de 77% l’effet d’entraînement sur la population active employée dans l’industrie. Cette différence d’impact peut être expliquée par l’effet vertueux de la remontée de filière : une force de travail au fait des aspects techniques de production peut faire la transition vers des composantes plus complexes et à valeur ajoutée plus élevée. La tragédie des implantations industrielles au Maroc est qu’elles échouent – ou vont échouer- à générer les effets attendus précisément à cause du bilan médiocre de la politique d’éducation au Maroc.

Le problème d’éducation est d’autant plus important que les disparités de niveau d’éducation au Maroc forment dans le secteur des services une grappe d’activités économiques concurrentes à l’établissement d’une force de travail importante dans le secteur industriel. Nous avons ici une illustration éloquente du principe que la politique économique est une question de choix public : le Maroc ne peut pas investir dans le tourisme et l’offshoring d’une part, et attendre des effets bénéfiques d’investissement dans l’industrie automobile d’une autre part.

Financer l’activité industrielle par des investissements étrangers peut être contre-productif aussi; généralement, les IDE ne contribuent pas forcément à l’épanouissement d’un secteur industriel lorsque ce dernier est minime ou marginal dans l’économie bénéficiaire de ces flux de capitaux, et encore moins lorsqu’un pays comme le Maroc affecte une part excessive de son PIB à l’investissement, ou bien l’oriente vers la production de biens non-échangeables, comme le BTP ou dans une moindre mesure, les activités touristiques.

L’implantation Renault-PSA sera certainement profitable à ces deux groupes et aux investisseurs locaux, étatiques ou non. Ce serait cependant faire preuve de court-termisme que de déclarer le succès de cette politique économique: cette monopolisation des ressources publiques, et les choix déterminés sans débat préalable ne se justifient que par l’effet bénéfique attendu sur l’économie dans son ensemble : les grands chantiers sont supposés faire du Maroc une économie florissante où la croissance crée de l’emploi. Force est de constater que ni l’une, ni l’autre ne se réalisent, et le futur ne sera pas forcément différent.

Telquel
 

ould khadija

fédalien
Contributeur
Les grands chantiers sont supposés faire du Maroc une économie florissante où la croissance crée de l’emploi.
Ce n’est pas encore le cas.

Analyse.


etc.....

(..)

Telquel

Dans cette analyse, il y a un peu de vrai mais également beaucoup d’affirmations « sujettes à caution » notamment concernant :

- les statistiques sur les créations et les "destructions" d’emplois sur les périodes énoncées post Plan Emergence,
- concernant les "effets" de l'implantation de Renault et Peugeot plutôt limités selon TelQuel
-Concernant la priorité donné par l'Etat à l'industrie automobile..excessive selon Telquel
-Concernant les résultats du Plan emérgence mitigés selon TelQuel , etc...


Ceci dit : on est d’accord que le secteur industriel est un grand pourvoyeur de richesse et d’emplois .

Comme on est d’accord que la part de ce secteur industriel reste faible dans le PIB marocain et que un grand « effort » doit être entrepris par l’Etat pour orienter , encourager et stimuler les investissements des « capitalistes locaux » vers l’investissement dans l’industrie plutôt que vers les activités spéculatives (immobilier, import-revente…) à rentabilité certaine et non ...aléatoire comme dans le cas de l'industrie.

Car il ne faut se pas se leurrer : c’est le secteur privé qui doit s’impliquer davantage dans les investissements industriels.

Dans un pays à économie libérale comme le Maroc, le rôle de l’Etat n’est pas de créer des usines industrielles pour fabriquer, vendre et exporter des produits et articles de consommation ou d’équipement .

Par contre il appartient à l’Etat de créer les conditions idoines pour « la constitution » d’un secteur industriel privé fort et ce par une politique de formation efficiente qui réponde au besoin du marché du travail, par la création et le financement de centres R&D, par une politique fiscale adaptée à la faiblesse de notre économie (nous sommes un pays sous développé qui applique des taux d’imposition d’un pays développé !), ….ou zid ou zid.

Car il est quand même dommage qu’on déroule tapis rouge aux IDE en leur créant des « free zone », en les exonérant d’impôts, en leur dédiant des centres de formation professionnelle…alors que nos industriels (les rares) ne bénéficient d’aucun avantage particulier…ou si peu .

Bref l’industrialisation « intra muros » (hors free zone) du Maroc suscite nombreux débats et quelques « idées intéressantes » ont été émises et commencent à être appliquées ....comme les fameux "ecosystémes" qui devraient , selon les analystes de l'Etat , porter la part de l'industrie à 25% dans le PIB à l'horizon 2020 (contre 15% actuellement) .
 
Dans cette analyse, il y a un peu de vrai mais également beaucoup d’affirmations « sujettes à caution » notamment concernant :

- les statistiques sur les créations et les "destructions" d’emplois sur les périodes énoncées post Plan Emergence,
- concernant les "effets" de l'implantation de Renault et Peugeot plutôt limités selon TelQuel
-Concernant la priorité donné par l'Etat à l'industrie automobile..excessive selon Telquel
-Concernant les résultats du Plan emérgence mitigés selon TelQuel , etc...


Ceci dit : on est d’accord que le secteur industriel est un grand pourvoyeur de richesse et d’emplois .

Comme on est d’accord que la part de ce secteur industriel reste faible dans le PIB marocain et que un grand « effort » doit être entrepris par l’Etat pour orienter , encourager et stimuler les investissements des « capitalistes locaux » vers l’investissement dans l’industrie plutôt que vers les activités spéculatives (immobilier, import-revente…) à rentabilité certaine et non ...aléatoire comme dans le cas de l'industrie.

Car il ne faut se pas se leurrer : c’est le secteur privé qui doit s’impliquer davantage dans les investissements industriels.

Dans un pays à économie libérale comme le Maroc, le rôle de l’Etat n’est pas de créer des usines industrielles pour fabriquer, vendre et exporter des produits et articles de consommation ou d’équipement .

Par contre il appartient à l’Etat de créer les conditions idoines pour « la constitution » d’un secteur industriel privé fort et ce par une politique de formation efficiente qui réponde au besoin du marché du travail, par la création et le financement de centres R&D, par une politique fiscale adaptée à la faiblesse de notre économie (nous sommes un pays sous développé qui applique des taux d’imposition d’un pays développé !), ….ou zid ou zid.

Car il est quand même dommage qu’on déroule tapis rouge aux IDE en leur créant des « free zone », en les exonérant d’impôts, en leur dédiant des centres de formation professionnelle…alors que nos industriels (les rares) ne bénéficient d’aucun avantage particulier…ou si peu .

Bref l’industrialisation « intra muros » (hors free zone) du Maroc suscite nombreux débats et quelques « idées intéressantes » ont été émises et commencent à être appliquées ....comme les fameux "ecosystémes" qui devraient , selon les analystes de l'Etat , porter la part de l'industrie à 25% dans le PIB à l'horizon 2020 (contre 15% actuellement) .


Assez d'accord pour le financement mais il faut veiller à ce que le Maroc varie ces secteurs d'investissement et aussi essaye de démocratiser un enseignement de qualité pour tous car ce sont les jeunes qui seront l'avenir de demain, la coopération avec d'autre pays ok mais pas au point d'en être dépendant au point de céder à toutes leurs conditions, il est temps d'acquérir plus de savoir à valeur ajouté et d'éviter de trop sous traiter.
 
Dans cette analyse, il y a un peu de vrai mais également beaucoup d’affirmations « sujettes à caution » notamment concernant :

- les statistiques sur les créations et les "destructions" d’emplois sur les périodes énoncées post Plan Emergence,
- concernant les "effets" de l'implantation de Renault et Peugeot plutôt limités selon TelQuel
-Concernant la priorité donné par l'Etat à l'industrie automobile..excessive selon Telquel
-Concernant les résultats du Plan emérgence mitigés selon TelQuel , etc...


Ceci dit : on est d’accord que le secteur industriel est un grand pourvoyeur de richesse et d’emplois .

Comme on est d’accord que la part de ce secteur industriel reste faible dans le PIB marocain et que un grand « effort » doit être entrepris par l’Etat pour orienter , encourager et stimuler les investissements des « capitalistes locaux » vers l’investissement dans l’industrie plutôt que vers les activités spéculatives (immobilier, import-revente…) à rentabilité certaine et non ...aléatoire comme dans le cas de l'industrie.

Car il ne faut se pas se leurrer : c’est le secteur privé qui doit s’impliquer davantage dans les investissements industriels.

Dans un pays à économie libérale comme le Maroc, le rôle de l’Etat n’est pas de créer des usines industrielles pour fabriquer, vendre et exporter des produits et articles de consommation ou d’équipement .

Par contre il appartient à l’Etat de créer les conditions idoines pour « la constitution » d’un secteur industriel privé fort et ce par une politique de formation efficiente qui réponde au besoin du marché du travail, par la création et le financement de centres R&D, par une politique fiscale adaptée à la faiblesse de notre économie (nous sommes un pays sous développé qui applique des taux d’imposition d’un pays développé !), ….ou zid ou zid.

Car il est quand même dommage qu’on déroule tapis rouge aux IDE en leur créant des « free zone », en les exonérant d’impôts, en leur dédiant des centres de formation professionnelle…alors que nos industriels (les rares) ne bénéficient d’aucun avantage particulier…ou si peu .

Bref l’industrialisation « intra muros » (hors free zone) du Maroc suscite nombreux débats et quelques « idées intéressantes » ont été émises et commencent à être appliquées ....comme les fameux "ecosystémes" qui devraient , selon les analystes de l'Etat , porter la part de l'industrie à 25% dans le PIB à l'horizon 2020 (contre 15% actuellement) .
J aime votre analyse ,et j ajoute qu on vient de découvrir dans le sud une armée de fonctionnaires qui touchent des salaires sans jamais aller travailler ,et qui sont même inconnus des services qu ils occupent ...peut on poser là aussi la même question ???
 

brolyy

VIB
Dans cette analyse, il y a un peu de vrai mais également beaucoup d’affirmations « sujettes à caution » notamment concernant :

- les statistiques sur les créations et les "destructions" d’emplois sur les périodes énoncées post Plan Emergence,
- concernant les "effets" de l'implantation de Renault et Peugeot plutôt limités selon TelQuel
-Concernant la priorité donné par l'Etat à l'industrie automobile..excessive selon Telquel
-Concernant les résultats du Plan emérgence mitigés selon TelQuel , etc...


Ceci dit : on est d’accord que le secteur industriel est un grand pourvoyeur de richesse et d’emplois .

Comme on est d’accord que la part de ce secteur industriel reste faible dans le PIB marocain et que un grand « effort » doit être entrepris par l’Etat pour orienter , encourager et stimuler les investissements des « capitalistes locaux » vers l’investissement dans l’industrie plutôt que vers les activités spéculatives (immobilier, import-revente…) à rentabilité certaine et non ...aléatoire comme dans le cas de l'industrie.

Car il ne faut se pas se leurrer : c’est le secteur privé qui doit s’impliquer davantage dans les investissements industriels.

Dans un pays à économie libérale comme le Maroc, le rôle de l’Etat n’est pas de créer des usines industrielles pour fabriquer, vendre et exporter des produits et articles de consommation ou d’équipement .

Par contre il appartient à l’Etat de créer les conditions idoines pour « la constitution » d’un secteur industriel privé fort et ce par une politique de formation efficiente qui réponde au besoin du marché du travail, par la création et le financement de centres R&D, par une politique fiscale adaptée à la faiblesse de notre économie (nous sommes un pays sous développé qui applique des taux d’imposition d’un pays développé !), ….ou zid ou zid.

Car il est quand même dommage qu’on déroule tapis rouge aux IDE en leur créant des « free zone », en les exonérant d’impôts, en leur dédiant des centres de formation professionnelle…alors que nos industriels (les rares) ne bénéficient d’aucun avantage particulier…ou si peu .

Bref l’industrialisation « intra muros » (hors free zone) du Maroc suscite nombreux débats et quelques « idées intéressantes » ont été émises et commencent à être appliquées ....comme les fameux "ecosystémes" qui devraient , selon les analystes de l'Etat , porter la part de l'industrie à 25% dans le PIB à l'horizon 2020 (contre 15% actuellement) .

tres bonne analyse
en une phrase
"il appartient à l’Etat de créer les conditions ..."
maintenant reste a savoir, pourquoi l Etat ne cree pas les conditions?
manque de volonter? ou
manque de competence?
 
Haut